Baie d’Halong terrestre et maritime – 6 jours – 1 mètre d’altitude

English version available here.


Pour rejoindre la ville de Ninh Binh, porte d’entrée de la Baie d’Halong terrestre, nous optons pour le train, un moyen de locomotion populaire et pas cher, tout à fait dans l’esprit de notre voyage. L’aventure débute dès notre entrée dans la gare centrale de Hanoï. Elle ressemble, en ce début de matinée, à une véritable fourmilière. Au milieu de cette effervescence, nous parvenons à trouver notre train et à rejoindre le quai central où il est stationné. Nous prenons place dans la vieille chenille de métal de la compagnie d’état Vietnam Railways. Son look ressemble à celui de ces bons vieux inter-cités qui parcourent les rails au milieu des campagnes françaises. A peine assis, il est temps de s’adonner au principal passe-temps de tout voyage en train ; ainsi, c’est la tête appuyée contre la vitre que je laisse mes pensées s’échapper par la fenêtre, au rythme des claquements du wagon. Cet agréable moyen de locomotion bouge peu, en comparaison aux aventures en bus vécues précédemment au Laos. Nous nous offrons même le luxe de sortir nos biscuits et jus de fruits pour prendre le petit déjeuner. Le trajet ne dure qu’une petite heure et est ponctué d’escales. Nous nous arrêtons tout d’abord dans les petites gares de l’agglomération de la capitale avant qu’elles ne laissent la place à celles perdues au cœur de la campagne vietnamienne.

Arrivés en gare de Ninh Binh, le lieu est désert et l’effervescence de Hanoï bien loin. À sa sortie, nous appelons un taxi “Grab”, qui nous conduit à quelques kilomètres de là, dans la petite ville de Tam Coc, au cœur de la Baie d’Halong Terrestre. Ce joyau du paysage vietnamien tient son nom de la similitude de son paysage à celui de la Baie d’Halong Maritime ; à la différence près, que les rizières ont ici remplacées la mer de Chine. Ses immenses rochers s’élèvent au milieu des rizières et s’étirent sur une longueur de plus de 40 kilomètres. Ce paysage fut le décor de nombreux films hollywoodiens dont le célèbre King Kong.

Après avoir regagné des forces en savourant de délicieux plats saupoudrés de coriandre ; nous entamons une petite marche au milieu des rizières, jusqu’au pied du piton calcaire qui abrite la cave Mua. En toute objectivité, celle-ci ne présente pas un grand intérêt, en comparaison à l’aventure que procure l’escalade des 500 marches pour atteindre le sommet du rocher Mua. Au terme de cette ascension nous faisons la douce rencontre du gardien des lieux. Il nous faut alors passer sous les écailles du gigantesque dragon qui trône, sur cette vue sublime. Sous nos yeux et à perte de vue s’étend la baie d’Halong terrestre et ses pains de sucre au milieu des rizières.

La matinée du lendemain est consacrée à une promenade en barque sur l’un des nombreux cours d’eau de la baie d’Halong terrestre. Les rameurs ont ici une technique de propulsion tout à fait atypique. Ils font, en effet, avancer leur embarcation en poussant sur les avirons avec leurs pieds. Nous naviguons ainsi entre les rochers calcaires avant de nous aventurer dans trois grottes traversées par la rivière. Cette attraction est très appréciée des touristes. La rivière est donc très fréquentée et de nombreux pièges sont positionnés tout au long de la promenade pour nous inciter à  mettre la main au porte-monnaie. Malheureusement ce bémol enlève un peu de poésie à cette promenade.

Au douzième coup de midi, nous sommes rejoints, à l’auberge, par Aurélien, un ami de Florian et Élodie. En voyage en Asie du Sud-Est depuis plusieurs mois, il se joint à nous pour la suite de notre séjour Vietnamien. Pour occuper notre dernière après-midi à Tam Coc, nous louons sept scooters afin d’explorer un peu plus cette région hors-du-commun. Nous roulons, sans itinéraire précis, portés par nos intuitions. Ces dernières nous conduisent au plus près des pics karstiques, nous invitent à traverser des villages pittoresques et à s’aventurer sur des petits chemins de terre au cœur des rizières. Arrivés aux portes du site historique de Hoa Lu, nous décidons d’y effectuer une halte. Il ne reste plus grand chose de cette ancienne capitale du pays, si ce n’est deux vieux temples, reconstruits dernièrement. C’est finalement à la nuit tombée que nous regagnons Tam Coc, les phares de notre colonne de scooter se reflètent dans les champs et les cours d’eau. La quiétude de la campagne est alors troublée, le temps d’un instant, par le défilé de notre cortège de pétrolettes.

Une fois notre parenthèse de la baie d’Halong terrestre refermée, nous rejoignons en bus l’île de Cát Bà, sur la partie sud de la Baie d’Halong. Pour y accéder, nous traversons le détroit qui sépare l’île de la ville de Hai Phong, sur un vieux ferry rouillé. Notre embarcation de fortune se fraie un chemin entre de vieux porte-conteneurs et bateaux miniers, hors d’âge, qui patientent au mouillage de pouvoir reprendre du service. Cette météo nuageuse et le ciel gris qui l’accompagne, attristent ce paysage industriel.

En revanche sur l’île de Cát Bà, c’est jour de fête. Sur la grande avenue qui longe la mer les drapeaux rouges du parti sont hissés, les parterres de fleurs sont soignés et une grande scène est installée. Il s’y produit danseurs et chanteurs arborant de jolies tenues pailletées et colorées. En guise de déjeuner, nous mangeons un Banh Mi face au port ; il se déroule alors sous nos yeux, sur l’étendue d’eau, une course de pirogues traditionnelles. Les membres de chaque équipe portent un costume aux couleurs de leur pirogue. La course voit s’affronter cinq embarcations, dont chacune d’elles représente une communauté locale. Après le signal du départ, les rames s’enfoncent en rythme dans l’eau. Le circuit consiste en trois allers-retours entre deux bouées positionnées l’une en face de l’autre. Depuis la digue du port, la forme des pirogues s’apparente à d’énormes serpents, à la surface de l’eau. Leur ballet de couleurs ravit les centaines de spectateurs présents qui soutiennent avec ferveur leur favori.

L’après-midi est consacré à une promenade sur le sentier côtier qui permet d’atteindre les plages en périphérie situées de l’autre côté du rocher qui encercle le port. Nommées Cat Co 1 et Cat Co 2, ces grandes anses de sable jaune, se cachent sous d’immenses rochers karstiques. Malheureusement, la plage de Cat Co 3 n’est plus accessible depuis le lancement d’un chantier pour la construction d’un imposant complexe hôtelier. Après avoir piqué une tête dans les eaux émeraudes de la mer de chine, une backpakeuse allemande nous propose d’échanger quelques passes de volley sur le sable fin de la plage. Une session qui évoluera rapidement en un petit “set” improvisé, une fois les lignes du terrain tracées au sol et les règles adaptées au vu de l’absence de filet.  Nous rejoignons la ville à la tombée de la nuit. On profite alors, de la chaleur du port qui en soirée est vraiment plein de vie. Nous nous accordons une bière en terrasse avant de se laisser tenter par un “Fried Rice” en guise de dîner, dans une petite cantine vietnamienne. Un feu d’artifice vient clôturer cette journée de festivités.

Malgré son coté grandement touristique, la Baie d’Halong n’en reste pas moins un de ces endroits uniques sur terre. C’est par une excursion sur une grande jonque de bois que nous partons à la découverte des paysages magnifiques de Lan Ha Bay et Halong Bay. Le bateau serpente entre les rochers et malgré une matinée placée sous le signe de la grisaille, les îlots en pain de sucre sont déjà enchanteurs. Nous effectuons une halte dans une petite baie abritée. Le capitaine nous invite à grimper sur des kayaks pour atteindre des recoins entre les rochers inaccessibles en bateau. Pendant ces deux heures de pagaie nous n’avons qu’une obsession : nous isoler du reste du groupe pour ressentir la force de ce lieu mythique. Nous nous aventurons alors dans une “grotte-tunnel” qui débouche sur un lagon aux eaux claires tirant sur le vert émeraude.

La jonque mouille ensuite l’ancre dans une autre petite crique de la baie d’Halong ; le temps d’un plongeon depuis le pont supérieur du bateau. La visite se poursuit sur l’île aux singes. Nous grimpons sur les rochers pour nous isoler une nouvelle fois des autres voyageurs. Une escalade qui nous offre un beau point de vue panoramique sur la baie. Nous y recevons la visite d’une famille de singes. En redescendant sur la plage, nous sommes attristés de voir le comportement de nombreux touristes qui donnent barres chocolatées et chips aux pauvres animaux, qui en deviennent agressifs.

Avant de rentrer au port, nous traversons le village flottant de Bon Beo où vivent environ 1000 personnes. Nous passons au milieu des bassins de piscicultures reliés par des pontons en bois aux habitations faites d’un amas de bric et de broc. Le tout est amarré à des barils flottant à la surface de l’eau. La journée se termine une nouvelle fois par la dégustation d’une bière et d’un dîner savouré sur la terrasse en “roof-top” du Mona Restaurant ; accompagné des notes de guitare et de la voix d’un jeune backpacker écossais.

Nous occupons notre dernière journée sur Cát Bà, en faisant une virée en scooter. Il ne faut que quelques kilomètres pour ressentir le gouffre qui sépare l’effervescence du port, de la vie simple et sans artifices qui anime les villages du cœur de l’île. En suivant cette route de l’intérieur, nous traversons de somptueux paysages entre forêts de palmiers et rochers de calcaire. Sur cette route sinueuse, les rizières ont ici remplacé la mer. Après une dernière pente raide et une descente de plusieurs kilomètres, nous atteignons à la mi-journée l’embarcadère de Tuan Chau à l’autre bout de l’île. Un fjord s’enfonce dans l’île tel une balafre sur un visage. A son extrémité une grande passerelle en bois permet d’atteindre un petit autel bouddhiste. Nous déjeunons, ce midi-là, dans un boui-boui du bord de route avant de longer la côte pour le chemin du retour. Arrivés à l’hôtel, nous rendons les scooters avant de monter dans le bus couchette qui nous conduit de nuit à Sapa, dans la pointe montagneuse au nord-ouest du pays.


NOTRE COUP DE COEUR
Où manger ?

Mona Restaurant

Nous ne sommes pas ici dans une adresse authentique, mais plutôt dans un “entre-soit” de backpackers. L’ambiance y est cependant très sympa, et la terrasse sur le toit de l’immeuble offre une jolie vue sur le port de Cát Bà. Après avoir pris place, assis en tailleur autour de petites tables, nous avons apprécié les plats que nous avons commandés. Seul petit bémol, les prix sont un peu élevés, comparés à nos habituelles petites cantines.