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Chio et Béto
Après plusieurs jours sur la route, nous franchissons, le 7 novembre, la frontière péruvienne et arrivons dans la petite ville côtière de Cancas. Nous découvrons alors la côte Pacifique, sa chaleur et ses vagues. Nous profitons de l’incroyable hospitalité de Chio et Béto pour recharger les batteries, les pieds dans le sable fin, le regard tourné vers cet horizon sans fin. Quand enfant, je regardais l’océan, mon père me demandait toujours si j’apercevais, au loin, l’Amérique ? Aujourd’hui, le Pérou est sous mes pieds et je cherche du regard l’Asie sur cette ligne qui sépare le bleu de l’océan, du bleu du ciel.
Chio et Béto habitent une maison sur pilotis. Au rez-de-chaussé, la cuisine et la salle-à-manger ont du sable en guise de carrelage. A côté, leur restaurant est lui aussi tourné vers l’océan avec un accès direct à la plage. Ses spécialités ne sont autres que les Ceviche et les Tiradito (spécialités culinaires péruviennes à base de poissons et de fruits de mer).
Nous arrivons chez eux au coucher du soleil (vers 18h30 au nord du Pérou), Béto nous accueille avec ce qui restera comme notre première Cusqueña du voyage (que nous considérons comme la meilleur bière péruvienne), avant de se régaler en partageant un excellent “Pollo à la brasa”.
Le lendemain après une belle grasse matinée, nous nous rendons à Mancora, à 30 kilomètres au sud de Cancas. Nous y faisons quelques courses dans le marché couvert pour préparer un “dîner français” à toute la famille. Puis à midi et demi, nous nous rendons à l’école française de la ville pour récupérer Lucas et Isma, les enfants de Chio et Béto. Ici l’année scolaire est de Mars à Décembre, et les enfants ont école de 7h à 12h30. Outre l’apprentissage du français, l’école a la particularité d’initier ses élèves à la pratique du surf.
Lucas et Isma sont fiers de rentrer à la maison en side-car et narguent leurs camarades lorsque les motos démarrent ; mais après quelques kilomètres, Isma s’endort bercé par le bruit du vent. Après une après-midi à lézarder sur la plage, nous passons derrière les fourneaux pour préparer un poulet en croûte de sel et une tarte tatin. Secrètement, ils nous volent le paquet de Cheetos, que nous avions prévu de partager, pour le manger en douce devant la télé. Nous poursuivons la soirée à parler de pêche, de cuisine et de voyage.
Au réveil, la journée commence par une petite baignade dans l’océan. Lors du petit-déjeuner, une baleine et son baleineau nous offrent un véritable ballet aquatique. Nous sommes subjugués par ce spectacle de près de trente minutes. Nous profitons ensuite de la plage le reste de la journée, avant de partager la soirée autour d’un barbecue. Sur la grille, poulpes, et divers poissons cuisent à petit feu. Au matin, nous quitterons ce petit coin de paradis et prendrons la route vers le sud.
Oscar et ses vignes
Passé le tumulte de Lima, nous arrivons à l’heure du goûter à Impérial. À la sortie de la ville, le GPS nous indique d’emprunter un petit chemin de terre sur la gauche de la route principale. Nous avançons sur quelques centaines de mètres avant de garer les side-cars devant un grand portail en bois. Au-dessus, trône un portique en fer forgé et sur la droite, une petite boite aux lettres sur laquelle est écrit “Viña de Oscar”. Nous activons la sonnette juste au-dessus et patientons. Oscar nous ouvre à bras ouverts les portes de sa maison. Derrière lui, un joli jardin accueillant, qui précède le champs de vignes.
Une fois les motos garées à l’ombre ; nous prenons place autour du salon de jardin pour partager un verre de bienvenue. Oscar est heureux de nous faire découvrir son cocktail préféré : le mojito de la maison, qu’il élabore avec le Pisco issu de ses vignes et la menthe du bout du terrain. Nous prenons plaisir à discuter de la France où il a travaillé quelques années, du vin, de la culture de la vigne ; basculant entre les deux langues Pyrénéennes, comme des culbutos. Une fois le Mojito dégusté et après avoir gouté le Pisco de la Casa, nous partons explorer le vignoble. La culture du vin est pour Oscar un plaisir et non une activité commerciale ; son domaine ne s’étend donc que sur quelques rangées qui s’éloignent, du fond du jardin, sur environ 500 mètres. Oscar cultive seul cette parcelle pour réaliser quelques bouteilles de Pisco et de vin pour lui et ses amis. Il n’a pas voulu nous faire gouter son vin, car il trouve le vin français meilleur que le sien ! Au Pérou, le vin est sucré et ressemble davantage à un Porto ou à un apéritif qu’au vin rouge que nous avons l’habitude de rencontrer en France.
La majorité du raisin produit sur la côte est distillé pour en faire du Pisco, et seul une petite partie de la production de raisin sert à faire des vins rouge sucrés. Les vins tels que nous les connaissons en France n’ont pas beaucoup d’adeptes ici, ils ne sont donc que très peu produits.
Après une petite partie de ping-pong sur une vieille table Cornilleau et une petite pizza chez le pizzaïolo du coin du chemin, nous prenons place sous nos draps pour une nuit de sommeil.
Au réveil, Oscar nous régale d’un petit-déjeuner de spécialités locales. Lors des “au-revoir”, il nous offre une bouteille de son Pisco qui nous accompagnera jusqu’au Chili. En fin de matinée, les Urals franchissent le grand portail en bois. Derrière nous, se referme un petit coin de paradis.