Rencontres Autrichiennes

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Eva et Willy

Prigglitz, petit village au sud-ouest de Vienne, marque la fin de notre première étape autrichienne, après une journée à moto dans un paysage champêtre. Nous sommes accueillis chez Eva et Willy, nos amis autrichiens. Notre rencontre s’est faite sur un camping au Pérou, où nos tentes avaient trouvées refuge au pied de leur imposant camion aménagé. De retour d’Amérique du Sud, ils sont actuellement en villégiature dans leur maison de vacances. Un magnifique corps de ferme devant lequel nous venons stationner les sides-cars. À peine les moteurs coupés que Eva et Willy nous y accueillent les bras grands ouverts.

Dans la petite cour carrée trône en son centre une jolie flambée ; nous prenons place autour de ce feu de camp théâtral, assis sur d’imposants troncs d’arbres. Nous partageons ensemble la suite de nos périples respectifs, une bière à la main. Celle du soir sort tout droit du frigo naturel de la propriété, un petit cours d’eau qui passe en bordure de terrain. 8 mois se sont écoulés depuis la dernière mousse partagée ensemble ; et bien des péripéties nous sont arrivées depuis, des plus beaux paysages rencontrés à nos plus grands déboires mécaniques. La soirée se poursuit par des grillades sur le feu avant le montage de la tente au milieu du corps de ferme, pour une nuit paisible.

Après un copieux petit-déjeuner, fait de trésors sucrés préparés par Eva et Willy nous quittons nos chaleureux hôtes pour reprendre la suite de notre périple en direction de Linz et de l’entreprise Ural Europe.

Magdalena et Harry

Harry et Magdalena d’Ural Europe, soutiennent notre projet depuis son commencement. Nous ne les remercierons jamais assez pour leur précieuse aide ; et d’avoir été d’une réactivité remarquable quand, une semaine avant le chargement des sides-cars dans le conteneur pour l’Amérique du Sud, ils firent le nécessaire pour nous envoyer en urgence une fourche avant pour l’un des deux sides-cars.

Cette étape au sein des locaux d’Ural Europe était donc pour nous tout un symbole.

C’est en fin d’après-midi que nous garons les side-cars devant le showroom de l’entreprise. Nous y sommes accueillis par Magdalena qui, après une présentation des locaux, nous invite à installer notre campement et planter les tentes à l’arrière de l’entrepôt.

Harry est le responsable des lieux mais aussi notre principal interlocuteur lorsqu’il s’agit de commander des pièces mécaniques.

C’est autour d’un chaleureux barbecue que nous terminons la soirée tous ensemble.

Au réveil, Magdalena et les enfants se rendent dans la ferme d’à côté pour acheter du pain ; avant de nous préparer un excellent petit-déj. Voilà de quoi constituer une importante réserve d’énergie pour la grosse session de mécanique qui nous attend.

La journée défile à toute allure, elle sera passée dans son intégralité dans l’atelier de Ural en compagnie de Günter, le mécano de l’équipe. Il est 19h quand, pour nous féliciter du travail accompli, nous nous autorisons une petite session shopping de goodies Ural, avant de s’adonner à une petite baignade dans le lac à deux kilomètres de là.

Parce que nous avons légèrement traîné avec Emilie sur le changement de pneus de Karadoc, nous croisons à notre arrivée sur les lieux, la petite troupe qui est, elle, sur le chemin du retour. Une avance mise à profit pour entamer la préparation du barbecue. La soirée est arrosée une nouvelle fois de bières locales, rafraîchies dans la brouette de l’atelier, mais petite nouveauté, nous découvrons également le schnaps maison, un nouvel alcool distillé à mettre à l’actif de ce voyage. Et entre nous, il n’y a pas de grandes différences gustatives entre le pisco péruvien, la vodka russe et le schnaps autrichien…

Notre étape “uralistique” se terminera par un nouveau copieux petit dèj avant de quitter Magdalena et Harry et de mettre le cap vers l’Italie.

Sur les routes autrichiennes

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Notre périple sur les routes autrichiennes débute par un premier arrêt dans le village après la frontière. Nous entrons dans le seul petit café de sa rue principale, pour y acheter la vignette qui nous permettra d’emprunter les autoroutes du pays.

La campagne défile au rythme des bolides. Le trait d’asphalte suit le relief des douces collines autrichiennes. Au cœur des vastes champs, le paysage bucolique est agrémenté de jolis corps de ferme aux pignons en bois, si emblématique de la région. Nous sommes en revanche surpris, à la suite d’un virage, de découvrir plusieurs champs de vignes à flanc de collines. L’Est de l’Autriche, connaissant en effet sur ces terres, un vignoble réputé pour son vin blanc, qu’il nous reste à découvrir.

Les belles courbes s’enchaînent jusqu’à une nouvelle panne survenue 30 kilomètres avant Prigglitz, l’une de nos villes étapes autrichiennes. Sur le bord de la route, il nous faut changer l’engrenage de la roue arrière de l’un des side-cars dont les dents sont totalement limées par les kilomètres parcourus depuis la Colombie. N’ayant pas cette pièce de rechange, Julien opte pour une solution temporaire, en inversant l’engrenage de la roue du side avec celui de la roue arrière, afin d’atteindre l’atelier de l’importateur Ural de Linz à 300 km de là. Une petite heure plus tard, le moteur ronfle de nouveau et c’est avec deux petites heures de retard sur l’horaire espéré que nous arrivons à Prigglitz.

C’est par l’autoroute monotone que nous parcourons les 200 km qui nous séparent de la ville de Welz, en périphérie de Linz. Pas de fioritures, l’objectif est de rallier au plus vite et sans complications mécaniques, les ateliers de Ural où nous devrions trouver de nombreuses pièces de rechange nécessaires à la remise sur pied des bolides.

Nous atteignons notre lieu d’arrivée à l’heure de la fermeture du showroom. Magdalena, l’une des responsables de l’entreprise, nous y accueille à bras ouvert. Nous entamons une visite des locaux, dans la pièce principale de nombreux Urals sont exposés, accompagnés de motos Royal Enfield et Norton. Nous sommes particulièrement surpris de découvrir l’existence d’une “mini-caravane,” adaptée pour être attelée à nos engins à trois roues.

Le lendemain, en milieu de matinée, alors que Harry et Magdalena ont déjà pris place dans leurs bureaux respectifs ; c’est avec un client qui roule en “Norton” que nous partageons le café sur la table de pique-nique devant l’entrée du showroom. L’expresso terminé, nous débutons notre session mécanique. Nous avons le privilège de pouvoir stationner les deux engins dans l’entrepôt. Rongés par l’usure dû aux 30 000 kilomètres du voyage, nous nous lançons dans le remplacement des engrenages assurant la transmission entre le pont et la roue ; sous le regard attentif de Günter, le mécano de l’atelier, qui s’occupe lui d’une vidange sur le side-car d’un client. Le remplacement de la pièce côté roue se fait sans encombre, mais celle côté pont nous donne du fil à retordre. Pour extraire la pièce, Günter nous donne un petit coup de main et un précieux conseil, celui de ne pas hésiter à employer les grand-moyens. C’est donc à grand renfort de l’une de ses machines que nous extrayons la pièce.

Nous profitons de cette session mécanique pour également remplacer joints et caoutchoucs en tout genre qui ont eux aussi bien vécus. Pour ne pas perdre de temps, nous effectuons une courte pause pique-nique dans l’entrepôt. On y sort une table et des chaises qui serviront ensuite de zone de coloriage pour les enfants. L’après-midi est consacré aux réglages des soupapes et au changement de pneu arrière, avec pour objectif de réaliser cette opération pour la dernière fois du voyage.

Le lendemain et après une journée de mécanique rondement menée, les Urals ronronnent à nouveau au départ de l’entrepôt. Cette fois-ci, direction l’Ouest du pays et la région des Tyrols dans les Alpes Autrichiennes.

Le début de l’itinéraire traverse de grandes plaines. Sur ces axes secondaires, nous partageons la route avec de nombreux cyclistes. Nous empruntons de jolies petites routes qui traversent de nombreux villages. On y admire de nouveau, leurs beaux clochers et leurs belles demeures à l’architecture typique des bâtisses austro-hongroises : devantures colorées et tours de fenêtres possédant de jolis ornements.

Nous longeons les rives du lac Attersee, et ses eaux claires, avec en arrière-plan les premiers sommets alpins. Nous suivons la vallée creusée par la rivière Gasteiner Ache. Sur les premières hauteurs de ces vastes gorges verdoyantes, de nombreux châteaux sont accrochés aux pitons rocheux, tels que le Burg Klammstein.

En nous rapprochant des montagnes, la pluie est de retour. Nous trouvons refuge dans un supermarché à hauteur de Bad Hofgastein et en profitons pour faire quelques courses en espérant que les nuages se retirent. Mais à la fin du déjeuner il faut se faire une raison et accepter de reprendre la route sous la pluie. Le soleil italien se mérite !

Une centaine de  kilomètres plus loin, et le passage du col de Brenner sous un épais brouillard, nous redescendons vers “La Botte” et ses saveurs méditerranéennes…

Linz – 6 jours – 317 mètres d’altitude

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Passé le poste frontière symbolisant l’entrée en Slovénie, nous retrouvons Alice, la sœur de Julien, Manu son conjoint, Zack et Loah leurs enfants. En file indienne derrière le Vito de la petite famille, nous parcourons les routes slovènes au milieu des collines qui jalonnent la région de la Basse-Styrie, située au nord-est du pays.

Le campement est monté pour ce premier soir auprès d’un petit lac. Nous trinquons aux retrouvailles ; sur la table un saucisson, du pâté hénaff et d’autres victuailles françaises trônent fièrement. Un florilège de gourmandises dont nous rêvions depuis plusieurs mois.

Le lendemain, nous visitons sous une importante chaleurM la 2e plus grande ville de Slovénie, Maribor. Nous découvrons son ancienne place du marché, sa cathédrale et déambulons dans ses rues pavées. Sur les rives de la rivière Drava, nous pique-niquons, assis sur les marches du quai à l’ombre d’un arbre.

Au pied du vieux pont Stari Most, nous découvrons sur le mur d’une longère en pierre, ce qui serait être le plus vieux spécimen de vigne cultivé au monde ; et qui, malgré ses 400 ans,  donne toujours du raisin.

Nous poursuivons notre promenade dans les rues piétonnes jusqu’à la place principale et ses façades colorées d’architecture austro-hongroise, avant d’atteindre le vieux château et son clocher doré dédié à Saint Florian. Erigé à la suite d’un énième incendie, il est censé protéger la ville des catastrophes naturelles.

En fin d’après-midi, nous reprenons la route en quête d’un nouveau spot de camping sauvage. Nous dresserons cette fois-ci les tentes entre un terrain de foot et le lac Ledavsko. Pour avoir le droit d’apprécier pleinement l’apéritif du soir, je me lance dans un petit footing autour de ses berges. Pas de plongeon dans ses eaux troubles en guise de douche, mais l’installation du tuyau d’arrosage sur le toit de la guitoune, au bord du terrain de foot, offre un confort digne des meilleurs vestiaires de district.

Au matin, les premiers kilomètres permettent d’atteindre le poste de frontière symbolisant notre entrée en Autriche.

Nous rejoignons Prigglitz, petit village au sud-ouest de Vienne, en fin d’après-midi. Nous y retrouvons Eva et Willy, nos amis autrichiens, rencontrés au Pérou, avec qui nous passons une agréable soirée champêtre dans leur maison de vacances.

Au petit matin, cap vers l’ouest ! Nous quittons nos amis baroudeurs et prenons la direction de Linz. C’est plus précisément à Welz, siège social de Ural Europe, que nous faisons une étape de plusieurs jours, le temps de s’adonner à quelques révisions mécaniques entre deux barbecues.

Les side-cars d’attaques et toujours escortés par le van familial, il est l’heure de reprendre la route pour entamer la traversée des Alpes autrichiennes et la région des Tyrols.  Nous coupons avant Salzbourg et plongeons vers le sud, pour rejoindre l’Italie.

Faisant pleinement confiance à notre GPS, nous nous enfonçons dans l’une de ces somptueuses vallées, bordées de ces impressionnantes montagnes.  Mais après plusieurs heures de route sur cet axe qui devait nous permettre de passer la frontière sans encombre ; nous découvrons que l’itinéraire que nous envisagions de suivre, nous oblige à emprunter un autorail pour traverser une montagne. Le prix annoncé sur l’un des panneaux nous hérisse les poils. Nous décidons donc de rebrousser chemin pour emprunter une route plus à l’est ; qui elle devrait nous permettre de rejoindre gratuitement l’Italie après le passage d’un col alpin.

Mais pour l’heure, il nous faut trouver un endroit où dormir ; et dans ce pays où le camping sauvage est interdit et les campings hors de prix ; ce n’est pas une mince affaire. Nous optons au hasard pour une petite route qui longe la rivière Saalach. Après avoir essuyé deux refus auprès d’agriculteurs, c’est à l’entrée d’un circuit de quad que nous obtenons le droit d’utiliser un petit bungalow en bois pour passer la nuit à l’abris des averses. Nous y dînons tous ensemble, blottis les uns à côté des autres, avant d’y étendre nos matelas pour la nuit.

Départ au petit matin pour Innsbruck, nous effectuons un arrêt rapide en bas des remontées mécaniques de la station de ski de Steinbergbahn, prise d’assaut par les vététistes de descente, avant d’effectuer une seconde halte dans le joli village de St Johann de Tirol. Entourée de ses jolies maisons colorées, la place principale, ce jour-là est en pleine effervescence. Il y est donné le départ d’une course de VTT Enduro. Les cyclistes parés de leurs plus beaux équipements ont pris possession de ses petites rues pavées.

En poursuivant notre route, nous apercevons des panneaux indiquant le temple du ski, Kitzbuhel. En détournant le regard sur notre gauche, se dresse son fameux mur, une pente vertigineuse qui permet à tout grand skieur d’y forger sa légende. Nous contournons Innsbruck en empruntant la petite route qui mène à la station de Patscherkofelbahn et sa descente de bobsleigh. La pluie a fait son apparition pour le pique-nique et c’est sous les arbres de la forêt que nous nous réfugions pour manger des sandwichs aux rillettes de poisson, sous le coffre du Vito.

En fin d’après-midi, c’est au cœur d’un épais brouillard que nous franchissons le col du Brenner qui marque la frontière avec l’Italie.

Sur les routes au cœur des Balkans

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Notre aventure dans les Balkans débute sous la pluie, nos tenues fluorescentes sur les épaules.

Pour rejoindre la « Riviera Albanaise », il nous faut traverser les montagnes et ses paysages sauvages avant de plonger vers son magnifique littoral et la station balnéaire de Sarandë. À notre arrivée sur la côte, les averses deviennent plus éparses. Nous mettons alors le cap au nord et empruntons la route SH8 qui serpente entre les falaises escarpées et les plages de sable blanc. La côte est magnifique. Cette route en hauteur surplombe l’eau turquoise ; et les montagnes environnantes semblent prendre un malin plaisir à y plonger, découpant alors de jolies criques.

Au fil des kilomètres, elle dessert les petites stations balnéaires venues se lover dans les interstices de son relief et traverse de jolis villages hors du temps aux rues étroites et pavées. Après la ville de Dhermi, la route s’élève de nouveau pour franchir le mont Thanasit qui symbolise la fin de cette riviera. De l’autre côté du col, les lacets au milieu des pins noirs se succèdent. À l’ombre de la dense forêt du parc National Llogara, la descente s’effectue avec prudence ; trop peut-être, puisque notre side-car dégage une odeur de brûlé qui nous met en alerte. Nous parvenons à nous arrêter à la sortie d’un virage, pour constater la surchauffe des plaquettes de frein avant ; une situation qui altérait gravement notre capacité à ralentir le véhicule. Pour faire redescendre en température ces plaques de métal fritté, nous jetons un plein jerricane d’eau dessus, avant de reprendre avec une grande prudence la fin de notre descente. Trois lacets plus loin nous retrouvons, rassurés, la plaine à hauteur de la ville de Vlora.

Au Monténégro, dès la frontière passée, nous quittons la route principale pour grimper dans les montagnes et atteindre le point de vue qui surplombe le lac Skadar. Ce lac est le plus important de la péninsule Balkanique et constitue une frontière naturelle entre l’Albanie et le Monténégro.

Après le point de vue, la petite route ondule entre lac et montagne en suivant le pourtour accidenté du lac et en traversant des villages perchés. Sur ce ruban asphalté, les voitures se croisent difficilement. De part et d’autre, des murets de pierre délimitent les champs dans lesquels broutent ânes et moutons. Pour autant, en empruntant cette route, c’est comme si le temps c’était arrêté. Il ne semble y avoir personne à plusieurs kilomètres à la ronde, juste nous, le lac et la montagne.

La fin de cette route P16, nous conduit au charmant village médiéval de Godinje. Ses maisons en pierre penchent les unes vers les autres dans une cacophonie architecturale si attachante. Puis les rives du lac viennent titiller la ville de Virparaz ; nous y refermons cette parenthèse enchantée, traversant une multitude de tunnels sur cet axe principal très fréquenté qui rejoint la célèbre baie de Kotor.

En Bosnie-Herzégovine, après la ville médiévale de Mostar, nous sommes charmés par la petite route sinueuse qui suit le lit de la rivière Neretva, offrant là encore de somptueux paysages sous les douces lumières de la fin de journée.

En contrebas, le lac Jablanicko et ses reflets aux couleurs surnaturelles s’étend entre les montagnes des Alpes Dinariques, au cœur d’une nature spectaculaire que forme le parc naturel de Blidinje et du mont Prenj, surnommé l’Himalaya Bosniaque. Au nord du lac, la rivière creuse un sillon et forme des gorges impressionnantes, dans lesquelles sont venues s’implanter de petites villes, construites autour de vieilles usines qui semblent dater de l’ère soviétique. Un retour dans le temps s’opère, accentué par les nombreuses stèles qui bordent la route, en hommage aux soldats morts pendant le conflit de la guerre de Yougoslavie, à la fin des années 90.

En direction de la Croatie, de nombreux vieux véhicules Volswagen : Golf, Polo ou Transporter nous accompagnent. Nous traversons de vastes plaines agricoles. En cette période estivale, l’heure est au ramassage du foin. Dans les champs, c’est l’effervescence. La technologie est en osmose avec les techniques ancestrales. Ainsi, pas de round ballers mais des meules de paille entassées autour d’un pic de bois qui n’est pas sans rappeler Napoléon et Lafayette des Aristochats qui, bien que confortablement installés dans leur panier de side-cars, connaîtront les déboires d’une course folle la tête dans l’une de ses meules.

Après la visite des lacs de Plitvice et avant de reprendre la route en direction de la Slovénie, c’est à notre tour de connaître une déconvenue. Alors que Julien vérifie la roue de son panier, dont le disque de frein semble faire du bruit ; c’est finalement sur Karadoc qu’il constate une fissure sur notre châssis. Un coup de « blanco » est alors appliqué pour pouvoir suivre son évolution et évaluer la distance pouvant être effectuée avant de trouver un soudeur.

Nous poursuivons doucement notre périple en direction du nord, effectuant une pause tous les 20 kilomètres pour analyser l’évolution de la situation. Mais 100 kilomètres plus loin, dans la ville de Karlovac, nous prenons la décision de mettre un terme à notre étape quotidienne, pour y réparer la fissure le lendemain, chez un soudeur repéré sur internet.

Localisé dans la zone industrielle, au nord de la ville. Nous nous présentons dans ce garage situé derrière une maison pavillonnaire. Sur le petit parking en contrebas, est garée une vieille Zastava qui ressemble à peu de chose près, à une vieille Fiat 500, parfaitement retapée, une preuve pour nous du sérieux et du professionnalisme du soudeur. Les choses s’enchaînent alors très vite. Le jeune garagiste regarde notre fissure, demande de rentrer l’Ural dans son garage et se lance dans le nettoyage de la cicatrice avant de ressouder la fissure. La réparation est effectuée en quelques minutes et contre quelques euros. Mais après une étude plus approfondie, triste est de constater que la réparation n’a pas été faite très proprement. Le plus important reste qu’elle devrait nous permettre de poursuivre pour plusieurs centaines de kilomètres et l’espoir d’atteindre Ural en Autriche.

Nous sommes donc de retour sur la route, mais les ennuis s’accumulent puisqu’une centaine de kilomètres plus loin c’est au tour de l’injecteur droit de Perceval de faire des siennes. Nous échangeons par message avec Marina, l’importatrice de pièces à l’usine de Irbit, pour avoir quelques conseils de la part de la manufacture. Mais le diagnostic reste celui de devoir changer l’injecteur. Par chance, la marque des side-cars nous avait fait le don d’un injecteur de rechange avant notre départ et c’est finalement en Croatie après 34 000 kilomètres qu’il nous faut effectuer cette opération, réalisée par Julien à la station essence où nous sommes arrêtés.

C’est en fin d’après-midi que nous atteignons le petit poste frontière qui nous permet d’entrer en Slovénie et de refermer cette aventure Balkanique.

Rencontre dans les Balkans

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Anne, Régis et leur Volkswagen rouge

En Croatie, nous connaissons un déboire mécanique avec l’apparition d’une fissure sur le châssis de l’un des deux side-cars. Une déconvenue qui nous oblige à nous arrêter pour essayer de trouver un soudeur. Mais ce dimanche, il nous faut nous faire une raison et patienter jusqu’au lendemain pour que l’un des garages des environs soit ouvert.

Nous nous mettons donc en quête d’un endroit où dresser le campement et jetons notre dévolu sur « l’Autocamp Radjonj” à Tusilovic. Nous y sommes accueillis, non pas, par le propriétaire des lieux, mais par Anne et Régis, un couple de retraités lyonnais qui voyage dans un magnifique van transporteur rouge dernière génération, reprenant selon leur mots “tous les atouts de leurs précédents véhicules aménagés”.

Une fois les présentations faites, Régis, vieux baroudeur, nous “amadoue” en nous proposant un petit Pastis bien frais. Sa technique d’approche est rodée : « J’ai par le passé fait quelques voyages au long cours, je sais que l’on ne manque jamais de grand chose, mais que vous ne pourrez résister à l’appel d’un Pastis, car ce trésor ne se trouve que chez nous… »

Nous passons la fin d’après-midi à effectuer une brève révision des véhicules et du serrage de leur visserie avant d’essayer, en vain, de trouver un spot de baignade dans la rivière voisine ; malheureusement ses abords sont rendus inaccessibles par les hautes herbes qui la bordent.

Le propriétaire du camping arrive en début de soirée. Absent parce que son fils a été hospitalisé, il nous offre un verre d’alcool distillé de sa production pour fêter l’annonce des bons résultats médicaux.

L’orage sévit à l’heure de l’apéro. Des trombes d’eau s’abattent en une petite heure sur le campement. Nous trouvons refuge à l’abri du carport aménagé, et partageons bières et cacahuètes sur les tables de pique-nique. Un renard vient nous rendre visite, cherchant certainement lui aussi à se mettre au sec. Une fois le déluge estompé, Anne et Régis, nous rejoignent pour partager un verre. S’ensuit une soirée à se raconter nos aventures respectives, partageant coups de cœur, expériences et anecdotes les plus rocambolesques.

Au petit matin, alors que la rosée sévit encore, nous partageons le petit-déjeuner avec Anne et Régis, qui nous régalent de leur confiture maison de framboises et nous présentent avec fierté leur grille de réchaud qui permet de s’offrir le luxe du pain grillé sur un camping gaz. Comble du luxe, une noix de beurre est sortie du petit frigo du camion. Des accessoires qui ne peuvent s’acquérir qu’après de nombreuses années d’expérience sur la route.

Night Spots dans les Balkans

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Jalaë et la plage de Gjiri i Akuariumit

La première journée sur les routes albanaises nous permet d’atteindre en fin d’après-midi, sa “Riviera.” Dans le sud du pays, du matin au soir, la pluie a dicté ses règles à coup de grosses gouttes. Après de nombreuses semaines d’une météo estivale, la route en est devenue glissante, l’air s’est rafraîchi et un doux parfum de bitume mouillé est venu nous titiller les narines au détour de nombreux virages.

Nous longeons la côte adriatique sur 60 kilomètres, puis quittons l’axe principal de la route SH8 et bifurquons vers la petite ville balnéaire de Jalë. Nous laissons sur notre gauche sa plage de sable fin et lançons nos engins sur un chemin rendu très boueux par les précédentes averses. À mesure que nous avançons, le doute s’installe. Serons-nous en capacité de pouvoir revenir sur l’axe principal tant le terrain est à la fois glissant et accidenté ? Nous décidons de persévérer et de repousser à demain nos préoccupations.

L’effort du soir est récompensé, lorsque nous atteignons la petite plage de Gjiri i Akuariumit, enlacée par les rochers de cette petite crique restée sauvage.

Comme la tradition le veut, nous concluons cette journée de “ride” en partageant une petite bière sur les rochers, le regard tourné vers la mer et le ciel indigo. Ce soir il est chargée d’une pluie cotonneuse et ne cesse d’être menaçant.

Le montage du campement se fera un peu en retrait de la plage de galet, sur un espace plat et dépourvu de cailloux, les pieds dans la glaise.

Au réveil il nous faut démonter le campement avec précaution pour ne pas salir, plus que de raison, les différents équipements. S’ensuit une baignade dans les eaux cristallines de l’Adriatique, pour se débarbouiller et ôter un maximum cette terre qui se sera logée dans le moindre interstice accessible.

Le soleil est de retour depuis le début de la matinée, séchant en partie le chemin et facilitant notre retour vers la route principale et la poursuite de notre périple vers le nord.

Sur les berges de la rivière Drini à Shkoder

Nous atteignons la ville frontalière de Shkoder en fin d’après-midi. En amont de la ville, nous avions repéré sur le GPS un espace de verdure sur les bords de la rivière Drini. Mais lors de notre premier passage, impossible d’identifier le chemin qui rejoint ses rives. En effet ce n’est qu’après avoir fait demi-tour que nous identifions sa petite intersection coincée entre deux petites échoppes. Aussi étonnant que cela puisse paraître, alors que nous avions l’impression d’être entré dans l’agglomération de Shkoder ; derrière deux rangées d’habitations s’étend des champs de céréales et de maïs à perte de vue. En suivant le chemin cabossé, nous atteignons une petite clairière où nous dressons le campement sur les rives de la Drini. Le paysage est un décor de carte postale. Au coucher du soleil la rivière Drini s’échappe en lacets vers les pieds de la Citadelle Rozafa, symbole historique découpant le ciel et ses couleurs rosées.

Après une nuit sous de fraîches températures, la rivière à proximité de la tente offre une parfaite salle de bain. Sous le lever soleil, la douche est des plus revigorantes.

Au petit déjeuner, alors que la cafetière frémit sur le réchaud ; un paysan qui promène sa vache vient nous rendre visite. Comme trop souvent pendant ce voyage, la discussion est impossible, nous essayons bien quelques gestes mais rapidement le silence prend le dessus. L’homme est étonné de notre présence et de celles des side-cars sur son lieu de promenade. Nous sommes touchés par la poésie qui transparaît de cette homme marqué par la vie promenant sa fidèle amie jusqu’à la rivière. Un quotidien aujourd’hui bouleversé par quatre jeunes en voyage, dont résultera très certainement une discussion improbable, lorsqu’il racontera sa journée à ses proches. 

Mais nous n’en saurons rien, ne pouvant que laisser divaguer notre imagination à la reprise du guidon, poursuivant notre voyage vers le nord.