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Il nous faudra patienter deux petites heures sous le soleil pour atteindre, tout transpirant dans nos équipements de motards, le douanier grec. Les démarches administratives signifiant notre retour dans l’Union Européenne ont, en revanche, été expédiées en moins de 5 minutes.
Quelques kilomètres après la frontière, nous effectuons notre première halte face au petit port de plaisance de Makri. Déjà, les traditions sont bouleversées. Le tzatziki est au menu et la musique Sirtaki est venue remplacer les notes orientales des mélodies turques.
Nous passons la soirée à une cinquantaine de kilomètres de là, sur la plage d’Imeros ; une longue étendue de sable sans véritable charme. Pour autant, la baignade de fin de journée dans les eaux claires de la Méditerranée reste des plus agréables après cette chaude journée. À l’heure de l’apéro, les douces notes anisées de notre premier Ouzo du voyage viennent parfumer notre campement.
Le lendemain, réveil à 5h pour rouler à la “fraîche”. Nous empruntons une petite route dans les terres, avant de prendre l’autoroute pour atteindre la ville de Keramoti. Nous avions pour projet de rejoindre Thassos, une île touristique desservie en ferry ; mais au vu des tarifs pratiqués, nous changeons nos plans et optons pour la découverte de la ville de Kavala.
Nous nous garons sur les hauteurs de la ville et descendons à pied vers le port de plaisance et la ville fortifiée. 3,5 kilomètres de descente dans des rues étroites, calmes et désertes. Nous sommes dimanche et seule la sortie des églises orthodoxes vient légèrement troubler cette quiétude.

Sur le port, les bateaux de pêche sont amarrés. Les coques sont toutes parfaitement repeintes, et sur l’un des bateaux, l’équipage révise ses filets. Au-dessus de ce poumon économique se dresse le cœur historique de la cité. Sa péninsule qui se jette dans la mer, se prête parfaitement à une remontée dans le temps. L’architecture de la vieille ville faite de demeures colorées, de balcons en bois et de cours fleuries, se révèle à nous à mesure que se succèdent chacun de nos pas. Par ses petites rues pavées, passant sous le vieille aqueduc romain, nous grimpons jusqu’à sa forteresse. Pendant cette paisible pérégrination, seulement quelques mamies viennent perturber la tranquillité des lieux. Elles discutent de vive voix devant le parvis de leurs maisons après avoir effectué leur devoir religieux du matin. Sur l’une des places avant le phare blanc signalant l’entrée du port, trône une statue de Mohamed Ali chevauchant son fidèle destrier devant sa belle et vieille maison de naissance. Lui n’a pas dominé la boxe, mais reste un brillant combattant qui dirigea l’Egypte à la suite du retrait des troupes de Napoléon. Au détour des petites rues, de nombreux miradors se révèlent à nous, offrant différents points de vues imprenables sur les eaux turquoises de la mer Egée et ses côtes escarpées.
Nous rejoignons nos sides en milieu d’après-midi et reprenons la route pour rejoindre un spot de camping sauvage situé dans une crique du bord de mer à quelques kilomètres avant la ville de Olympiada.
Le lendemain nous prenons la direction de Ouranoupoli. La cité est la dernière petite ville avant la frontière du Mont Athos. En effet cette péninsule, sur laquelle a été construite une vingtaine de monastères et où résident près de 2 000 popes, est aujourd’hui considérée comme un territoire indépendant. Il a également la particularité d’être interdit aux femmes et particulièrement difficile d’accès aux hommes qui doivent justifier de la réalisation d’un pèlerinage pour y entrer.

Pas découragé par ces contraintes et au contraire bien motivé à faire tomber ces obstacles, nous nous dirigeons à pied vers le premier monastère de la péninsule. Un édifice finalement en ruines situé juste avant la frontière, gardé par les autorités locales. Il nous faut alors accepter que les monastères resteront, pour nous aussi, inaccessibles. Par un petit sentier qui longe le littoral, nous regagnons Ouranoupoli, passons devant la vieille bâtisse de Pyrgos à l’entrée du port, avant de s’asseoir à la terrasse d’une petite échoppe pour savourer des Spanakopita (feuilletés aux épinards et feta) accompagnés d’un tzatziki.
Notre itinéraire se poursuit par une grimpette dans les montagnes pour atteindre le village pittoresque d’Arnea. Ses rues sont bordées de vieilles bâtisses du début du 20e siècle. Dans le respect de la tradition architecturale macédonienne, leurs façades sont colorées et agrémentées d’importants balcons en bois, parfaitement restaurés.

Après une nuit de camping sauvage, sur l’une des collines aux abords du village, réveil matinal sous les premiers rayons du soleil qui éclairent déjà le champ de fèves dans lequel nous avons planté les tentes. Une fois le petit-déjeuner englouti nous prenons la direction de Sozopoli, petit village balnéaire à 50 kilomètres au sud-est de Thessalonique qui sera le lieu de résidence de nos trois prochains jours.
A notre arrivée, nous prenons possession de notre Airbnb, où nous sommes accueillis chaleureusement par trois sœurs, propriétaires de cette petite maison tournée vers son jardin. En guise de bienvenue, elles nous offrent un espresso fredo et une part d’un excellent gâteau marbré. Notre première journée dans ces lieux est l’occasion de s’adonner aux petits plaisirs de la vie quotidienne que peut offrir le confort d’une maison. La douche est salvatrice et revigorante après une semaine de camping sauvage, la machine à laver tourne à plein régime et le petit bricolage est de mise pour raffistoler chaussures et pantalons.
En fin d’après-midi nous nous rendons à l’aéroport de Thessalonique, au guidon des Ural pour aller chercher Dominique et Daniel, mère et frère de Marie, qui nous rejoignent pour une petite semaine grecque. Pour la fin de journée, nous mettrons le jardin et la terrasse de la maison à l’honneur pour partager un chaleureux apéro-grillades, accompagné par le rythme incessant du tambour de la machine à laver.
La parenthèse à Sozopoli, est également l’occasion de recharger les batteries après les réveils matinaux des jours précédent pour préserver les side-cars de la chaleur. C’est donc avec un certain plaisir que nous savourons le rythme des vacances, fait de grasses matinées, et de copieux petits-déjeuners, enrichis de spécialités françaises rapportées par Dominique : caramel au beurre salé, andouille, crème de marron.
Une fois le linge étendu, nous partons à la découverte de la péninsule centrale de la région de Chalcidique, et plus particulièrement de la crique de Armenistis. Pour la rejoindre, la route serpente de nouveau le long de la côte, à fleur de colline. Cette petite plage au cœur de la crique du même nom est très prisée des touristes d’Europe de l’Est. On a ainsi pu reconnaître les plaques d’immatriculation roumaines, bulgares, slovaques et biélorusses. L’eau y est une nouvelle fois cristal. Sur la plage, chaque famille s’abrite du soleil à l’ombre d’un parasol. Démunis, nous nous entassons sous l’ombre du seul arbre de la plage. Une fois avoir pris place sur la serviette, face à nous, le mont Athos transperce le ciel bleu. Après la baignade, nous quittons la péninsule pour rejoindre le quartier historique, en retrait de la station balnéaire de Nikiti. Nous nous baladons à pied dans ses vieilles ruelles en pente, avant de s’accorder une pause à l’ombre de la terrasse du restaurant le Platanos.

En fin de journée, de retour à Sozopoli, nous découvrons à l’heure de l’apéro, la saveur de la Retsina, un vin blanc sec aux notes de résine de pin. Alors que vient l’heure de passer à table pour manger les grillades, un violent orage s’abat sur la ville et la région. Un éclair tombe à quelques mètres de la maison et nous convainc de rentrer les side-cars sous la terrasse abritée, nous contraignant à finir les saucisses dans le salon.
Après la nuit agitée, pas de gros dégâts de constatés, juste quelques branches en vrac et une terrasse à nettoyer. L’électricité au réveil est coupée et l’eau provenant du puits ne peut être récupérée par la pompe électrique. Le reste du village est aussi impacté, la rue de bord de mer est inondée, et des toilettes de chantier gisent sur le sable.
Un décor de fin du monde qui ne contraint pas la pratique sportive, l’une des seules activités ne nécessitant pas d’électricité. La séance est donc organisée autour de longueurs de natation entre les bouées, suivi d’une session running le long de la plage jusqu’au petit port de Nea Plagia. Une nouvelle baignade fera office de douche en prévision du non-retour de l’eau dans la maison. Finalement à 22h30, l’électricité réapparaît. Le voisinage est en liesse et célèbre son retour comme si la victoire de l’Euro 2004 se répétait.
Mais toutes les vacances ont une fin ; et le lendemain à la suite du petit-déjeuner, vient le temps du rangement des affaires, avant de libérer la petite maison. Au guidon des side-cars, nous contournons Thessalonique et prenons la direction du Mont Olympe pour la suite du périple.
NOS COUPS DE COEUR |
Où manger ?
Restaurant “Kantinara”
Kountouriotou 16, 65302 Kavala
Sandwichs grecs savourés dans la rue, au milieu d’un décor faisant la part belle à la “petite reine” où chaque convive prend place autour d’un vieux vélo en guise de table.. |