Baignades turques

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Oludeniz

Dix mois plus tôt, nous quittions les rives de la Méditerranée en enchaînant les plongeons depuis les rochers des calanques marseillaises. Sur la côte turque, nous en retrouvons la beauté et la chaleur. C’est derrière la pinède d’Oludeniz, dans un petit bras de mer qui s’infiltre entre les rochers, que nous atteignons son eau verte émeraude, grignotant comme à l’accoutumée, l’univers minéral qui l’entoure.

Nous sommes alors en fin de journée. Fuyant la plage principale de cette ville touristique, nous nous enfonçons dans le fond de la baie et garons les side-cars au bout d’une petite route qui dessert de nombreux complexes hôteliers. Nous poursuivons notre escapade à pied, sur un sentier qui trace son chemin entre les pins pour rejoindre l’eau de l’autre côté de la pointe.

Depuis les rochers, nous piquons une tête, équipés pour la première fois de lunettes de piscine. Quel plaisir de redécouvrir les trésors de la vie sous-marine ! Sur les parois rocheuses, dansent les anémones. Autour de nous, des poissons circulent sans prêter attention à notre présence. Jusqu’à ce que, comme de grands enfants nous nous lançons à leur poursuite dans l’espoir de les toucher, prenant alors un malin plaisir à développer plusieurs techniques d’approche. Mais ces diverses tentatives, comme il fallait s’y attendre, sont restées vaines, laissant ces petits David triompher de ces grands Goliath peu agiles que nous formions.

Nous profitons du temps de séchage, sous les derniers rayons du soleil, pour partager un pique-nique sur la falaise, les pieds au-dessus de l’eau, le regard porté vers l’horizon.

Akyaka

Quelques jours plus tard, c’est à proximité de la ville d’Akyaka, que la Méditerranée nous envoûte à nouveau. Passés cette ville côtière, nous empruntons une jolie route en direction du village de Kiran. La succession de virages révèle à tour de rôle la beauté des eaux cristallines en contrebas. Attirés par son bleu turquoise, nous bifurquons finalement sur la droite et empruntons un petit chemin de terre qui rattrape les rives de la mer. Sur ses bas-côtés, entre les pins, quelques overlanders ont monté leur campement. Nous y rencontrons un vieux baroudeur turc qui, du haut de ses 56 ans, a voyagé 25 ans de sa vie et visité 119 pays. Au pied de son estafette, il nous apprend notamment qu’il vit aujourd’hui au jour le jour dans son van, truffé de trésors. Nous partageons avec lui quelques mots de nos aventures respectives,  en compagnie d’Elena, une jeune espagnole et son petit ami Nicaraguayen. Tous deux utilisent leur vieux transporteur Volkswagen depuis près de 4 ans  sur des kilomètres de bitume.

L’après-midi se poursuit par un footing, pour ma part, le long de la route panoramique avant de se jeter à l’eau. Mis en alerte par les amis voyageurs, à chaque pas, il nous faut être vigilant. Sous nos pieds, de nombreux oursins ont élu domicile, pouvant à tout moment gâcher cette pause fraîcheur. Equipés une nouvelle fois de nos nouveaux jouets, nous prenons plaisir, à l’aide de nos lunettes de piscine, à admirer la vie sous la surface de l’eau. De jolis petits poissons viennent jouer entre les grosses boules noires et leurs piquants acérés, les rayons du soleil venant mettre en lumière la beauté de ce tableau naturel.

La baignade se prolonge, la température de l’eau me permet de profiter pleinement de ce cadre idyllique. Les mouvements de brasse succèdent les longueurs de crawl, le tout entrecoupé de quelques “planches” pour reprendre son souffle et apprécier l’instant présent.

La soirée approchant, il nous faut reprendre la route vers le nord. Notre périple se poursuivant le long de la côte, les baignades, se succéderont jusqu’à la frontière grecque.

Night spot turc

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Alçitepe

Notre traversée de la Turquie d’Est en Ouest représente 15 jours de voyage lors desquels nous avons planté 12 fois la tente. Les montagnes, les volcans, la côte méditerranéenne, autant de paysages que de décors pour notre jardin d’un soir. Mais le camping sauvage qui marqua davantage nos esprits reste la soirée passée sur le péninsule de Gallipoli.

Pour nous y rendre, une fois traversé le détroit des Dardanelles, nous quittons le petit port de pêche de Kilitbahir et mettons le cap sur le sud de la péninsule. Nous longeons la côte sur une petite route sinueuse. A notre gauche, les petites embarcations de pêcheurs se fraient un chemin entre les gros porte-conteneurs au milieu du chenal.

Arrivés dans le petit village d’Alçitepe, nous effectuons une pause ravitaillement, nous y achetons quelques victuailles et y remplissons nos bidons d’eau en perspective du bivouac. Après avoir traversé le village, sous les regards éberlués de ses habitants, nous empruntons un petit chemin qui descend sur 5 kilomètres vers la plage.

Les coups de 16h viennent de retentir lorsque les side-cars sont garés côte à côte, sur le toit d’un vieux bunker qui surplombe la plage. Mais à cet endroit précis, pas un brin d’ombre pour se protéger du soleil et de ses ardents rayons. Pour seule solution, nous tendons une bâche entre les deux bolides pour s’y abriter tout en appréciant la vue sur le large. Nous profitons de la fin d’après-midi en s’adonnant aux joies de la baignade et à l’écriture dans le petit carnet de voyage qui alimente aujourd’hui cet article. Après ce temps de farniente et un temps de bricolage passé à recoller les chaussures de rando fatiguées par les kilomètres avalés ; vient l’heure de la bière de fin de journée. Nous faisons alors la rencontre de Izmet et son ami. Dans un turc presque parfait, nous comprenons qu’ils descendent chaque soir sur la plage, sur ce vieux tracteur qu’ils ont retapé. L’un au volant du vieil engin, l’autre, assis dans un gros fauteuil de salon installé dans sa benne.

Alors que j’avais espoir que la dernière baignade de la journée se fasse au coucher du soleil, ce dernier a finalement décidé de se cacher plus vite que prévu derrière le nuage qui survole l’île turque d’Imbros. L’eau était des plus claires dans l’après-midi et nous permettait de voir à plusieurs dizaines de mètres. Mais, sous l’eau, le ciel violet et sombre ne nous permet plus de voir plus loin que le bout de ses doigts. Une situation qui accroît l’ambiance oppressante des profondeurs.

Le lendemain, le réveil sonne à 5h. Des plongeurs palmes-harpons sont présents sur la petite plage en contrebas, déjà équipés pour la pêche. Nous les observons du haut du bunker, où nous prenons notre petit dej’ au crépuscule, avant de reprendre la route vers le nord et la frontière grecque.

 

Sur les routes turques

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Au poste frontière géorgo-turque, la paperasse administrative nous oblige à nous séparer de Maïka et Christoph, disloquant du même coup le Russian Gang. Les deux side-cars Urals s’élancent donc seuls, sans le UAZ, leur compagnon de route depuis près de 1000 kilomètres. Mais bien entendu sur cet axe principal qui traverse le pays d’Est en Ouest, de nombreux camions et autres camionnettes de livraison nous tiennent compagnie. Tout au long de ces 500 km, nous avançons sur une bande de 5 kilomètres de large grandement bétonnée. L’urbanisation a pris le dessus sur la nature. Au milieu des immeubles se cachent de nombreux minarets ; et par moment, de larges ponts enjambent de petits cours d’eau qui se faufilent jusqu’à la mer Noire. Cette dernière s’étire sur notre droite, jusqu’à ce que nous atteignons la ville de Samsun, alors que, sur notre gauche, défilent les collines verdoyantes des premiers reliefs montagneux de la chaîne Pontique.

Nous entrons ensuite à l’intérieur du pays et partons à la conquête de ses collines et larges plaines. Le paysage est quadrillé de champs de céréales. La période des moissons débute. Aux aurores, les agriculteurs sont à pied d’oeuvre prêts à en découdre avec la terre.

Les fermes sont inégalement équipées. Il nous arrive de voir de vieux engins tourner à plein régime, quand quelques kilomètres plus loin, ils ont laissé la place à des tracteurs occidentaux high-tech.

Puis au cœur de ces terres agricoles, alors que le paysage n’a que peu évolué depuis plusieurs centaines de kilomètres, apparaissent à l’improviste les falaises de la Cappadoce et leurs couleurs ocres et crèmes.

La route serpente entre les massifs rocheux, les différentes vallées et grimpe jusqu’au sommet de la ville de Uçhisar pour offrir un magnifique point de vue sur la région.

La chaleur se fait ressentir, et c’est au soleil couchant que l’on reprend la route entre volcans et bottes de paille pour rejoindre le Lac du Narligöl. Pour rejoindre ce plan d’eau au coeur d’un des cratères de la région, nous empruntons une étrange route où les pavés ont remplacé l’asphalte. Habitués à voir ce revêtement au cœur des cités historiques, nous sommes étonnés de le voir vêtir cette petite route perdue de la campagne turque.

Une nouvelle fois les couleurs dorées de cette fin de journée sont chaleureuses et renforcent la magie du lieu.

L’étape suivante nous conduit au Lac Egirdir. Après une nuit sur ses rives, nous longeons l’étendue d’eau, avec en toile de fond les montagnes environnantes éclairées par le doux soleil du matin. La route se poursuit au milieu des montagnes, jusqu’à une dernière ascension au dénivelé des plus raides qui nous permet d’atteindre le site archéologique de Sagalassos. En contrebas de ce dernier, dans la ville d’Aglasun, nous assistons à une manoeuvre épique d’une mamie. Au volant de son tracteur, elle dévala la pente qui la conduisait de la montagne vers la ville. Freinant tardivement, elle manqua de peu de rentrer dans une voiture, en voulant se garer à côté de nous. Plus de peur que de mal pour elle, et c’est très bien ainsi.

Arrivés sur la côte méditerranéenne, la chaleur sur la route se fait de plus en plus ressentir. Il  nous faut aménager notre rythme journalier pour s’adapter aux fortes chaleurs. Nos journées s’organisaient désormais ainsi : roulage le matin de bonne heure, pause baignade pendant les heures les plus chaudes de la journée, pour enfin reprendre la route en fin d’après-midi afin de se mettre en quête d’un spot de camping sauvage.

Ainsi pour partir à la découverte de la petite crique de la Vallée des Papillons, nous faisons rugir le moteur des bolides dès 6h, avec un choco pour seul carburant dans le ventre des pilotes. Pour rejoindre le petit village surplombant la vallée, nous quittons rapidement l’axe principal pour emprunter la route de la côte. Ce fin trait de vieux bitume irrégulier grimpe sur cette montagne qui se jette dans la mer. Avec la succession de lacets, pilotes et co-pilotes savourent à tour de rôle le spectacle offert par la Mer Méditerranée au lever du soleil.

Notre étape dans la ville balnéaire d’Oludeniz, marque le passage du cap des 30 000 kilomètres de voyage. Un symbole également synonyme de révision mécanique et de vidange. Nous nous procurons l’huile moteur dans une station Shell à l’entrée de la ville. La danse de la clé dynamométrique et des clés plates débute dès 7h dans une petite rue ombragée de Hisaronü, adjacente à celle de notre hôtel. La journée se conclue par les traditionnels réglages des soupapes et graissages des cardans avant de partir chevaucher les engins jusqu’à la plage de Gemiler.

Pour rejoindre le site archéologique d’Ephèse nous empruntons pour la première fois en Turquie, une portion d’autoroute payante. Mais lorsque nous passons les barrières de péage, rien ni personne ne nous empêche de passer sans payer. À notre arrivée dans la ville de Selcuk, nous nous renseignons sur le sujet et apprenons que pour payer les autoroutes nous devons nous munir d’une carte magnétique rechargeable, que l’on peut se procurer dans les agences de la Poste nationale. Nous faisons donc un crochet par le bureau le plus proche pour régulariser notre situation.

Notre périple turque se ponctue par la traversée de la péninsule de Gallipoli. Après une nuit sur l’une de ses plages, nous mettons les voiles sous les premières lueurs du jour. À contre-jour, l’ombre du side-car de Marie et Julien se trace un chemin au coeur des champs de tournesol. Les fleurs du soleil cèdent ensuite la place à de vieux oliviers puis au détroit des Dardanelles, traversé la veille en ferry. En ce début de weekend, de nombreux voiliers sont de sortie et avancent vents arrières vers la Méditerranée, tandis que nous faisons route en sens inverse vers la frontière grecque.

Hisarönu et la côte méditerranéenne turque – 7 jours  – 306 mètres d’altitude

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Nous quittons les montagnes et sa fraicheur pour la côte méditerranéenne et sa chaleur.

Voilà 10 mois que nous avions quitté ses rives. C’était pour charger les side-cars dans les conteneurs lors de notre virée marseillaise.

La mer des Caraïbes, l’océan Pacifique Sud, l’océan Atlantique Sud, la mer de Chine, la mer Baltique, la mer Caspienne, la mer Noire… Tout au long de cette aventure, il nous aura fallu apprivoiser les particularités de ces différentes côtes maritimes qui auront balisé notre périple. Et après avoir mis le cap à l’Ouest, en Russie ; la Méditerranée nous rappelle une nouvelle fois que nous nous approchons du drapeau à damiers.

Nous entamons notre escapade sur la côte turque en partant à la découverte de Patara. Cette cité fut l’une des plus importantes de Lycie (-300 av. JC) et un port majeur de l’empire Romain. Entre terre et dune, le site archéologique permet aujourd’hui de découvrir les ruines majestueuses de l’arc de triomphe, de l’amphithéâtre et de l’assemblée de la cité. Le marbre crème de ces vestiges contraste avec le vert des oliviers et le bleu du ciel. L’avenue principale, bordée de ses colonnes antiques, se dissipe quant à elle progressivement dans les méandres des marécages environnants, offrant au site une atmosphère particulière.

Après une petite heure au milieu de ces vestiges, il est temps pour nous de gagner la longue et belle plage du même nom. Adossée à de vastes dunes, elle s’étend sur 6 kilomètres. Au pied du parking, une paillote fait office de snack et propose des transats aux touristes venus profiter de ce cadre idéal, en cette période estivale. Mais à quelques mètres de là, la plage reprend ses droits et la nature redevient sauvage. Pour nous excentrer et étendre nos serviettes un peu à l’écart, il nous faut relever une dernière épreuve… Celle de pouvoir supporter le sable brûlant qui s’infiltre entre nos doigts de pieds malgré les tongs. Vient alors le moment de savourer le premier bain dans les eaux chaudes et claires de la Méditerranée.

Pour gagner en quiétude, et parce qu’une nouvelle fois il m’est impossible de ne pas savoir ce qui se cache derrière la falaise qui met un terme à la vaste étendue de sable ; j’entreprends son escalade pour apercevoir la mer de l’autre côté de la pointe rocheuse. La côte ressemble à celle des Bouches-du-Rhône. Une eau d’un bleu profond vient heurter la falaise au rythme régulier des vagues. Dans cette roche calcaire qui plonge jusque dans les profondeurs, se forment des cavités léchées par cette eau rendue turquoise au contact de la pierre.

En début de soirée, nous nous mettons en quête de notre spot de camping sauvage à proximité de la ville voisine de Kinik. Nous optons finalement pour un espace ombragé à l’extrémité d’un champs. Mais au crépuscule, après s’être restaurés, au moment de monter les tentes, nous nous apercevons de la présence au sol de nombreuses petites plantes aux piques acérés, qui risqueraient de transpercer la toile. Nous nous mettons donc en quête d’un nouvel espace à proximité ; mais il nous faut rapidement nous rendre à l’évidence, aucun lieu aux alentours n’est optimale. Nous optons donc pour une petite clairière au milieu des pins en contrebas du champs, qui a pour principal défaut d’être en pente.

Nous y connaissons notre pire nuit du voyage ; les chiens errants de la ville ayant aboyés jusqu’à l’aube et le dévers transformant nos matelas en véritables toboggans.

Après cette nuit agitée, le réveil à 5h du matin est donc des plus difficiles.

Deux « chocos » plus tard, nous mettons le cap pour la vallée des papillons. Nous longeons la côte par la route maritime au milieu de la nature et de ses pins, appréciant au petit matin la vue imprenable sur l’eau turquoise de la mer Méditerranée.

La baie des papillons est un vertigineux canyon de près de 500 m de profondeur se terminant par une petite plage au fond d’une crique, accessible essentiellement en bateau-taxi depuis la ville touristique de Oludeniz. Mais il existe une seconde stratégie méconnue, qui nécessite de ne pas craindre le vide et de se munir de bonnes chaussures. Il faut alors emprunter le petit sentier qui permet d’atteindre la crique depuis le village de Faralya, situé sur les hauteurs du canyon. Avares de défis, nous optons pour cette alternative et stationnons les side-cars à l’extrémité du village. Maps.me nous indique que depuis le petit parking, un sentier de 1 km permet de rejoindre la plage en contre-bas. Ce sera le kilomètre le plus lent du voyage. Avec ses 500 m de dénivelé, plusieurs passages relèveront plus de l’escalade que de la randonnée. Accrochés à une corde, nous descendons dans des failles à même le rocher. Mais une fois sur la plage, il règne une atmosphère paisible. Une petite communauté hippie y tient un camping et une cantine. Il est 9h30, quelques touristes prennent leur petit-déjeuner au café, pendant que nous avons toute la plage pour nous.

Après un premier bain dans les eaux claires de la crique, nous prenons un petit-déjeuner au bar. Il s’agit d’un buffet composé d’œufs durs et olives accompagnés de pain grillé et miel. À 11h, vient l’heure de la seconde baignade et des plongeons depuis les rochers ; avant que n’arrivent, quelques minutes plus tard, des hordes de touristes débarqués depuis des bateaux d’où jailli de la musique techno. Le havre de paix est submergé. Nous fuyons le plus vite possible et remontons vers le village. Par chance lors de cette ascension, le sentier et les parois à escalader sont à l’ombre et nous protègent de la chaleur qui devient écrasante.

Nous reprenons les guidons de nos engins et poursuivons la route de la côte pour quelques kilomètres. Nous rejoignons la ville balnéaire d’Oludeniz, qui a fait du tourisme de masse son gagne-pain. Nous prenons possession de nos chambres dans un hôtel d’un bon standing à Hisaronü ; ville également touristique, très prisée des anglais sur les hauteurs derrière Oludeniz. Après une journée mécanique, départ le lendemain pour Akyaka, avant de rejoindre le village d’Hacilar où nous dressons le campement près de la rivière Cine (« Chine en francais ») qui alimente le lac artificiel du même nom.

Réveil à 5h pour prendre la route avant l’arrivée de la chaleur. Nous nous dirigeons alors vers le site archéologique d’Éphèse. À notre entrée dans la ville de Selçuk, qui précède la cité antique, nous commandons dans une pâtisserie, cookies et muffins en guise de petit-déjeuner.

Revigorés par ces notes sucrées, nous partons à la conquête du site archéologique. De part sa grande réputation, cette excursion est très prisée des touristes qui arrivent par bus entier depuis Istanbul. Mais cet afflux massif, n’enlève rien au charme de cette cité parfaitement conservée. Parmi les monuments impressionnants, nous avons pu apprécier l’imposant amphithéâtre, considéré comme le plus grand du monde antique, la bibliothèque de Celsus (prisée des selfies Instagram), son assemblée parlementaire ainsi que de nombreux temples et fontaines.

Après deux bonnes heures de marche dans les ruines, nous retournons à Selcuk manger un snack en terrasse avant de visiter le musée dédié aux vestiges du site d’Èphèse. On y a particulièrement apprécié la reconstitution de la ville en vidéo 3D, permettant de mieux se projeter dans la vie de l’époque. On y retrouve également de nombreuses statues de dieux grecs dont une imposante statue d’Artémis, et les frises de certains temples.

En attendant des températures plus fraîches en fin d’après-midi, qui permettront de reprendre la route vers le nord, nous entamons une petite promenade dans la ville jusqu’à l’entrée de son château, avant de succomber à l’appel d’une glace.

Vers 18h nous reprenons la route vers la grande ville d’Izmir où nous avons repéré, sur l’application iOverlander un spot, quelques kilomètres en amont du village de Kaynaklar. Pour nous y rendre nous traversons le village et empruntons un sentier qui grimpe dans la montagne. Nous ne parvenons pas à trouver le point exact renseigné sur l’application mais nous arrêtons dans un petit espace plat et ombragé pour monter le campement.

Réveil de nouveau aux aurores puisque les prévisions météo annoncent cette journée comme la plus chaude de la semaine.

Nous contournons la ville d’Izmir par la rocade sans difficulté. La route à 2×2 voies n’a que peu d’intérêt, hormis de nous permettre d’avancer rapidement. La chaleur est effectivement bien présente et nous décidons en fin de matinée d’effectuer le dernier relais de 100 kilomètres en deux temps du fait notamment de la présence d’un col sur la première partie.

Nous empruntons, en fin de parcours, une petite route qui rejoint la côte en passant par Koruktasi. La plage à  proximité de ce village est prisé par les locaux qui viennent passer l’après-midi en bord de mer. On trouve finalement un espace à l’ombre d’un arbre où nous installer. Le vent souffle, un père apprend à ses filles adolescentes, à conduire sa voiture dans un champs derrière la plage. Après plusieurs essais et alors qu’elles parvenaient enfin à jouer avec l’embrayage sans faire trop de bruit, survient une crevaison au pneu avant. Un déboire qui fait grandement rigoler ses filles. De notre côté nous consacrons notre après-midi à la baignade dans une eau fraîche et transparente. Celle du soir sera des plus agréables, les locaux s’en étant retournés chez eux, nous laissant seuls avec la mer et le coucher du soleil.

À la suite de cette nuit en bord de mer, le réveil du lendemain se fait plus tardif que les jours précédents, un petit 7h qui fait le plus grand bien. Un plaisir permis par la petite journée de route au programme : tout d’abord 43 km pour rejoindre les vestiges de la ville de Troie, dont il ne reste plus grand chose et dont la reconstitution du cheval est décevante ; avant d’atteindre ensuite la ville de Canakkale, emprunter un ferry pour traverser le détroit des Dardanelles, et rejoindre la péninsule de Gallipoli.

C’est à hauteur de cet étroit chenal, qui permet au cargo de rejoindre la mer de Marmara, puis la mer noire, que nous rejoignons la région de Trace, laissant derrière nous l’Anatolie. Le traversier débarque à Kilitbahir, petit port de pêche adossé à une imposante forteresse en forme de coeur. Étonnés, nous entamons donc la visite de ce château construit en 1571 et aujourd’hui très bien conservé.

Nous prenons place, face à la petite retenue d’eau où sont accostés de jolies embarcations traditionnelles, pour savourer un sandwich de poisson, spécialité locale. À chacun son espèce, sole, truite, ou sardine, il y en a pour tous les goûts. Après la traversée de la péninsule aux guidons des bolides, nous établissons le campement sur un promontoire, avec vue sur mer, à quelques kilomètres du petit village de Alçitepe.

Au petit matin, départ sous les premiers rayons du soleil ; après un peu plus de 100 kilomètres, pause au sommet d’un col dans une station-service où l’on commande à un brave homme en bretelles, des toasts, et des cafés en guise de pause syndicale. Nous y dépensons nos derniers Lyra turques, la frontière grecque n’étant plus qu’à 40 kilomètres.

Göreme et la Cappadoce – 8 jours – 1100 mètres d’altitude

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Nous débutons notre aventure turque en longeant la Mer Noire sur la route 10 ; une large quatre voies parallèle au littoral.

À hauteur de la ville de Ardesen, nous rentrons dans les terres et remontons le lit de la rivière Firtina. Nous passons, une petite dizaine de kilomètres plus loin, sur un petit pont qui enjambe le cours d’eau. Sur l’autre rive, nous arrivons à la base nautique de “Derebeyi Rafting.” Nous y plantons les tentes sur le terrain de jeu de Microbe, une charmante chèvre aux longs poils noirs et blancs.

Au lever du jour, réveil avec le premier appel à la prière ; nous nous préparons rapidement en vue de la longue journée de route qui nous attend. Le petit-déjeuner est cuisiné par notre hôte, propriétaire des lieux et membre de l’équipe national de rafting, servi sur la terrasse au dessus de la rivière. Nous goûtons le Kuymak, une fondue de fromage mélangé à de la farine de maïs et servie avec du pain.

Il est 10h quand nous nous lançons pour une journée de route de 500 km le long de la Mer Noire. Nous traversons les villes de Rize, dont l’équipe de football vient d’accéder en première division, de Trabzon et de Samsun. Nous circulons tout au long de notre trajet le long de la côte, sur une bande urbanisée large de 5 km. À notre gauche la Mer Noire que nous apercevons entre les immeubles, et à notre droite les collines verdoyantes des montagnes de la chaîne Pontique.

Nous effectuons une petite pause pique-nique sur une des plages de galets qui borde la 4 voies. Au menu, un gros pain et du fromage. Passé Samsun, nous poursuivons notre route en quittant la côte pour les collines. Au sommet de l’une d’elles trône un immense drapeau turque qui vole au vent. Bien qu’il est difficile de vous donner sa taille exacte, il devait bien faire une dizaine de mètres de large. Sa couleur rouge rompait catégoriquement avec le camaïeu de verts des collines environnantes. Nous quittons la route principale pour trouver un spot propice au bivouac sur les hauteurs, derrière la petite ville de Kavak.

Nouveau réveil matinal pour partir à l’assaut de la Cappadoce et des 400 km de la journée, qui nous permettent de rejoindre Göreme en fin d’après-midi. Nous montons le campement dans un camping en périphérie de la petite ville. Une fois dressé nous prenons, à pied, la direction du centre-ville. Göreme a la particularité de posséder un centre historique composé de petites rues et d’habitations troglodytes. Pour le coucher du soleil, nous grimpons sur la colline qui surplombe la ville. La lumière s’adoucit progressivement révélant la beauté de l’architecture locale.

À 4h30 du matin nous sortons de notre sommeil au son des montgolfières qui se gonflent. Nous quittons les duvets en vitesse, et enfilons les sacs à dos pour partir à la rencontre de ces mystérieux engins, véritables attractions locales.

C’est vers 5h qu’a lieu le clou du spectacle. Dans le ciel, plus d’une centaine de montgolfières virevoltent sous les premiers rayons du soleil. Nous prenons le petit-déjeuner à proximité de leur aire de départ ; avec pour fond sonore les coups de gaz qui gonflent les ballons.

Leur ballet au-dessus des cette structure géologique hors du commun durera près de deux heures. Le soleil finissant par gagner de l’altitude dans le ciel, nous laissons derrière nous les dernières montgolfières pour entamer une randonnée dans les vallées rouges et roses du parc national. Le décor est magnifique et dépourvu de tout touriste à cette heure matinale. Dans ces vallées, au milieu de ce décor qui pourrait s’apparenter à de la chantilly aux couleurs pastel, la végétation se fait rare. Et pourtant  au coeur des petites gorges formées par la roche, dès que l’espace le permet, quelques petits lopins de terre sont cultivés. À un croisement, une petite porte sculptée dans la falaise nous intrigue. Alors que de l’extérieur, rien ne laissait présager un trésor, une chapelle se révèle à nous. En son coeur, d’impressionnantes colonnes sont révélées par la lumière matinale du soleil. Quelques centaines de mètres plus haut sur le sentier, une seconde petite chapelle est elle surprenante pas la qualité de ses fresques murales, peintes à même la roche.

À différents carrefours stratégiques de ces deux vallées, des petits cafés se sont installés pour satisfaire la soif des marcheurs.

Nous ne nous laissons pas tenter par une pause fraicheur, de peur de ne pas pouvoir quitter les coussins si accueillants qui y sont disposés. Nous poursuivons donc notre chemin qui grimpe alors sur le sommet de la colline avant de redescendre ; puis de passer par des tunnels ou dans des cours d’eau avant de remonter de nouveau pour atteindre un plateau où un viticulteur entretient ses vignes. Nous redescendons dans le village de Göreme en empruntant un chemin moins bien balisé, slalomant au milieu de petits vergers.

L’après-midi est consacrée à la farniente, entre plongeons dans la piscine et montage de vidéos. Pour nous remettre de ces efforts, nous dînons dans un restaurant de la ville avec au menu un “kebab pottery” servi dans un petit ramequin en terre, coiffé de son pain.

Le lendemain, après quelques longueurs matinales dans la piscine et une rapide révision mécanique des side-cars, nous partons découvrir la Love Valley ; à 5 kilomètres de la ville de Göreme. Cette vallée a la particularité de posséder des rochers que l’érosion a taillé en forme de pénis !

Nous prenons ensuite la direction du petit village perché de Uchisar, qui possède en son sommet un important piton rocheux dans lequel a été creusé une étonnante forteresse troglodyte aux innombrables galeries. Dans une des petites rues du village, nous savourons notre premier Tzatziki du voyage. Cette adresse, certes touristique, possède néanmoins une terrasse à couper le souffle qui surplombe le parc national de Cappadoce.

La journée se termine par la visite de l’ancienne ville souterraine de Derinkuyu. Créée sur pas moins de 8 étages, cette ville pouvait en tant de guerre, accueillir 20 000 personnes de la région qui venait y trouver refuge. Lors de la visite, nous parcourons les différentes galeries accessibles (10 % du site environ), mais il est difficile de pouvoir imaginer la vie et son effervescence en période de conflit.

Nous enfourchons une dernière fois les side-cars pour nous rendre à quelques kilomètres de là, au lac Narli Göl, où nous établissons notre campement pour la nuit. L’arrivée en haut du volcan et la descente dans son cratère ponctue cette journée de la plus belle des manières.

Après une nuit fraîche et une baignade dans le lac au réveil, nous reprenons la route en direction de Konya, où nous arrivons en fin de matinée. Après avoir trouvé un petit hôtel en centre-ville, nous nous mettons en quête du déjeuner. Dans la rue piétonne adjacente, alors que ses voisins voient leur terrasse dépourvue de tout client, celle de Mithat Tirit Salonu est pleine à craquer. Intrigué nous jetons donc notre dévolu sur ce restaurant qui sert un plat unique : le Tirit Kebab, une viande de mouton cuite à la broche puis gratinée au four avec du persil, des tomates, du pain et de la crème.

L’après-midi est consacrée à la découverte, à pied, de la ville. Nous découvrons son impressionnante mosquée, et visitons le mausolé de Mevlana, un grand philosophe mystique de l’Islam turque à l’origine de la philosophie du “Soufisme”. Sa rencontre avec un derviche (pouvant être assimilé à un pèlerin turque) l’inspira. À la mort de ce pauvre homme, Mevlana inventa une danse en son honneur. C’est ainsi que la légende raconte la naissance de la confrérie des “Derviches Tourneurs” et de leur célèbre danse, devenu aujourd’hui l’une des principales curiosités de la ville. Malheureusement nous n’aurons pas l’occasion de pouvoir voir l’un d’eux, si ce n’est dans les boutiques de souvenirs.

Nos pérégrinations se poursuivent au musée des armées, avant de s’offrir une petite glace dans le parc Aladin, et de se rafraîchir dans le parc de la culture et ses fontaines. Pour conclure la promenade, impossible de mettre la main sur une bière, nous nous contentons donc d’un jus de citron pressé sur la jolie place ombragée de Aziziye puis d’un kebab au coin de la rue.

Au petit-déjeuner, un joli buffet composé d’olives, de tomates, de concombre et d’oeufs durs accompagnés d’une tartine de miel, rien de tel pour prendre des forces avant d’affronter le trafic de Konya sous un soleil de plomb. Nous empruntons un axe majeur jusqu’à la ville d’Aksehir, avant de bifurquer pour longer le lac Egirdir, avec en toile de fond les montagnes environnantes. Nous passons la fin de l’après-midi à contempler l’étendue d’eau. La baignade fut malheureusement infructueuse, sur cette petite plage de cailloux, l’eau sur plusieurs mètres, n’a jamais pu dépasser la hauteur de mes genoux. Pour le camping sauvage du soir, nous empruntons un petit sentier de l’autre côté de la route. Le spot offre une jolie vue sur le lac et les montagnes environnantes.

Petit déjeuner de bon matin sous de fraîches températures, le jour choisi par le réchaud pour faire des siennes au moment de chauffer l’eau du thé.

Nous atteignons en fin de matinée le site archéologique de Sagalassos. La ville est aménagée sur une terrasse perché sur le flanc de la montagne Akdag, au milieu de la chaîne du Taurus.  Pendant toute notre visite, nous savourons le bonheur de découvrir, seul et sans horde de touristes, ce site majeur, magnifiquement conservé et restauré. Les sentiers au milieu des ruines sont restées très bucolique ce qui donne à ce lieu chargé d’histoire une ambiance des plus sympathiques. Au coeur de ce qui devait être son forum, nous restons subjugués devant sa magnifique fontaine dont l’eau aujourd’hui s’écoule toujours. Sur les hauteurs, le théâtre est lui aussi dans un état de conservation exemplaire, en prenant place dans ses gradins, il est facile de rêver à une représentation antique avec en arrière-plan, une vue imprenable sur les montagnes environnantes.

En guise de déjeuner nous optons pour une “pide”, pizza turque, sur la place principale de la ville de Aglasun située en contrebas. Avons nous été trop gourmand ? Une chose est sûr, au moment de reprendre la route vers le sud, le ciel se charge de nuages. Contraint de nous arrêter à un feu rouge dans l’agglomération de Bucak, l’orage fait rage et l’averse qui l’accompagne nous mouille jusqu’aux os. Quelques dizaines de kilomètres plus loin, alors que le soleil a refait son apparition, nous quittons l’axe principal pour emprunter une route secondaire, qui s’élève dans la montagne. En haut du premier col nous bifurquons sur un petit sentier que nous suivons sur 1 kilomètre jusqu’à trouver un joli terrain plat sur la crête de la montagne. Une petite esplanade où nous dressons notre campement pour la soirée et la nuit.

Après le traditionnel petit-déjeuner de bivouac, savouré cette fois-ci avec vue sur les montagnes, nous prenons la direction de la côte méditerranéenne ; ouvrant une nouvelle parenthèse de notre aventure turque.


NOTRE COUP DE COEUR
Où manger ?

Restaurant Mithat Tirit Salonu
Yusufaga Sk. 21/A Aziziye Mah, Konya 42030

Une terrasse noire de monde qui met la puce à l’oreille. Ici pas de carte mais un plat unique le tirit kebab, tout simplement savoureux.