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Après plus de trente jours au Pérou, ce pays nous a permis de réaliser des expériences insolites.
Surfer la vague de Huanchaco
Les vagues du Pacifique offrent l’opportunité de goûter, de nouveau, au plaisir de la glisse. Dans la petite station balnéaire de Huanchaco, le surf est roi. Les surfeurs, cheveux au vent, analysent le spot, le pied sur la rambarde du long ponton de la ville. Les locaux se mêlent aux Occidentaux venu dompter la bête ; cette vague régulière qui vient se briser sur cette avancée en bois.
Alors que nous marchons sur la digue, un surfeur local entame la discussion en français, content d’échanger quelques mots dans la langue de Molière. Il a passé quelques années en France, il y a maintenant plusieurs décennies. Nous discutons du surf en Europe puis du spot de Huanchaco, qu’il connaît sur le bout des doigts.
Sur ces conseils, le réveil sonne à 6h le lendemain pour se jeter à l’eau. A cette heure matinale, j’ai la vague pour moi tout seul, un régal ! La dernière session sur la plage de Plouharnel remonte à quelques mois, mais les sensations reviennent vite. Après quelques take-off d’échauffement, me voilà sur une belle vague qui m’emmène jusqu’au sable. Je rentre lessivé prendre une petite douche ; il est 10h, la journée me tend les bras !
Le vol en voyage
Le voyage ce n’est pas toujours que de bons moments, mais les minutes les plus difficiles gravent l’aventure à jamais dans nos mémoires. Le vol est certainement ce qui est le plus redouté par le voyageur. Forgé par les histoires des uns et des autres, on s’y prépare, on adopte des stratégies parfois saugrenues pour s’en protéger, mais il finit toujours par nous rattraper au moment où l’on s’y attend le moins.
Notre tour est arrivé un soir où nous dormions dans une petite auberge familiale à Ica. A notre arrivée en début de soirée, nous avons choisi nos lits dans une chambre partagée avec un italien. Nous n’étions que cinq dans cette auberge. Après avoir pris possession des lieux, nous nous sommes installés dans la pièce commune pour partager une bière avec Luigi. Un nouveau voyageur est arrivé, avec pour seule affaire, une petite sacoche. Il s’est installé sur le dernier lit disponible de la chambre. Après cinq minutes, il est ressorti de l’auberge prétextant aller dîner, mais n’est jamais revenu.
Une dizaine de minutes plus tard, nous constations le vol de mon téléphone portable et d’un des objectifs d’appareil photo d’Émilie. Dans cette si petite auberge où nous n’étions que six voyageurs, nous avons baissé notre vigilance en ne verrouillant pas à clé notre casier ; une erreur synonyme d’opportunité pour le voleur. Une fois la frustration passée, il faut alors relativiser et positiver pour mieux savourer la suite de l’aventure.
Soirée pizzas entre iOverlanders
Un voyage sur les routes d’Amérique du Sud c’est aussi faire la rencontre d’autres “routards” et de partager avec eux des moments uniques. En arrivant à la Casa de Amélia, nous ne nous attendions pas à partager la soirée avec cinq autres couples, autour de pizzas Margarita improvisées. Mais tous les ingrédients étaient réunis, une bonne ambiance de baroudeurs, une grande table conviviale et un four à pizzas. Il ne manquait plus qu’à trouver quelques bricoles dans l’échoppe d’à coté pour faire la pâte et agrémenter nos pizzas de verdure. La soirée se poursuivra jusque tard (information à relativiser, les baroudeurs généralement sont plutôt des “couche-tôt” qui suivent le rythme du soleil), les pizzas se succédant les unes aux autres dans le four. Les conseils d’itinéraires sont échangés entre les personnes se dirigeant vers le nord et celle qui s’oriente vers le sud ; le tout arrosé de quelques bières.
Savourer un Inca Kola
Et des saveurs au Pérou, il y en a pour tous les goûts ! La cuisine péruvienne est réputée à travers le monde ; mais les lignes suivantes sont consacrées à un produit, présent aux quatre coins du pays, et qui pourtant n’a jamais franchi ses frontières : le soda Inca Kola. Il est dans toutes les mains, dans tous les frigos. Les murs des maisons de villages entiers sont peints aux couleurs jaune et bleu de la marque. Le jaune est doré, il s’agit aussi de la couleur de cette boisson. Est-ce en référence à l’amour porté par les Incas pour ce métal ? Peut-être ! En tout cas pour nous ce n’était pas gage de qualité, mais sa popularité nous a contraint à le tester. C’est donc avec les enfants de Cio et Beto que nous avons fait pétiller notre première bouteille jaune et bleue. Cette boisson très sucrée, nous a surpris par ce petit goût caramélisé. Une fois validée par l’équipe, elle nous a offert une alternative au Coca Cola lors de notre traversée du pays.
Manger un Caldo de Cabeza
Le voyage nous a conduit, sous la pluie, au sommet d’un col péruvien. Nous nous arrêtons dans une petite échoppe sans porte, pour nous abriter et nous réchauffer le temps d’un repas. Décrit par la maîtresse de maison comme une soupe de viande, nous nous sommes laissés séduire, avec Marie, par un « Caldo de Cabeza » ; avec l’espoir de sentir la chaleur de ce plat jusque dans le bout de nos doigts.
Lorsque la señora, nous apporta notre assiette, un sourire se dessina sur le visage de Julien. Il flottait, au milieu du bouillon, la mâchoire d’un mouton. La faim et le froid nous motivèrent à manger les pommes de terre et les autres bouts de viande ; et ainsi faire honneur au cuisinier. Mais que ce fut difficile de faire abstraction de ce mouton qui nous narguait de toutes ses dents !
Assister au match de football du dimanche
Au Pérou, le sport national est incontestablement le football, il se joue des plus grandes villes au plus petit des villages et réunis les péruviens des plus jeunes aux plus âgés, des plus riches aux plus pauvres, autour de la “Pelota”. Le dimanche après-midi à travers tout le pays, les péruviens se retrouvent aux abords des stades pour supporter le club local.
À Cuzco, au détour d’une ruelle, en redescendant du site archéologique de Sacsayhuaman, nous avons été étonné d’entendre la fureur des supporters sans pour autant distinguer de stade dans le quartier. Intrigués, nous avons suivi un homme portant un maillot de foot dans un dédale de petites rues pour finalement découvrir le petit stade du quartier. Enclavé entre trois murs d’immeuble, sur le petit terrain bitumé, se dispute ce dimanche, un petit tournoi amateur entre différents quartiers de la ville. À l’opposé du banc des remplaçants, les supporters, bières à la main, ont pris place sur un rocher pour encourager leurs amis. Nous nous faufilons parmis eux le temps d’une partie ; pour nous imprégner de cette ambiance de communion si particulière qu’offre le sport amateur quelque soit la discipline, à travers le monde.
Se faire offrir du papier toilette et des biscuits à une station service
Régulièrement aux stations services, nous échangeons quelques mots avec les pompistes intrigués par nos bolides. Dans la ville de Urubamba, notre passage par la station Repsol n’échappa pas à la règle. Après avoir présenté notre voyage et les caractéristiques des side-cars, le pompiste nous montra les photos de sa moto 150 cm3. Nous nous lançons alors dans une discussion sur ses hobbies, ses sorties et l’univers des deux roues au Pérou. Jamais par le passé nous appréciâmes autant de prendre tant de temps pour remplir nos deux réservoirs. Au moment de regagner la route de Cuzco, il nous offrit deux rouleaux de papier toilette et deux paquets de biscuits, en guise de cadeau pour célébrer notre rencontre. Un geste qui restera gravé dans nos mémoires, tant ce fut à la fois inattendu et spontané.
Prendre un colectivo avec une classe de lycéens péruviens
Pour se rendre au village d’Aguas Calientes, au pied du Machu Picchu, impossible d’y aller avec son propre véhicule. Nous avons donc fait le choix de prendre un “colectivo” (un bus indépendant des agences de voyage).
Pour trouver notre véhicule nous nous sommes présentés sur la place principale d’Ollantaytambo dès sept heure du matin. En arrivant sur place, une mamie nous questionne, nous lui expliquons donc que nous espérons trouver un colectivo pour nous rendre à la station hydraulique située quelques kilomètre avant Aguas Calientes. Elle nous tourna le dos quelques minutes pour passer un coup de téléphone et revient nous voir en nous annonçant qu’un colectivo pourrait nous prendre à 10h. Nous patientons donc sur la place en mangeant un petit-déjeuner. Nous sommes accostés une heure plus tard par un autre conducteur de van qui nous annonce qu’il peut nous y amener en partant dans la minute pour un tarif moins élevé. Nous annonçons donc à la mamie que si elle ne s’aligne pas sur ce prix, nous partons avec ce nouveau conducteur. La mamie furieuse cria sur nous et le chauffeur que nous finissons par suivre. Nous rejoignons son van dans une rue adjacente.
A sa porte, attendent Hernandez (un professeur d’anglais dans un lycée près de Puno) et huit de ses élèves. Une fois nos sacs accrochés sur le toit, nous prenons place dans le mini-bus. Problème, nous sommes 14 pour 13 places, il faudra donc se serrer à quatre sur la banquette du fond. Le van démarre, et avec lui débute une aventure de quatre heures sur une petite route escarpée de montagne. Le paysage est magnifique, les jeunes dansent et chantent sur des tubes de pop péruvienne. L’ambiance est bon enfant ! Une fois le col passé, nous faisons une pause dans un petit village. Les jeunes en profitent pour acheter une quantité astronomique de bananes qu’ils partagent avec nous. Pendant ce temps, Hernandez en profite pour couper un cactus qu’il charge sur le toit du van. Il dit vouloir le ramener dans son établissement parce que ses élèves n’ont pas l’opportunité de voir cette espèce là-bas.
Le trajet se termine sur une piste à flanc de montagne sinueuse et dangereuse où deux véhicules ne peuvent pas se croiser. Nous serons les fesses et fermons les yeux pendant ces trente kilomètres qui nous séparent de notre point d’arrivée. À la descente du van, nous réalisons une séance photo avec la classe et le cactus, avant que nos chemins ne se séparent.
L’aventure continue !