Baignade lettone

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La mer Baltique, ce nom qui résonnait dans mon imaginaire comme étant le nord, le froid et la neige. Un espace maritime qui fut le terrain de jeu des vikings au 9e siècle ; ce peuple célèbre pour son esprit d’aventure. La légende raconte d’ailleurs qu’après un bon combat ils n’hésitaient pas à se jeter à la mer et ce même en plein hiver. Cette histoire inspire, aujourd’hui encore, les clubs de baignade hivernale à travers l’Europe. Comment dans ces conditions ne pas succomber au charme de cette côte si envoûtante, qui appelle à de douces brasses revigorantes. 

Je ne suis pas parti autour du monde avec l’idée de me baigner dans toutes les mers que je côtoierais, mais progressivement l’idée a fait son chemin. Arrivée en Lettonie, ce petit plaisir s’est associé au défi de se baigner. Au mois d’Avril, au nord du 50e parallèle quand à cette même période il est souvent difficile, de tremper ses pieds dans le Golf du Morbihan.

Ce matin là, les rayons du soleil transperçaient les carreaux des fenêtres en bois pour venir réchauffer la boiserie de notre chalet à Jurmala. L’ensemble des éléments était réuni et une occasion peut-être unique se présentait pour répondre l’appel de la mer Baltique. Après un bon petit-déjeuner,  je descendis quatre à quatre l’escalier qui mène au jardin ; sac à dos sur l’épaule, maillot de bain et serviette dans sa poche principale. Je pris alors la direction de la plage d’un pas décidé. J’empruntai le petit chemin arboré, savourant la douceur de ce weekend d’avril, la saveur de ce début de printemps et la fraîcheur de l’air marin. 

C’est par de petits caillebotis que le sentier conduisit mes pas au milieu des pins jusqu’à cette vaste étendue de sable. Sur ce large ruban doré, sans le moindre relief sur des dizaines de kilomètres, se promènent plusieurs familles.

À plusieurs dizaines de mètres, sur ma gauche, un nageur fait quelques brasses. La vue de ce baigneur pique mon orgueil et entérine ma décision. Je n’ai plus le choix, si un letton est à l’eau, un breton se doit de le suivre. Je pose à mon tour, le sac dans le sable et y pioche le maillot de bain pour me mettre en tenue. Cette transition vestimentaire reste d’ailleurs gravée dans ma mémoire tant le froid nordique est venu pincer mes tétons, de manière presque aussi forte que ce vieux mauvais jeu de collégiens.

Après deux-trois pas dans les eaux fraîches, pour ne pas dire « glacées » de la mer ; il n’y a pas de doute, dans mon départ précipité pour la rejoindre. Je n’ai pas vérifié les horaires de marée haute. Erreur de débutant. Il faudra donc s’astreindre à une marche d’une centaine de mètres pour avoir de l’eau à la taille. Une épreuve de plus, pour gagner un peu de profondeur et pouvoir savourer quelques mouvement de crawl et une planche de quelques secondes. Rapidement la température de l’eau nous rappelle à la réalité. Le retour vers la serviette se fait sans tarder, le séchage est énergique et la veste polaire est vite renfilée. Les mouettes, au-dessus de ma tête se moquent de la situation. La mer baltique se mérite, un véritable rite de passage pour les futurs vikings qui partent dans les prochains jours à la conquête de la Russie…

Expériences lettones

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La planche à roulette

Je ne pensais pas, en débutant le skateboard à l’âge de 21 ans ; qu’un jour, descendre au guidon d’un Ural, les douces courbes d’un col de la Cordillère des Andes réveilleraient en moi une envie soudaine. Celle de prendre la planche pour se lancer dans une série de virages, sur cet asphalte noir mat et jouer de part et d’autre de la ligne jaune. Ce trait continue qui sépare la route en deux moitiés égales, avant de se déporter à l’extérieur de la courbe, comme une ligne de vie qui indiquerait la meilleure des trajectoires dans ces virages en épingle.

En Lettonie, le roller est roi, la trottinette n’a pas encore connu l’essor qui lui est réservé sur les trottoirs parisiens et les skateboards restent cantonnés à des spots spécifiques de la ville. C’est dans une boutique de bibelot rock’n’roll du centre historique de Riga que nous nous faisons conseiller l’adresse d’un skateshop. Mais une fois passé le pas de la porte de la petite échoppe consacrée aux sports de glisse, triste est de constater qu’une grande partie des rayons es consacrée aux « quatre roues en ligne ». Cependant, patientant gentiment sur les racks, une dizaine de boards se dorent la pilule derrière la vitrine. Il y en a pour tous les goûts, du longboard au cruiser en passant par la planche traditionnelle.

Alors que cet achat répond purement et simplement à un « coup de tête », nous fîmes tout de même avec Julien, un choix de raison. Au vu des nombreuses contraintes initiées par le voyage, il nous fallait une planche résistante aux vibrations et aux intempéries, tout en respectant notre budget serré. Cette envie passionnée ne pouvait effacer d’un simple revers de mains, toutes ces fois où nous avons fait le choix de l’économie pour s’offrir un tel petit plaisir, dont on ne sait pas s’il trouvera sa place sur ce side-cars déjà bien chargé

Bref c’est donc sur un cruiser en plastique vert pâle et aux roues de couleurs pastels que je jette mon dévolue.

Pour la première sortie, nous optons pour la piste cyclable qui longe le fleuve de la Gauja. Une jolie balade, sur les quais au coucher du soleil, qui marque le plaisir retrouvé de la glisse urbaines. Une reprise en main en douceur avant de s’attaquer aux lignes droites de la Taïga.

Le caleçon de voyage

La préparation du voyage a nécessité, plusieurs mois ; le choix des vêtements, plusieurs semaines ; le nombre de caleçons à mettre dans la valise, juste quelques secondes ! Loin de m’imaginer la souffrance qu’endurerait les sous-vêtements, face à notre nouvelle réalité du quotidien, je suis parti sereinement, avec 5 caleçons de ma vieille armoire. N’en emportant pas beaucoup, j’ai même eu le culot de prendre mes préférés ! N’imaginant pas une seul seconde que j’allais leur mener la vie dure.
Dès les premiers jours en Colombie, la réalité me rattrapa, m’obligeant à prendre conscience que la machine à laver serait un appareil électroménager qui deviendra un luxe. Force est de constater qu’avec moins de caleçons que de jours dans la semaine, pas le choix, il faut se plier aux joies de la lessive à la main. Le moindre robinet d’eau froide sonne alors le signal d’une touche de propre pour les sous-vêtements. Un exercice sympathique qui devient notre nouvelle routine à chaque douche croisée sur notre chemin. Mais voilà, les frictions du tissu et les torsions de l’essorage distendent rapidement les fibres de coton.

Les vibrations de la selle de notre destrier, sur les pistes d’Amérique du Sud, achèveront le travail. Et alors qu’habituellement mes caleçons avaient une expérience de vie de plusieurs années ; pendant le voyage les premiers trous apparaissent dès les premières semaines.

Inutile donc de vous préciser qu’à notre arrivée en Lettonie, le plus usé d’entre eux a déjà servi de chiffon de mécanique et qu’il est grand temps de changer les autres.
Pour cela direction le centre commercial du centre ville où je flashe sur l’imprimé feuillu de boxers d’une enseigne de prêt-à-porte peu éthique. Je me laisse tout de même séduire par le charme de ce motif, qui me permettra de porter toujours sur moi un petit bout de jungle laotienne.

La reprise du footing

Notre break de quelques jours à Riga est également l’occasion de prendre un peu de temps pour soi. Habituellement le rythme du voyage itinérant ne laisse que peu de créneaux disponibles pour s’adonner à un peu de sport. Cette interlude dans la capitale lettonne m’offre donc l’opportunité de rechausser les chaussures de running. En fin de matinée, je prends donc la direction du parc Bikernieku à l’Est de la ville pour m’y dégourdir les jambes. L’enthousiasme de cette sortie rend les premières foulées aériennes ; je trémousse même d’impatience à chaque feu rouge de la large avenue qui conduit au parc. Mais rapidement le poids du corps se fait ressentir, et chacun des pas s’alourdit ; tel un cauchemar où l’on souhaiterait courir pour fuir le monstre sans ne parvenir qu’à marcher.

Pour autant la séance reste agréable, je traverse la piste du circuit automobile pour gagner l’étang qui se situe au centre de la piste. Les rayons du soleil viennent se refléter dans ses eaux  après s’être frayés un chemin entre les branches des pins. Aucun vrombissement de moteurs ne vient perturber la quiétude des lieux, l’asphalte étant aujourd’hui d’avantage le terrain de jeu des bicyclettes et des rollers. La météo est clémente et a incité de nombreux citadins à venir profiter de l’espace de ce parc. Je croise ainsi, sur le large chemin cendré, des personnes âgées et des mères de famille poussant leur poussette. Ce sont mes spectateurs du jour, à chaque fois que je croise leur regard, esquissent un sourire ou me saluent d’un mot que je n’ai malheureusement pas compris mais ils me souhaitaient, très certainement, le bonjour.

Pour plus de piment, je quitte les grands axes du parc et suis le balisage d’un circuit VTT. Il emprunte un petit sentier qui monte puis redescend au rythme des petites buttes qui jalonne le parc.

Les douze coups de midi retentissent au loin et m’invite à regagner notre lieu de résidence. C’est pas le tout, mais un grand programme de révision mécanique nous attend cet après-midi.

Night spot Letton

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Notre arrivée en Lettonie marque notre come-back sur l’asphalte ; et qui dit retour sur la route, dit retour des soirées bivouac. Après deux mois sans monter le camp, nous attendions avec impatience de planter de nouveau les sardines de la tente.
Le petit aléa de visa nous servit de prétexte pour s’offrir un weekend de baroudage aux alentours de la capitale lettone.

Après une journée à enchaîner les virages et les cascades du Parc National de la Gauja, nous nous dirigeons en fin d’après-midi vers Césis, la principale ville du parc.
Nous quittons son bourg, en mettant cap au sud, et suivons alors par curiosité les panneaux dotés d’un pictogramme de skieur. Au détour d’un croisement la zone d’arrivée d’un vieux tir-fesse nous fait face. La neige a depuis peu fondu et les remontées mécaniques débutent donc leur hibernation estivale. Nous bifurquons alors sur notre gauche et empruntons un chemin qui descend vers la rivière. Après quelques centaines de mètres sur un étroit chemin au milieu des arbres, nous débouchons sur une vaste clairière, qui sera notre spot pour la nuit.

Sous la douce lumière des derniers rayons du soleil, je m’assoupis et entame une petite sieste dans le panier du side-car. Je ne me réveille qu’à la tombée de la nuit un peu désemparé ; ne sachant ni l’heure ni la durée de ma sieste et gêné d’avoir fait patienter les copains pour l’apéro. Il est donc l’heure de la bière de « fin de journée » autour d’un joli feu de bois ; suivi en guise de dîner des traditionnelles pâtes au pesto, la spécialité culinaire de nos soirées bivouac.
En cette fin du mois d’avril, le froid se fait vite ressentir, et rapidement nous nous glissons dans nos duvets au chaud sous la toile de notre fidèle chambre.

Au réveil, la rosée du matin a humidifié tout le campement. Cependant le soleil pointe déjà le bout de son nez, révélant de jolies couleurs sur les pins et sapins qui entourent la clairière.
Nous savourons notre petit-déjeuner en mode « pépouze », le temps que les tentes sèchent. Il nous faut ensuite re-packter tout notre attirail pour lever le camp. Au programme, retour vers la capitale en empruntant les chemins de traverses au milieu du parc. Nous pique-niquons à la cascade de Septinavotu Lielais Udenskritums. Posés sur nos rondins de bois, nous dévorons nos sandwichs de rôti. La route longe ensuite les jolis lac de Raiskuma et Auciema, avant de se transformer en une piste de tôle ondulée sur quelques kilomètres jusqu’au village de Stable.
Nous laissons alors derrière nous le parc national de Gauja, qui nous offrit cette douce première nuit de camping sauvage en terre Eurasiatique.

Sur les routes Lettones

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Notre aventure sur les routes lettonnes débute par la récupération de nos side-cars au port de Riga.

Pour nous aider dans cette mission, Mikhail, l’agent mandaté par la société de transport, nous donne rendez-vous de bon matin dans un café du centre-ville.
Les premiers signes d’inquiétude apparaissent quand, à notre grand étonnement, en ouvrant la porte de ce lieu guindé, nous faisons face à une salle vide. Pour patienter nous commandons l’un des expressos les plus chers du voyage. C’est finalement avec une petite demi-heure de retard que Mikhail prendra place à nos côtés, sur la banquette de notre table.
Les présentations faites en quelques minutes, Mikhail se dirige vers la sortie, suivi dans son sillage pa Julien et Emilie. Le trio prend place dans la grosse Dodge Challenger blanche de notre intermédiaire, garée de l’autre côté de la rue. À son démarrage, le moteur ronronne ; avant de rugir sur les premiers mètres de la large avenue. Tous trois prennent la direction du port, laissant Marie et moi, seuls avec nos sacs à dos. Une nouvelle fois, il nous est impossible en tant que « seconds conducteurs » de participer à la sortie des véhicules du conteneur et à leur importation sur le territoire. Nous regardons donc le monstre d’acier s’éloigner, derrière la vitre du café ; espérant revoir ce soir, Emilie et Julien au guidon de nos fidèles destriers. Pour eux, la journée marathon des démarches administratives débuta au bureau des douanes avant de se poursuivre au port. La frayeur la plus importante est survenue lorsque les autorités douanières sollicitèrent, le passage du conteneur aux rayons X. Provenant d’Amérique du Sud, ils souhaitaient ainsi vérifier son contenu, avant son entrée sur le territoire européen. Une étape que Mikhail réussira, par sa force de persuasion, à nous faire exempter. Une chance au vu des difficultés logistiques auxquelles il aurait fallu faire face et aux coûts engendrés par cette organisation. Une nouvelle fois il aura fallu nous armer de patience pour revoir nos motos. Mais rien d’insurmontable puisque finalement seules quelques heures auront été mobilisées pour leur libération ; un laps de temps très court en comparaison avec la petite semaine passée à Carthagène en Colombie, lors de leur arrivée en Amérique du Sud.

Quel plaisir de retrouver nos bolides et de retrouver le goût de l’asphalte au guidon de nos trois roues. Rien d’extraordinaire pourtant que de réaliser les premiers kilomètres dans la capitale lettonne. Mais son atmosphère légère et son doux trafic, en comparaison aux précédentes capitales traversées est en harmonie avec notre conduite. Pour la première fois du voyage, j’ai le sentiment que l’Ural a toute sa place dans ce décor. Il est loin le temps où notre destrier était en parfaite opposition avec ceux de nos amis sud-américains qui chevauchaient fièrement nos amis équidés ou de puissants véhicules tout droit venus des États-Unis ou du Japon. Ici nous passerions presque inaperçus sur ces immenses avenues le long des rails des vieux « tram » bleus et blancs de l’ère soviétique.

Après un voyage de 40 jours sur les eaux tumultueuses de l’Océan Atlantique, celles de la Manche, de la Mer du Nord puis de la Mer Baltique, il nous faut commencer par une petite journée de maintenance, pour nous relancer sereinement dans notre périple vers l’Est. Dans les rues de Riga, nous nous mettons tout d’abord en quête de 2 litres d’huile moteur (une des recherches les plus rapides du voyage, grâce à l’aide de Mikhail) avant d’entamer nos vidanges du moteur, de la boite de vitesse et du pont. Un petit contrôle des serrages, une session graissage au WD40 et voilà les bolides fin prêts à reprendre la route.

En fin d’après-midi, Mikhail nous rejoint pour la première virée au guidon des side-cars. Il est fier de nous montrer sa moto Victory blanche. Accompagné de son pote Vitalys qui conduit, lui, un BMW 1600 cm³ bleue marine, nous prenons la direction du Nord-Est, pour rejoindre le Parc National de Gauja.

Ce parc sera notre terrain de jeu pendant les prochains jours le temps de recevoir nos visas pour la Russie. Nous y visiterons la piste nationale de Bobsleigh à proximité de la petite ville de Sigulda. En haut de cette infrastructure métallique, nous y découvrons une vue imprenable sur les lacets de la rivière Gauja.

Les petites routes du parc offrent un cadre extraordinaire pour tous les adeptes de petites sorties en deux ou trois roues. Un enchaînement de virages débouchant sur des cours d’eau, des lacs ou traversant de jolies forêts de pins. Nous pique-niquons sur les rives de la Vaire à proximité d’une belle bâtisse désaffectée, avant de nous lancer dans une course aux cascades. Réparties aux quatre coins du parc, elles sont un excellent prétexte à de petites pauses rafraîchissantes.

On y a ainsi découvert la cascade de Davida Dzirnavu Avoti et celle de Daudas Üdenskritums ; 3ème chute d’eau la plus haute de Lettonie, du haut de ses 2 mètres environ. Je vous l’accorde, sa dimension est à relativiser en comparaison avec les impressionnantes cascades de la jungle asiatique.
Sur le bord des routes, au cœur de la forêt, loin de tous villages, nous sommes également surpris d’apercevoir de nombreux cimetières orthodoxes. Ils ont l’étrange particularité d’être nichés au cœur de la forêt. Les pierres tombales y sont clairsemées sous les arbres, et y règne une atmosphère paisible, propice à la méditation et au recueillement. Un décor étrangement beau et tellement moins pesant que nos grands quadrillages bétonnés.

Ces premiers beaux jours correspondent en Lettonie à l’ouverture de la saison des motards. Ici, comme pour la pêche ou la chasse, les motos ont donc une période privilégiée pour rouler. Ce premier week-end ensoleillé est l’occasion de sortir les chevaux. Nous croisons de nombreux motards au guidon de grosses motos souvent typées « Gold Wing ».

Au petit matin et avant de passer rechercher nos visas russes à Riga, nous profitons d’une clairière pour procéder au changement de nos pneus de roues arrières. Armés de nouvelles gommes, les bolides sont fin prêts à reprendre l’aventure en direction de l’Est. L’asphalte russe se rapproche et avec lui le lieu de naissance des Urals. Mais pour cela il faudra encore patienter quelques kilomètres, la traversée de l’Estonie et celle de la Narva, rivière faisant office de frontière entre l’Union Européenne et la République Fédérale de Russie…

Riga – 15 jours – 10 mètres d’altitude

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Depuis Ho Chi Minh, au Vietnam, notre vol long courrier atterri à Helsinki. À peine arrivés sur le tarmac de l’aéroport finlandais, nous montons dans un nouvel avion en direction de Riga, la capitale Lettone. Les coups de 10h n’ont pas encore retentis lorsque nous foulons pour la première fois le sol de l’Union Européenne, sept mois après avoir quitté son territoire.

À la sortie de l’aéroport, la première épreuve consiste une nouvelle fois à déchiffrer les panneaux. Au premier coup d’œil, nous sommes tout d’abord rassurés de retrouver un alphabet latin. Mais nous déchantons finalement rapidement car beaucoup de consonnes possèdent des accents. De plus, le letton ne prend ses racines ni dans les langues latines, germaniques ou russes. Le letton est une langue unique qui a traversé les siècles malgré les nombreuses périodes d’invasion qu’a connu le pays.

Mais revenons en à notre recherche de bus ; qui à ce moment là est au point mort…
C’est finalement au culot que nous arpentons le parking désert du petit aéroport et finissons par identifier le minibus qui assure la liaison avec le centre-ville de Riga.

Après quelques minutes de trajet, nous arrivons au pied de la gare centrale de la capitale. Ce n’est encore que la fin de matinée et nous profitons pour nous lancer, chargés de tous nos bagages, dans notre quête d’une agence de tourisme. L’objectif est de résoudre au plus vite la question de l’obtention du Visa Russe.

Notre retour sur le territoire européen, nous permet de nous lancer dans des recherches sur internet pour trouver trois agences qui puissent nous renseigner. Après deux premiers échecs, nous nous présentons au pied du troisième immeuble ; le doute subsiste. Rien ne laisse présager l’existence d’une agence de voyage dans ce vieux bâtiment, si ce n’est la plaque de l’entreprise à gauche de la porte. Par la cage d’escalier de l’immeuble, nous grimpons au troisième étage. Sur le palier un support de communication indique la présence de l’agence. Au bout d’un couloir, plongé dans le noir, la lumière jaillit d’un petit bureau. Nous sommes reçus par une jeune femme, qui parle un anglais approximatif, mais bien suffisant pour répondre à notre requête et nous aider dans la réalisation de ce visa.

Après cette péripétie, qui nous permis d’entamer ces démarches administratives, nous nous laissons tenter par un petit bagel sur le pouce, avant de prendre nos quartiers dans un petit appartement du centre-ville. Pour le dîner du soir, nous décidons de nous rendre au marché central de Riga (Rupniecibas Precu Tirgus) à quelques pas de notre camp de base. Les bâtiments de ce lieu atypiques sont hors du commun. Créés à l’origine pour accueillir des dirigeables, ils abritent aujourd’hui des étales de poissons,  de fromages, de pains et de bien d’autre produits locaux.

Autour de ces bâtiments, un important marché aux fleurs s’est installé, apportant de magnifiques touches de couleurs au milieu de ces imposantes structures de béton. Derrière un vase de marguerites, posé sur une table de pique-nique je crois reconnaître Mamie Nénette, en train de vendre les bouquets de son jardin normand…

Après une nuit rallongée, afin de nous remettre du décalage horaire, nous nous mettons en action pour découvrir le centre historique de la capitale lettone.
Une balade sous le soleil, où chacun de ses rayons révèlent la beauté de ses petites rues médiévales célèbres pour leurs pavés et leurs vieilles bâtisses aux murs colorés (dont les plus emblématiques sont la maison des « Têtes noires » et les maisons jumelles des « Trois Frères »). Nous assistons à la relève de la garde au château de Riga, lieu de résidence du président letton, avant de regagner les larges avenues où circulent de vieux tram hors d’âge. Au bout de l’une d’elles, le monument de la Liberté trône, droit comme un I.

Pour profiter de la douceur du week-end de Pâques, nous mettons les voiles vers la mer Baltique. Au départ de la gare centrale, nous montons dans ce qui s’apparente à un « train de banlieue » pour rejoindre la station balnéaire de Jurmala, et plus précisément son quartier de Jandubulti, ancien village de pêcheur.
A notre arrivée dans la petite gare, perdue au milieu des pins, pas un chat. Le guichet d’information est désert et pas l’ombre d’un agent pour nous indiquer la direction de la ville. Nous empruntons donc au feeling un petit chemin goudronné au milieu de la forêt, qui nous mènera jusqu’à notre gîte.
Jurmala, est une succession de vieux villages de pêcheurs au milieu de la pinède. Mais aujourd’hui, pour ce Cap-Ferret letton, l’activité principale reste le tourisme. Au milieu de la forêt, se cache de nombreuses villas et de vieilles bâtisses domaniales dont le bardage en bois est peint de jolies teintes de couleurs pâles.
L’accès à la plage se fait par le petit chemin emprunté précédemment qui traverse la zone boisée avant d’atteindre la longue bande de sable qui s’étire sur des dizaines de kilomètres. À l’endroit où les grains de sable rencontrent les aiguilles de pins, est érigée la sculpture de la Raina Priedes, un arbre métallique en hommage à un poète local. Une œuvre qui n’est pas sans nous rappeler celles de l’atelier LMB.
Notre balade, les pieds dans le sable, nous conduit jusqu’au quartier/village suivant de Majori. Nous nous y autorisons une pause bière en terrasse, sous les derniers rayons de ce soleil d’avril, avant de rebrousser chemin vers notre humble demeure.

C’est à la station de Dubulti que nous attrapons, le lendemain, un train pour Sloka. Dans le nouveau bâtiment de la gare, nous découvrons une exposition d’art contemporain. Les œuvres plastiques ont dû être réalisées par des artistes torturées, tant elles semblent sombres.

Quelques minutes de trajet plus tard nous descendons donc à Sloka pour entamer une randonnée jusqu’au parc national de Kemeri. Le sentier longe un imposant lac où la nature nous offre de saisissants contrastes de couleurs entre le vert des pins, le jaune des hautes herbes et le bleu de l’eau. Située aux portes du parc, nous entrons, après quelques kilomètres, dans la petite ville de Kemeri. Nous restons estomaqués devant ces grandes fissures qui défigurent, telles d’imposantes balafres, ces bâtiments abandonnés de l’ère soviétique.

De l’autre côté de la ville, nous achevons notre balade par la découverte des marais de Kemeri. Un lieu magique où les arbres et les nuages se répondent par reflet dans l’eau des marécages. Le lieu est une zone protégée pour la préservation de la faune et de la flore. La promenade se fait sur de belles passerelles en bois renforçant le charme des lieux.

Après la « grasse mat’ de Pâques » et la recherche des œufs qui l’accompagne, nous attrapons un bus pour nous rendre aux villages de pêcheurs de Lapmezciems puis Ragaciems. Nous longeons le lac Kanieris sur de nouvelles passerelles en bois qui se fraient un chemin au milieu des hautes herbes, avant d’atteindre la plage du village. Les propriétés sur le littoral possèdent toutes un fumoir à poisson. Au mouillage, quatre bateaux de pêche attendent patiemment le retour de leur capitaine. Au loin le phare métallique de Ragaciem, peint de rouge, attend lui aussi son heure, pour remplir pleinement ses missions de guide.

Retour en train vers la gare centrale de Riga. Les jours suivants sont consacrés à la récupération de nos side-cars et à leur remise sur pieds pour débuter avec sérénité la seconde moitié du voyage.

En fin d’après-midi, c’est l’heure des premiers essais. En guise de « tour de chauffe » pour les bolides, nous faisons une virée dans le parc national de Gauja accompagné de Mikhail, l’agent mandaté par la société de transport pour ouvrir le conteneur et faciliter les démarches de douane. Après une petite centaine de kilomètres, nous effectuons un premier arrêt au pied de la piste nationale de Bobsleigh. En ascenseur, nous atteignons la zone de départ qui surplombe la rivière Gauja et l’entrée du parc national. À quelques kilomètres de là, nous visitons le château de Turaida. Cette forteresse des chevaliers teutoniques a été construite sur les hauteurs entre deux lacets du lit de cette même rivière !

Nous sommes de retour à Riga vers 21h, et partageons le dîner avec Mikhail à la brasserie Stargorod, le long du fleuve Daugava. On y boit des bières brassées sur place qui accompagnent parfaitement les spécialités locales. En guise d’amuse-bouches, des petites oreilles de cochon grillées, laissant ensuite la place à un excellent jarret de porc cuit à la broche accompagné de chou, de patates au bacon et d’une sauce moutarde à l’ancienne. Fort de ce repas copieux, nous réalisons une petite marche digestive dans le centre-historique de Riga “by night”, où l’ambiance est toujours aussi “bon enfant.”

Au matin, on plie, on range et on nettoie nos affaires pour boucler nos valises. Vers 16h, nous recevons un premier appel de l’agence qui s’occupe des visas. Ils ont eu un souci avec celui d’Emilie, et souhaiteraient obtenir immédiatement une nouvelle photo d’identité. Le temps de commander un taxi et Emilie et Marie dévalent les escaliers. À ce moment là, second coup de téléphone de l’agence, pour nous informer que finalement ils n’ont plus besoin de photo et que les visas seront prêts pour 18h. A 17h, l’ascenseur émotionnel reprend puisque nous apprenons que seul trois des quatre visas russes sont à l’agence de voyage, celui d’Emilie a subi une erreur de la part du consulat russe et ne sera près que lundi matin.

Nous reportons donc notre départ vers la Russie et programmons donc un week-end « moto » dans le parc de la Gauja, en attendant la réception du dernier visa. Soleil et températures douces nous accompagnent pendant ces deux belles journées.

Lundi matin, 11h, nous arrivons à l’agence de voyage pour récupérer le visa d’Emilie. Nous quittons cette fois la capitale pour de bon, mettant le cap sur la Russie. La route nous amène à longer une dernière fois le parc National de Gauja. Nous pique-niquons à la station essence Circle K de Valmiera. Un homme nous y offre des fraises… Il conduisait un Ural dans ses jeunes années ! Nous passons la frontière avec l’Estonie, au milieu d’une ville nommée Vlaka côté lituanien et Valga coté estonien, une frontière symbolique entre deux pays européens. Coté estonien, les bouleaux viennent tenir compagnie aux pins et sapins, entre les virages espacés de plusieurs kilomètres. Nous faisons une dernière pause café en périphérie de la grande ville de Tartu, pour nous réchauffer. La fraîcheur se fait ressentir au guidon de nos bolides. Dans la soirée nous atteignons la ville de Narva, frontalière avec la Russie.


NOS COUPS DE COEUR
Où boire un verre ?

Backpackers pub
Valnu iela 43, Riga 1050

Comme son nom l’indique, voici une bonne adresse de baroudeurs où la bière coule à flot. Avec son combi Split en guise de bar et son baby-foot à l’étage, pas de doute vous y passerez un moment agréable.

Alus Krodzins
Jomas iela 64A, Jūrmala, 2015

Situé dans la rue piétonne de Jurmala, sa jolie terrasse ensoleillée avec ces grandes tables en bois nous a attiré. La bière est bonne et la spécialité de harengs frits et pommes de terre à l’ail également.

Où manger ? 

Big Bad Bagel
Baznicas iela 8, Riga 1010

Petite adresse chaleureuse où d’excellents bagels sont servis à la carte. Victime de son succès, c’est sur les tables disposées sur le trottoir que nous savourons nos sandwichs malgré la fraîcheur de la météo.

Brasserie Stargorod
Republikas Laukums 1, Centra rajons, Riga 1010

Grande brasserie sur les rives du fleuve Daugava. Excellente spécialité de viande, notamment le jarret de porc cuit à la broche, accompagné de bière brassée sur place. Budget conséquent, mais pure adresse locale.