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12 jours après avoir posé le premier pied à Bogota et 8 jours après avoir atterri à l’aéroport Rafael Nunez de Carthagène, c’est par la route que nous quittons le département de Bolivar pour nous rendre à Pamplona à la frontière vénézuélienne.
Ce périple fut riche d’expériences et mérite à lui seul quelques lignes.
A la sortie du port il a tout d’abord fallu trouver une première station essence. Faire le plein peut paraître anodin et pourtant en arrivant à la première pompe, nous étions loin de penser que les prix affichés seraient en COP/Gallon (COP = Colombian Pesos) et non en COP/Litres. Il faut compter aux alentours de 9000 COP/Gallon soit environ 1€/litre. La seconde nouveauté fut de se faire servir par un pompiste. Toujours très agréables, ils en profitent souvent pour nous interroger sur notre voyage et les plus téméraires d’entre eux n’hésitent pas à demander pour prendre des photos.
Sur la suite du trajet nous n’avons pas eu de difficultés à trouver de stations ; jusqu’à présent elles étaient éloignées de 40 km tout au plus.
Lors des premiers kilomètres, il a également fallu se familiariser avec les nouveaux panneaux. Hormis le panneau indiquant le réglage des phares, la plupart sont similaires à la signalétique française et seul les indications en espagnol, tels que les travaux et déviations, ont nécessité une recherche plus approfondie.
Les limitations de vitesses sont moins élevées qu’en France, particulièrement sur les autoroutes, limitée à 100km/h. Pour les locaux, l’ensemble de ces restrictions ne semblent qu’indicatives. Le port du casque et le port d’une tenue adéquate n’est également que facultatif pour les colombiens. Le plus surprenant reste qu’il est courant de voir 6 personnes dans une voiture 5 places ou même toute une famille de 4 personnes sur une seule moto.
Les routes que nous empruntons sont, pour la grande majeure partie du temps, des axes principaux. Ces routes, aussi appelées “autopista”, restent bien loin de la qualité des autoroutes françaises. Tout d’abord, parce qu’une autoroute locale ne signifie pas nécessairement une 2×2 voies et que des traversées de villages sont fréquentes. De plus, la qualité du revêtement laisse souvent à désirer et il n’est pas rare de devoir slalomer entre les “nids-de-poules” bien que de nombreuses routes soient en travaux. Notre patience est alors mise à l’épreuve. En effet, il nous est arrivé de voir la route coupée pendant une demi-heure.
La construction de ces autoroutes sont financées par l’Etat colombien. L’entretien, la sécurité et les premiers secours sont ensuite assurés par des “concessions privées” qui en ont la responsabilité.
Ces concessions sont financées par les péages qu’elles instaurent à l’entrée et à la sortie du tronçon sur lequel elles officient. Ces autoroutes restent cependant gratuites pour l’ensemble des motos. Les deux roues pour ne pas payer doivent normalement emprunter un étroit couloir spécifique sur la droite du péage. Avec nos trois roues, nous nous sommes alors parfois retrouvés dans des situations cocasses, devant parfois jouer d’acrobaties pour passer dans l’étroit couloir. Quand cela n’est définitivement pas possible il nous faut alors négocier avec le guichetier pour qu’il nous ouvre gentiment sa barrière – déclenchant parfois une alarme !
Lors de ce premier périple nous avons pris conscience de l’importance des montagnes dans la géographie du pays. Le nord de la Cordillère des Andes offre de magnifiques paysages mais aussi de beaux lacets. On prend alors du plaisir dans les courbes et les changements de rythmes jusqu’à se retrouver derrière un “tractomula”, ces gros camions “à l’américaine” grimpant jusqu’au sommet du col à moins de 20 km/h.
La route est fréquentée par de nombreux camions. Côté automobiles, nous avons été surpris de voir à quel point la marque Renault est implantée dans le pays, aussi bien au travers de voitures récentes que des plus anciennes. Cette notoriété se justifie par la présence d’une usine à Medellin, ce qui a rendu la marque célèbre.
En Colombie, la reine de la route est la moto, de préférence de petite cylindré. Elle grimpe partout, même dans les rues les plus pentues et se faufile au milieu du trafic. Ce culte pour les deux roues renforce leur curiosité quand ils nous voient débarqués au guidon des sides-cars. Pour eux, ces bolides existent seulement dans les films historiques de la seconde Guerre Mondiale.
La bicyclette, et ses deux roues, est elle aussi très populaire en Colombie. Nous étions étonnés par le nombre de vélos à Bogota et par la qualité des bicyclettes qu’enfourchaient les citadins. Une fois sur les routes “auxiliaires”, la passion pour le coup de pédale est toujours là. De nombreux cyclistes arborent le maillot des équipes professionnelles en gravissant les cols de la Cordillère, et parmis eux, de jeunes grimpeurs qui lèveront peut être un jour les bras en haut de l’Alpe d’Huez.
Entre les villes de Bucaramanga et Pamplona, en nous rapprochant de la frontière Vénézuélienne, nous avons été touché par le nombre de migrants, marchant dans cette zone montagneuse sur le bord de la route, avec pour seul bagage un petit sac à dos. Les colombiens, habitants dans les villages sur leur itinéraire font preuve de générosité en leur offrant un peu de nourriture ou un abri de fortune pour la nuit, alors que certains n’ont pas grand chose de plus au quotidien.
Les routes principales en Colombie représentent également un véritable enjeu économique dans les villages et villes qu’elles traversent. Chaque entrée de village est signalée par la présence d’un ralentisseur. A chacun d’eux un vendeur est présent pour proposer aux automobilistes et conducteurs de poids-lourds des boissons fraîches, des fruits ou des snacks à grignoter.
Le second symbole des villages traversés par ces autoroutes est la présence de nombreux bars et restaurants. Nous ne savons pas si c’est pour attirer le client ou pour couvrir la musique du voisin, mais une chose est sûre, leurs enceintes émettent des notes de chansons latino à plein volume!
Il n’est pas rare également de voir, sur les abords de ces routes, des écoles signalées par de la peinture au sol et la présence d’un passage piéton. Et pourtant, aux alentours, pas la trace du moindre village. Elles ont été construites à proximité de la seule voie d’accès principale pour la plupart des villages accrochés à la montagne ou en contre-bas dans la vallée.
Sur la route, de nombreux postes de contrôle sont positionnés. La police y effectue notamment une vérification des papiers des véhicules. Nous n’avons que très rarement eu des contrôles “sérieux” ; bien souvent il nous est davantage demandé de nous arrêter pour en savoir un peu plus sur les Ural. Le contrôle se terminant alors par une série de photos et une chaleureuse poignée de main.
Ce voyage en side-cars nous permet également de profiter des différentes odeurs sur le trajet. On peut alors particulièrement apprécier l’odeur de l’herbe débroussaillée par les agents de la concession, de la pluie sur le bitume en montagne, ou encore de la canne à sucre fraîchement coupée. Mais c’est aussi régulièrement l’odeur de l’essence et des échappements lorsque l’on s’approche d’une agglomération !
Après quelques jours sur la route nous avons pris nos premières habitudes. Des journées de 150 km environ avec changement de pilote à mi-parcours. Nous passons en moyenne 4h par jour au guidon de nos bolides. Le singe dans son siège passager s’assure de la direction sur les applications “Maps.Me” ou “Here” en fonction des préférences de chacun. Il profite de la route en prenant de temps à autres des photos, ou en avançant sur la rédaction des articles du blog !
Les deux équipages sont en communication par talkie-walkie, utilisés pour indiquer la nécessité de faire le plein d’essence ou le souhait de faire une pause.
C’est sur ces mots que nous ponctuons cette première expérience sur le bitume colombien. Le début d’une aventure sur les routes du monde!