Rencontres Autrichiennes

English version available here.


Eva et Willy

Prigglitz, petit village au sud-ouest de Vienne, marque la fin de notre première étape autrichienne, après une journée à moto dans un paysage champêtre. Nous sommes accueillis chez Eva et Willy, nos amis autrichiens. Notre rencontre s’est faite sur un camping au Pérou, où nos tentes avaient trouvées refuge au pied de leur imposant camion aménagé. De retour d’Amérique du Sud, ils sont actuellement en villégiature dans leur maison de vacances. Un magnifique corps de ferme devant lequel nous venons stationner les sides-cars. À peine les moteurs coupés que Eva et Willy nous y accueillent les bras grands ouverts.

Dans la petite cour carrée trône en son centre une jolie flambée ; nous prenons place autour de ce feu de camp théâtral, assis sur d’imposants troncs d’arbres. Nous partageons ensemble la suite de nos périples respectifs, une bière à la main. Celle du soir sort tout droit du frigo naturel de la propriété, un petit cours d’eau qui passe en bordure de terrain. 8 mois se sont écoulés depuis la dernière mousse partagée ensemble ; et bien des péripéties nous sont arrivées depuis, des plus beaux paysages rencontrés à nos plus grands déboires mécaniques. La soirée se poursuit par des grillades sur le feu avant le montage de la tente au milieu du corps de ferme, pour une nuit paisible.

Après un copieux petit-déjeuner, fait de trésors sucrés préparés par Eva et Willy nous quittons nos chaleureux hôtes pour reprendre la suite de notre périple en direction de Linz et de l’entreprise Ural Europe.

Magdalena et Harry

Harry et Magdalena d’Ural Europe, soutiennent notre projet depuis son commencement. Nous ne les remercierons jamais assez pour leur précieuse aide ; et d’avoir été d’une réactivité remarquable quand, une semaine avant le chargement des sides-cars dans le conteneur pour l’Amérique du Sud, ils firent le nécessaire pour nous envoyer en urgence une fourche avant pour l’un des deux sides-cars.

Cette étape au sein des locaux d’Ural Europe était donc pour nous tout un symbole.

C’est en fin d’après-midi que nous garons les side-cars devant le showroom de l’entreprise. Nous y sommes accueillis par Magdalena qui, après une présentation des locaux, nous invite à installer notre campement et planter les tentes à l’arrière de l’entrepôt.

Harry est le responsable des lieux mais aussi notre principal interlocuteur lorsqu’il s’agit de commander des pièces mécaniques.

C’est autour d’un chaleureux barbecue que nous terminons la soirée tous ensemble.

Au réveil, Magdalena et les enfants se rendent dans la ferme d’à côté pour acheter du pain ; avant de nous préparer un excellent petit-déj. Voilà de quoi constituer une importante réserve d’énergie pour la grosse session de mécanique qui nous attend.

La journée défile à toute allure, elle sera passée dans son intégralité dans l’atelier de Ural en compagnie de Günter, le mécano de l’équipe. Il est 19h quand, pour nous féliciter du travail accompli, nous nous autorisons une petite session shopping de goodies Ural, avant de s’adonner à une petite baignade dans le lac à deux kilomètres de là.

Parce que nous avons légèrement traîné avec Emilie sur le changement de pneus de Karadoc, nous croisons à notre arrivée sur les lieux, la petite troupe qui est, elle, sur le chemin du retour. Une avance mise à profit pour entamer la préparation du barbecue. La soirée est arrosée une nouvelle fois de bières locales, rafraîchies dans la brouette de l’atelier, mais petite nouveauté, nous découvrons également le schnaps maison, un nouvel alcool distillé à mettre à l’actif de ce voyage. Et entre nous, il n’y a pas de grandes différences gustatives entre le pisco péruvien, la vodka russe et le schnaps autrichien…

Notre étape “uralistique” se terminera par un nouveau copieux petit dèj avant de quitter Magdalena et Harry et de mettre le cap vers l’Italie.

Sur les routes autrichiennes

English version available here.


Notre périple sur les routes autrichiennes débute par un premier arrêt dans le village après la frontière. Nous entrons dans le seul petit café de sa rue principale, pour y acheter la vignette qui nous permettra d’emprunter les autoroutes du pays.

La campagne défile au rythme des bolides. Le trait d’asphalte suit le relief des douces collines autrichiennes. Au cœur des vastes champs, le paysage bucolique est agrémenté de jolis corps de ferme aux pignons en bois, si emblématique de la région. Nous sommes en revanche surpris, à la suite d’un virage, de découvrir plusieurs champs de vignes à flanc de collines. L’Est de l’Autriche, connaissant en effet sur ces terres, un vignoble réputé pour son vin blanc, qu’il nous reste à découvrir.

Les belles courbes s’enchaînent jusqu’à une nouvelle panne survenue 30 kilomètres avant Prigglitz, l’une de nos villes étapes autrichiennes. Sur le bord de la route, il nous faut changer l’engrenage de la roue arrière de l’un des side-cars dont les dents sont totalement limées par les kilomètres parcourus depuis la Colombie. N’ayant pas cette pièce de rechange, Julien opte pour une solution temporaire, en inversant l’engrenage de la roue du side avec celui de la roue arrière, afin d’atteindre l’atelier de l’importateur Ural de Linz à 300 km de là. Une petite heure plus tard, le moteur ronfle de nouveau et c’est avec deux petites heures de retard sur l’horaire espéré que nous arrivons à Prigglitz.

C’est par l’autoroute monotone que nous parcourons les 200 km qui nous séparent de la ville de Welz, en périphérie de Linz. Pas de fioritures, l’objectif est de rallier au plus vite et sans complications mécaniques, les ateliers de Ural où nous devrions trouver de nombreuses pièces de rechange nécessaires à la remise sur pied des bolides.

Nous atteignons notre lieu d’arrivée à l’heure de la fermeture du showroom. Magdalena, l’une des responsables de l’entreprise, nous y accueille à bras ouvert. Nous entamons une visite des locaux, dans la pièce principale de nombreux Urals sont exposés, accompagnés de motos Royal Enfield et Norton. Nous sommes particulièrement surpris de découvrir l’existence d’une “mini-caravane,” adaptée pour être attelée à nos engins à trois roues.

Le lendemain, en milieu de matinée, alors que Harry et Magdalena ont déjà pris place dans leurs bureaux respectifs ; c’est avec un client qui roule en “Norton” que nous partageons le café sur la table de pique-nique devant l’entrée du showroom. L’expresso terminé, nous débutons notre session mécanique. Nous avons le privilège de pouvoir stationner les deux engins dans l’entrepôt. Rongés par l’usure dû aux 30 000 kilomètres du voyage, nous nous lançons dans le remplacement des engrenages assurant la transmission entre le pont et la roue ; sous le regard attentif de Günter, le mécano de l’atelier, qui s’occupe lui d’une vidange sur le side-car d’un client. Le remplacement de la pièce côté roue se fait sans encombre, mais celle côté pont nous donne du fil à retordre. Pour extraire la pièce, Günter nous donne un petit coup de main et un précieux conseil, celui de ne pas hésiter à employer les grand-moyens. C’est donc à grand renfort de l’une de ses machines que nous extrayons la pièce.

Nous profitons de cette session mécanique pour également remplacer joints et caoutchoucs en tout genre qui ont eux aussi bien vécus. Pour ne pas perdre de temps, nous effectuons une courte pause pique-nique dans l’entrepôt. On y sort une table et des chaises qui serviront ensuite de zone de coloriage pour les enfants. L’après-midi est consacré aux réglages des soupapes et au changement de pneu arrière, avec pour objectif de réaliser cette opération pour la dernière fois du voyage.

Le lendemain et après une journée de mécanique rondement menée, les Urals ronronnent à nouveau au départ de l’entrepôt. Cette fois-ci, direction l’Ouest du pays et la région des Tyrols dans les Alpes Autrichiennes.

Le début de l’itinéraire traverse de grandes plaines. Sur ces axes secondaires, nous partageons la route avec de nombreux cyclistes. Nous empruntons de jolies petites routes qui traversent de nombreux villages. On y admire de nouveau, leurs beaux clochers et leurs belles demeures à l’architecture typique des bâtisses austro-hongroises : devantures colorées et tours de fenêtres possédant de jolis ornements.

Nous longeons les rives du lac Attersee, et ses eaux claires, avec en arrière-plan les premiers sommets alpins. Nous suivons la vallée creusée par la rivière Gasteiner Ache. Sur les premières hauteurs de ces vastes gorges verdoyantes, de nombreux châteaux sont accrochés aux pitons rocheux, tels que le Burg Klammstein.

En nous rapprochant des montagnes, la pluie est de retour. Nous trouvons refuge dans un supermarché à hauteur de Bad Hofgastein et en profitons pour faire quelques courses en espérant que les nuages se retirent. Mais à la fin du déjeuner il faut se faire une raison et accepter de reprendre la route sous la pluie. Le soleil italien se mérite !

Une centaine de  kilomètres plus loin, et le passage du col de Brenner sous un épais brouillard, nous redescendons vers “La Botte” et ses saveurs méditerranéennes…

Linz – 6 jours – 317 mètres d’altitude

English version available here.


Passé le poste frontière symbolisant l’entrée en Slovénie, nous retrouvons Alice, la sœur de Julien, Manu son conjoint, Zack et Loah leurs enfants. En file indienne derrière le Vito de la petite famille, nous parcourons les routes slovènes au milieu des collines qui jalonnent la région de la Basse-Styrie, située au nord-est du pays.

Le campement est monté pour ce premier soir auprès d’un petit lac. Nous trinquons aux retrouvailles ; sur la table un saucisson, du pâté hénaff et d’autres victuailles françaises trônent fièrement. Un florilège de gourmandises dont nous rêvions depuis plusieurs mois.

Le lendemain, nous visitons sous une importante chaleurM la 2e plus grande ville de Slovénie, Maribor. Nous découvrons son ancienne place du marché, sa cathédrale et déambulons dans ses rues pavées. Sur les rives de la rivière Drava, nous pique-niquons, assis sur les marches du quai à l’ombre d’un arbre.

Au pied du vieux pont Stari Most, nous découvrons sur le mur d’une longère en pierre, ce qui serait être le plus vieux spécimen de vigne cultivé au monde ; et qui, malgré ses 400 ans,  donne toujours du raisin.

Nous poursuivons notre promenade dans les rues piétonnes jusqu’à la place principale et ses façades colorées d’architecture austro-hongroise, avant d’atteindre le vieux château et son clocher doré dédié à Saint Florian. Erigé à la suite d’un énième incendie, il est censé protéger la ville des catastrophes naturelles.

En fin d’après-midi, nous reprenons la route en quête d’un nouveau spot de camping sauvage. Nous dresserons cette fois-ci les tentes entre un terrain de foot et le lac Ledavsko. Pour avoir le droit d’apprécier pleinement l’apéritif du soir, je me lance dans un petit footing autour de ses berges. Pas de plongeon dans ses eaux troubles en guise de douche, mais l’installation du tuyau d’arrosage sur le toit de la guitoune, au bord du terrain de foot, offre un confort digne des meilleurs vestiaires de district.

Au matin, les premiers kilomètres permettent d’atteindre le poste de frontière symbolisant notre entrée en Autriche.

Nous rejoignons Prigglitz, petit village au sud-ouest de Vienne, en fin d’après-midi. Nous y retrouvons Eva et Willy, nos amis autrichiens, rencontrés au Pérou, avec qui nous passons une agréable soirée champêtre dans leur maison de vacances.

Au petit matin, cap vers l’ouest ! Nous quittons nos amis baroudeurs et prenons la direction de Linz. C’est plus précisément à Welz, siège social de Ural Europe, que nous faisons une étape de plusieurs jours, le temps de s’adonner à quelques révisions mécaniques entre deux barbecues.

Les side-cars d’attaques et toujours escortés par le van familial, il est l’heure de reprendre la route pour entamer la traversée des Alpes autrichiennes et la région des Tyrols.  Nous coupons avant Salzbourg et plongeons vers le sud, pour rejoindre l’Italie.

Faisant pleinement confiance à notre GPS, nous nous enfonçons dans l’une de ces somptueuses vallées, bordées de ces impressionnantes montagnes.  Mais après plusieurs heures de route sur cet axe qui devait nous permettre de passer la frontière sans encombre ; nous découvrons que l’itinéraire que nous envisagions de suivre, nous oblige à emprunter un autorail pour traverser une montagne. Le prix annoncé sur l’un des panneaux nous hérisse les poils. Nous décidons donc de rebrousser chemin pour emprunter une route plus à l’est ; qui elle devrait nous permettre de rejoindre gratuitement l’Italie après le passage d’un col alpin.

Mais pour l’heure, il nous faut trouver un endroit où dormir ; et dans ce pays où le camping sauvage est interdit et les campings hors de prix ; ce n’est pas une mince affaire. Nous optons au hasard pour une petite route qui longe la rivière Saalach. Après avoir essuyé deux refus auprès d’agriculteurs, c’est à l’entrée d’un circuit de quad que nous obtenons le droit d’utiliser un petit bungalow en bois pour passer la nuit à l’abris des averses. Nous y dînons tous ensemble, blottis les uns à côté des autres, avant d’y étendre nos matelas pour la nuit.

Départ au petit matin pour Innsbruck, nous effectuons un arrêt rapide en bas des remontées mécaniques de la station de ski de Steinbergbahn, prise d’assaut par les vététistes de descente, avant d’effectuer une seconde halte dans le joli village de St Johann de Tirol. Entourée de ses jolies maisons colorées, la place principale, ce jour-là est en pleine effervescence. Il y est donné le départ d’une course de VTT Enduro. Les cyclistes parés de leurs plus beaux équipements ont pris possession de ses petites rues pavées.

En poursuivant notre route, nous apercevons des panneaux indiquant le temple du ski, Kitzbuhel. En détournant le regard sur notre gauche, se dresse son fameux mur, une pente vertigineuse qui permet à tout grand skieur d’y forger sa légende. Nous contournons Innsbruck en empruntant la petite route qui mène à la station de Patscherkofelbahn et sa descente de bobsleigh. La pluie a fait son apparition pour le pique-nique et c’est sous les arbres de la forêt que nous nous réfugions pour manger des sandwichs aux rillettes de poisson, sous le coffre du Vito.

En fin d’après-midi, c’est au cœur d’un épais brouillard que nous franchissons le col du Brenner qui marque la frontière avec l’Italie.