Expériences géorgiennes

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Découverte du vignoble géorgien

Le vin est une culture géorgienne ancestrale qui occupe une place au cœur de la vie économique, sociale et culturelle du pays.

Dans ce pays la particularité de ce breuvage réside dans sa technique traditionnelle de vinification, en Qvevri. Ce nom provient de la jarre en terre cuite dans laquelle le vin est fermenté avant d’y être stocké.

C’est dans la région de Kakheti, à l’Est de la Géorgie, sur les collines avant  notre arrivée à Tbilissi,  que nous faisons une halte dans le vignoble.

L’accueil que Niki Antadze nous réserve dans son humble demeure est des plus chaleureux. En compagnie de sa fille, cet ancien patron de boîte de nuit nous fait aujourd’hui découvrir son trésor et les traditions qui l’accompagne ; tout en prenant bien soin de savourer l’instant présent.

Son petit vignoble constitué de trois hectares de vieilles vignes (dont certaines ont plus de 100 ans), surplombe la vallée et les contreforts du Caucase.

Dans la cave de notre producteur de vin bio, le vin fermente et vieillit dans l’une des 8 amphores en grès. Un trou est creusé dans le sol pour placer ces amphores. La production y est minime, mais Niki est parti de rien et s’attelle aujourd’hui à faire du vin de qualité, par plaisir, qu’il exporte ensuite principalement en Allemagne et en France.

Sur la terrasse ombragée, autour d’une large table en bois, la dégustation est accompagnée de pain géorgien, de fromage, d’huile d’olive et de tomates du jardin. Le vin, lui, est surprenant. Le premier est un vin blanc pétillant, original car à milles lieux du champagne français ou du prosecco italien. Fait de fines bulles, il se dégage en bouche une saveur très minérale. Le vin blanc sec est, lui, très fruité et conserve une note de terre particulière du fait de son vieillissement dans l’amphore. Le vin rouge en revanche est plus ordinaire et légèrement acide. A notre goût il manquait de corps, parce que trop jeune peut-être. Mais cela n’entache rien à ce moment de partage placé sous le signe de la simplicité.

La dégustation et la visite de la propriété terminées, nous reprenons la route vers la capitale géorgienne avec, dans nos coffres respectifs 5 bouteilles de ces deux vins blancs surprenants.

Nuit au restaurant de Khertvisi

En prenant la direction du site historique de Vardzia, nous nous retrouvons sous une averse de grêle agressive. Nous trouvons refuge au « Café Tourist », un restaurant du village de Khertvisi. Situé au pied des remparts de la forteresse du même nom, l’auberge semble être placée sous sa protection. Une place de choix au vu du ciel menaçant qui nous entoure.

Pendant que nous patientons, espérant voir apparaître une accalmie, le patron des lieux nous prépare le déjeuner. Il ressort de sa cuisine avec des assiettes composées de plats du soleil qui rappellent la cuisine méditerranéenne. Une fois requinqué, nous reprenons la route pour découvrir la cité troglodyte de Vardzia, à quelques kilomètres de là.

Une fois ses labyrinthes de tunnel parcourus, nous rebroussons chemin jusqu’au « Café Tourist » où nous espérons pouvoir passer la nuit. Mais la discussion est compliquée avec le patron qui ne parle que les quelques mots d’anglais qui lui permettent de servir ses clients. Habituellement fermé, nous en déduisons qu’il s’excuse de ne plus rien avoir à nous servir pour le dîner. Nous le rassurons et prêtons main forte en cuisine. Nous sommes de mission « frites » pendant que notre hôte s’affaire à la préparation des salades composées. Nous partageons la soirée avec Simon et Claudia, un couple allemand qui voyage en van Volkswagen, garé pour la nuit à côté du UAZ.

Le vent souffle. La « Chacha », l’eau de vie locale, et le vin de la maison obtenu à partir des vignes du jardin, sont de sortie. La première arrive sur la table dans une grande bonbonne de 5 litres, quant au vin, il est servi dans des bouteilles de soda de 50cl.

Notre hôte nous fait comprendre que nous ne pouvons quitter la table sans avoir terminé ces doux breuvages. Une mission que nous n’avons pu remplir… Mais pas offusqué par notre manquement à ce devoir et avec la tempête qui sévit à l’extérieur, il accepte que nous sortions nos duvets et matelas pour nous installer dans la salle du restaurant.

Le lendemain, le réveil matinal se fait avec un bon mal de crâne ; la Chacha laisse des traces et des souvenirs impérissables…

Baignades géorgiennes

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Cascades de Lagodekhi

Tout juste passé la frontière qui sépare l’Azerbaïdjan de la Georgie, nous arrivons à Lagodekhi, porte d’entrée du parc national du même nom.

Terrain de jeu des amateurs de sport de nature, nous nous lançons ce jour-là dans une randonnée entre rochers et forêt qui longe la rivière Ninoskhevi jusqu’à la cascade du même nom, 4,5 kilomètres plus loin.

La trajectoire à suivre n’est pas compliquée, mais rapidement le sentier s’efface. Ill suffit de marcher le long du cours d’eau pour trouver son chemin. Entre escalade de rochers et traversées de la rivière, cette portion de marche devient vite un jeu. Au début, à chacun des passages de gué, l’eau fraîche nous incitait à réaliser des pas d’équilibriste, de cailloux en cailloux. Mais la chaleur du soleil finit par nous laisser tenter en fin de parcours à piquer une tête dans les petites retenues d’eau qui se succèdent dans le lit de la rivière.

Après un effort finalement assez intense malgré la courte distance, nous atteignons l’impressionnante cascade et ses 40 mètres de haut.

La chute d’eau gronde et raisonne, enclavée dans les gorges de la rivière. La forêt qui la borde offre un joli jeu d’ombre et de lumière entre les falaises.

Il est temps pour le « Russian Gang » de se jeter, sous la chute d’eau, dans l’eau turquoise de la piscine naturelle. Comme des enfants, nous nous adonnons aux joies des éclaboussures et aux plongeons depuis les rochers qui entourent le bassin principal. Une fois rafraîchi et avant d’être saisi par la température de l’eau, vient le temps de se sécher. Pour cela rien de tel que de s’adonner à une sieste collective tels des lézards sur leurs cailloux.

Le chemin du retour se fera en silence, chacun avançant à son rythme, laissant les rêves de la sieste submerger nos pensées ou méditant sur la suite du voyage.

 

Baignade dans la mer noire

Le voyage se poursuit et avec lui se succède le nom des côtes maritimes qui sentent bon les aventures. Quelques kilomètres avant la Turquie, nous atteignons les côtes de la Mer Noire. Enfant, après avoir lu « Tintin au Pays de l’or noir », je pensais que cette mer n’était que pétrole. Mais arrivé sur son littoral, je constate avec plaisir que ses eaux sont limpides. En revanche le sable qui borde le camping où nous avons élus domicile pour la nuit, est lui très sombre. Un clin d’oeil peut-être aux origines du nom de cette mer ?

Une fois le campement dressé, vient le temps de profiter de cette vaste étendue de sable. Nous improvisons une session “d’Ultimate flying-disc”, enchaînant les accélérations et les bonds sur ce vaste matelas noir. Bien réchauffé par cette petite activité physique, nous savourons notre première baignade dans les eaux chaudes et peu salées de cette mer colorée. Derrière nous, le soleil se couche à l’horizon réchauffant le ciel de ses teintes orangées puis violette.

Au réveil de notre dernière nuit géorgienne, rien de tel qu’un nouveau petit plongeon et quelques brasses pour dégripper chacune des articulations, soumises chaque jour à rude épreuve. Il est ensuite temps de reprendre la route pour se diriger vers notre prochain pays.

Night spots géorgiens


Version française disponible ici. 


Uplistsikhe

Passé la petite ville de Uplistsikhe, à quelques encablures de la cité troglodyte du même nom, nous nous enfonçons sur un petit chemin au milieu des hautes herbes.

Le sentier de terre s’arrête quelques centaines de mètres plus loin, face à la rivière Koura. S’ensuit une petite exploration des lieux et une analyse minutieuse des moindres recoins, afin de dénicher la surface la plus large et la plus plane, susceptible d’accueillir notre campement. Nous optons finalement pour un spot cosy, où chacun possède son emplacement. On se croirait à s’y méprendre dans un camping à la ferme. Avant de monter tables et tentes en perspectives du dîner, il nous faut tout d’abord manœuvrer les trois véhicules entre les arbres sous lesquels ils passeront la nuit.

Alors que nous prenons place sur nos sièges pour savourer notre bière de fin de journée, un troupeau de vaches, conduit par leur propriétaire, traversent notre campement pour rejoindre leur ferme. Notre présence ne les perturbe pour le moins du monde. Comme si de rien n’était, elles prennent plaisir à croquer à pleines dents les feuillages des arbustes qui entourent notre spot.

La soirée se terminera par des parties de « Deutsch » endiablées. Les cartes s’empilent sur notre petite table de camping à la lueur de nos lampes torches.

Le réveil sera une nouvelle fois matinal. Comme la veille, au petit-déjeuner, nous recevons la visite du troupeau. De nouveau, il traverse en sens inverse notre campement sous les cris des fermiers qui les invitent à avancer. La brioche engloutit nous reprenons la route vers l’Ouest.

Les rives du lac Shaori

L’aventure c’est aussi s’adonner à des choix cornéliens entre notre raison et nos envies. Ainsi, après avoir longé le lac Shaori et ses eaux claires, il nous faut prendre une décision. Au-dessus de nos têtes, le ciel est sombre et orageux ; mais doit-on pour autant céder à sa menace au détriment du merveilleux spot de camping sauvage qui s’offre à nous ?

Nous optons cette fois-ci pour la beauté du lieu. Nous descendons les véhicules au plus près des rives du lac et y dressons un campement amélioré en tendant la “tarp”, offert par un overlander hollandais, sur le flanc du UAZ. Nous passons la soirée agglutinés sous cet abris de fortune, qui nous maintiendra au sec pendant que la pluie s’abattra sur la toile tendue jusqu’à ce que l’on tombe de sommeil. Au loin les éclairs foudroient les sommets du Caucase, transperçant le ciel d’une lumière blanche peu rassurante.

Mais au petit matin, les nuages ont laissé la place à un beau soleil. À la sortie de la tente, le reflet de ses rayons sur le lac, offre un panorama à couper le souffle. Il est alors temps de se jeter à l’eau. Rien de tel qu’une petite baignade dans le lac en guise de douche, pour entamer une nouvelle journée de route, de la plus belle des manières. S’ensuit un copieux petit-déjeuner avant le pliage du campement et le démarrage des moteurs.

Koutaissi et les montagnes du Caucase – 5 jours – 200 mètres d’altitude

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La capitale géorgienne derrière nous, nous faisons un premier arrêt moins de 20 kilomètres plus loin pour visiter le monastère de Djvari. Malheureusement le monument ne présente pas de grandes originalités. De plus, il est en ce jour, submergé de touristes. Une foule qui ne permet pas d’apprécier la vue sur la ville de Mtskheta en contrebas, à sa juste valeur.

Descendu de la falaise, nous faisons étape dans la cité fortifiée qui fût par le passé l’ancienne capitale du pays. Au cœur de son quartier historique nous visitons la Cathédrale de Svetitskhoveli, un monument imposant par son architecture et les fortifications qui l’entourent. Dans l’une des rues piétonnes adjacentes, nous goûtons notre première Tchourtchkela, une spécialité dont la forme ressemble au premier abord à celle d’un saucisson mais qui est en réalité une sucrerie à base de noix entourés d’une gélatine réalisée à partir de jus de raisin.

Peu convaincu par cette confiserie, nous faisons une halte pour savourer une limonade à l’anis ou au citron, selon les goûts, dans un petit café qui rappelle un peu les jardins anglais à l’heure du thé.

C’est toujours en compagnie de Maika et Christoph que nous poursuivons notre périple sur une petite route au milieu de la campagne géorgienne. Nous atteignons en milieu d’après-midi l’ancienne forteresse troglodyte de Uplistsikhe. Les fouilles ont révélé que les premières cavernes y auraient été sculptées dès l’âge de fer, avant que le site ne devienne une importante cité médiévale. Il nous fut malheureusement difficile de nous projeter pour imaginer ce qu’était la vie dans ces pièces creusées à même la roche. Notre attention était trop souvent détournée des vestiges, attirée par de gros lézards réalisants des pompes à l’ombre des caves de la citadelle.

Après une nuit passée sur les bords de la rivière Kura, nous visitons en milieu de matinée la ville de Gori, lieu de naissance de Joseph Staline. Sa maison familiale est exposée sur la place principale, au pied du musée en hommage au père du peuple russe. Dans le parc et aux alentours, les vendeurs proposent de nombreux souvenirs à l’effigie de leur héros. Nous y achetons une petite boîte d’allumettes à l’image de la star du coin. La matinée se ponctue par l’ascension qui mène à la forteresse en ruine qui surplombe la ville.

Notre itinéraire nous conduit ensuite dans la ville thermale de Borjomi, réputée pour son eau naturellement pétillante. Nous arrivons dans les gorges de la rivière puis à l’entrée de la ville, en début d’après-midi. Pause déjeuner dans le restaurant, pour une salade qui apporte un peu de fraîcheur par cette chaleur. Au programme de l’après-midi, petite randonnée dans le parc thermal de la ville. Elle débute le long de la rivière Borjomula, au bord de laquelle ont été construites de belles villas aux façades en bois, lors de l’essor de la ville au 19ème siècle . Sur le premier kilomètre, le parc à des allures de vieux parc d’attraction de l’ère soviétique, avant qu’il ne cède la place à une paisible forêt de sapins. Le petit sentier nous conduit jusqu’aux bains publics, avant de s’élever pour atteindre les crêtes au-dessus de la ville. Au cours de cette randonnée, les nuages nous rattrapent, nous contraignant à mi-parcours à nous abriter sous les arbres pour nous protéger d’une averse de pluie.

A notre retour en ville, la soirée approche et nous nous mettons en quête d’une guesthouse où nous pourrons nous sécher et nous abriter de l’orage annoncé sur nos applications météo. Nous jetons notre dévolu sur un petit studio, proposé par une famille dans une impasse dont nous condamnons le passage avec nos trois véhicules. Soirée sur la terrasse de l’auberge, protégée par le tarp qu’un overlander hollandais a offert à Maika et Christoph.

Après un petit-déjeuner copieux, préparé par notre hôte, le “convoi russe” reprend la route. Au départ de Borjomi, de jolies courbes se dessinent le long de la rivière avant que l’asphalte ne s’élève dans la montagne. Le trajet débute sous un beau soleil avant que la météo ne tourne, à quelques kilomètres du village de Khertvisi, à la pluie puis à la grêle. Les combinaisons de pluie ne permettant pas de nous protéger de ces grêlons de la taille de grosses billes, nous sommes contraints de nous arrêter pour nous protéger sous les arbres avant de trouver refuge dans un des cafés du village.

Dès la première accalmie, nous laissons les side-cars devant le café et montons dans la camionnette UAZ pour rejoindre l’ensemble monastique troglodyte de Vardzia. La route s’agrippe à flanc de montagne et passe au milieu de canyons avant de révéler une superbe vue sur le site historique. Construite sur les flancs de la montagne Erusheti au 12ème siècle, la cité était alors constituée de près de 3 000 caves pendant son âge d’or dont 900 sont aujourd’hui toujours présentes. Lors de notre pérégrination entre ses murs, nous avons été subjugué par la beauté de sa chapelle et avons pris plaisir à nous aventurer dans ses labyrinthes de tunnels qui s’enfoncent au coeur de la montagne. Sur la route du retour vers notre “café refuge”, nous devons par deux fois nous frayer un chemin entre les vaches qui occupent le milieu de la route.

Le lendemain, c’est une nouvelle fois entre les gouttes que nous voyageons. Comme la veille, la route serpente entre les montagnes. Sur les conseils de Caudia, une jeune allemande rencontrée au détour d’un verre de vin, nous quittons la route principale qui mène à Koutaïssi pour entamer une boucle de 200 kilomètres dans les montagnes de la région de Racha. Sur l’asphalte, nous côtoyons de vieux tracteurs de l’époque soviétique et de nombreuses Lada.

Dès le 20ème kilomètre après la bifurcation, la route s’élève et les lacets se succèdent. Au sommet de ce petit col, à 595 mètres, petite pause avec vue sur le lac Tkibuli. De part et d’autre du lac, un conflit se prépare entre nuages noirs sur notre droite et derniers rayons de soleil sur notre gauche. Nous observons ce spectacle en compagnie d’un groupe de touristes, dont le guide nous offre d’appréciables morceaux de pastèques au moment où nous nous y attendions le moins. Nous profitons de cette pause pour enfiler nos tenues de pluie, le spot de camping sauvage visé semble, en effet, être déjà sous les nuages noirs.

Nous redescendons vers l’ancienne ville minière soviétique de Tkibuli. Aujourd’hui à l’abandon ou presque, les bâtiments tombent en ruines laissant la rouille gagner du terrain sur chaque recoin de métal. La ville traversée, nous grimpons un nouveau col qui débute dès les dernières rues de la ville. La route se poursuit sur un plateau où elle longe le lac Shaori et ses eaux claires. C’est sur ses rives que nous montons le campement que la pluie arrosera toute la soirée.

De bon matin, nous poursuivons notre périple en reprenant cette route qui longe le lac avant de descendre vers la ville de Ambrolauri. Nous bifurquons alors sur notre gauche pour emprunter une petite route de montagne dans un canyon formé par le lit de la rivière Rioni en contrebas. Des pierres jonchent à multiples reprises l’asphalte. Nous ne faisons pas les malins et restons vigilants, un regard toujours porté sur la paroi à notre droite. Entre le village de Lajana et la petite ville de Tsageri, la route s’élève de nouveau avant de redescendre, offrant sur ces points culminants de beaux points de vues sur ces décors montagneux.

Nous poursuivons notre route jusqu’à la grotte Prometheus. Nous parcourons 1,5 kilomètres de galeries sur les 11 que possède la grotte. La visite se faisant obligatoirement  avec une guide et en compagnie d’un important groupe de touristes ; nous nous positionnons en queue de peloton pour apprécier en silence l’impressionnante structure géologique du lieu. On se prend au jeu en essayant d’identifier des formes dans les différents stalactites et stalagmites. Un pur moment de fraîcheur et de poésie, à la recherche de vagues, de robes et de pieuvres glacées, lors de cette journée de grande chaleur.

Pour l’étape suivant, nous faisons une halte dans la ville thermale de Tskaltubo. Elle connut son âge d’or pendant les glorieuses années soviétiques. Ses sources d’eaux chaudes, très appréciées de Joseph Staline, sont à l’origine de la création d’importants bâtiments qui abritaient alors de vastes bains publics, des spas ou des resorts. Aujourd’hui tombés en désuétude, les immenses hôtels sont abandonnés. Nous en profitons pour faire une petite session “d’exploration urbaine” dans les ruines des bains publics n°8.

Nous arrivons en fin d’après-midi à Koutaïssi. Nous escaladons des petites rues étroites pour trouver un hôtel renseigné sur Booking.com. Mais à l’adresse indiquée, personne ! Nous discutons avec le voisin qui a créé une petite auberge avec deux chambres dans sa maison. Une adresse sans prétention, mais à l’accueil extraordinaire. Nous concluons cette journée par une bière sur la petite terrasse en bois en contrebas du jardin, les pieds dans la rivière Rioni. En remontant, alors que nous allions nous promener en ville en cette fin de soirée, nous sommes invités à boire le thé et une liqueur de vin en famille. Les enfants, dans le salon, fêtent un anniversaire sous une boule à facettes.

Le lendemain matin, après un nouveau copieux petit-déjeuner préparé par nos hôtes ; nous partons en vadrouille dans les rues de la ville. Nous passons devant l’imposant théâtre du Lado Meskhishvili, puis traversons le parc central avant de grimper, de l’autre côté de la rivière, jusqu’à la Cathédrale Bagrati surplombant la ville. Longtemps en ruines, ses travaux de rénovation qui se sont succédés sur l’ensemble du 20ème siècle viennent d’être achevés. Majestueuse, elle possède l’originalité, de part sa restauration, de posséder des ailes d’acier.

Lors de notre visite de nombreux popes se sont réunis autour du cercueil d’un défunt. Un choeur d’hommes réuni entonne des chants “a capella.” L’ambiance est à la fois pesante et belle de part les émotions qui résultent de cette cérémonie et de la beauté des lieux.

En milieu de journée, nous prenons la route en direction de la Mer Noire sur cet axe principal du pays, sur lequel circule de nombreux camions. Mais nouvel étrangeté, bien que cet axe soit des plus fréquentés, il nous faut tout de même ralentir à de multiples reprises, pour traverser des passages à niveaux.

Arrivés sur la côte, nous montons le campement dans le camping bien nommé de “black sea campsite” ; avant de dîner les pieds dans le sable noir, dans la petite cuisine partagée du camping et ses murs en bambou, pour ce qui sera notre dernière soirée géorgienne.

Avant de passer la frontière, nous faisons une première halte, quelques kilomètres après le camping, dans le parc qui met à l’honneur par d’étonnantes sculptures, des musiciens géorgiens et internationaux ; on y retrouve Edith Piaf en digne représentante de la France.

Nous passons ensuite la ville balnéaire de Batoumi et son architecture futuriste, pour rejoindre le poste frontière de Sarpi.

Arrivé dans les infrastructures de la douane, Emilie, Julien et Christoph s’occupent seuls de la traversée des véhicules vers la Turquie ; tandis qu’avec Marie et Maïka nous nous dirigeons, à pied, dans les bâtiments modernes du poste frontière. A l’intérieur, les infrastructures ressemblent à celles d’un aéroport. Les démarches administratives sont fluides, nous passons, en alternance, d’un guichet d’immigration à une boutique “Duty Free.” Nous sortons du bâtiment 15 minutes plus tard, passeports tamponnés ; et patientons de voir ressortir Emilie, Julien et Christoph.

Les side-cars sortirons, une petite heure après nous avoir laissé côté géorgien, sans même avoir ouvert une seule valise. C’est en revanche plus compliqué pour Christoph, qui avec des papiers du véhicule kazakh, écrit en russe, il lui est demandé de retourner à Batoumi, les traduire en Anglais.

C’est donc à la frontière que nos chemins se séparent. Nous convenons de nous retrouver dans quelques jours sur la côte Nord de la Turquie.

Malheureusement, à l’issu de ces quelques jours nous apprendrons que cette frontière restera infranchissable pour le UAZ. Maïka et Christoph rejoindront donc l’Allemagne en traversant la Mer Noire en ferry, de Batoumi aux côtes bulgares. Nos routes se recroiseront prochainement, en Allemagne, en France où sur n’importe quelle autre route du globe, reformant par la même occasion le “russian gang” !


NOS COUPS DE COEUR
Où boire un verre ?

Café Tatin
20, Mamulashvili street , Mtskheta

Une petite pause ombragée, dans une adresse à l’ambiance “so british,” où il fait bon de savourer une limonade bien fraîche.

Où dormir ? 

Restaurant My House
1200 Kostava St, Borjomi

Une adresse sympathique pour déguster une salade avant de s’atteler à une randonnée dans le parc.

Tbilissi – 6 jours – 770 mètres d’altitude

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C’est en compagnie de nos acolytes Maika et Christoph au volant de leur camionnette UAZ que nous faisons notre entrée en Georgie, à hauteur du poste frontière de Lagodekhi. Les infrastructures y sont un peu vétustes mais nous sommes, une nouvelle fois très bien reçu par les personnes en poste. Emilie, en tant que pilote n°1 sur les papiers de Caradoc, réalise l’import du side-car auprès de la douane de ce pays. L’agent ne fera aucun contrôle et tamponnera dans la foulée son passeport. En parallèle je passe pour ma part sans encombre devant un autre agent posté dans le bâtiment des “passagers.”

Quelques kilomètres plus loin, nous nous arrêtons dans un préfabriqué où une agence d’assurance a élu domicile. Chacun des véhicules formant le « Gang russe » souscrit à un contrat pour une durée de 15 jours.

Il est 14h passé quand nous arrivons dans la ville de Lagodekhi. Nous nous stationnons sur la place principale et interrogeons une jeune femme pour débusquer une adresse où déjeuner. Alors que nous trouvons porte close devant la première enseigne, nous grimpons les trois marches qui mènent à un petit “kebab”. Sous le regard légèrement oppressant des habitués des lieux, nous y commandons le seul plat encore disponible en ce début d’après-midi, des pains frits au fromage.

Lagodekhi est une petite cité sans grand intérêt touristique, si ce n’est d’être le point de départ de randonnées qui s’aventurent jusqu’à la frontière Azérie dans le parc naturel éponyme.

Quand vient le moment de se mettre en quête d’un endroit où bivouaquer, nous misons donc sur l’entrée principale du parc où il est renseigné l’existence d’un camping. Mais en arrivant sur place, le guide refuse que l’on y plante la tente. Il nous indique une seconde entrée plus isolée et adaptée au dressage de notre campement. En effet, au bout d’un chemin rocailleux, nous découvrons une agréable petite clairière.

Nous partageons ce soir-là, notre table de pique-nique avec un couple de retraités allemands, qui, après avoir traversé l’Europe et la Turquie, se dirigent vers la Mongolie. C’est autour d’un verre de vin blanc géorgien, peu fameux, qui leur a été offert la veille, que les heures de la soirée défilent jusqu’à la tombée de la nuit.

La zone géographique étant réputée pour se dégourdir les jambes, le programme de la journée du lendemain est consacré à une randonnée qui remonte la rivière Ninoskhevi jusqu’à la cascade du même nom. Spectaculaire du haut de ses 40 mètres, nous y piquons une tête avant de rebrousser chemin.

La nuit se rapproche quand les trois bolides se remettent en route. Nous effectuons une centaine de kilomètres sur de jolies routes de montagne qui se faufilent au milieu des villages. Dans l’un d’eux, nous effectuons une courte pause pour acheter du pain en perspective du bivouac du soir. Marie en profite pour rentrer dans l’arrière boutique pour observer la confection de ce pain traditionnel, à la méthode de cuisson originale.

Le pain traditionnel géorgien, appelé Shoti, est préparé dans un four cylindrique de terre cuite ressemblant étrangement à un puits. Une fois la pâte préparée, elle est collée contre la paroi intérieure du four jusqu’à ce que sa forme atypique, qui rappelle celle d’un bateau, voit sa coque devenir croustillante.

Quelques kilomètres plus loin, baguette en poche, nous nous mettons en quête de l’emplacement parfait pour passer la nuit. Lors de notre repérage du site potentiel, dans un vaste espace fait d’arbres clairsemés, un serpent de plus d’un mètre de long et au diamètre de près de 5 cm se présente face à nous.

À peine refroidis, nous installons tout de même les tentes à une centaine de mètres de là, au pied de quelques vignes.

Lors de notre petit-déjeuner nous recevons la visite du fermier, propriétaire de ces terres qui promène ses vaches. Il nous souhaite le bonjour et nous propose de nous partager un peu de son trésor : une vielle bouteille d’alcool de sa production cachée au pied d’un arbre à proximité. Vu l’heure matinale, nous refusons gentiment et lui offrons une tartine de confiture. Nos échanges sont compliqués, lui, parlant en géorgien et, nous, essayant de le comprendre en balbutiant trois mots de russes, d’anglais et d’allemand. Maika finira par déchiffrer qu’il nous mettait en garde contre les serpents, très présents dans la région.

Nous atteignons ce matin-là, le petit village de Udabno. À notre arrivée, nous prenons nos quartiers dans une petite auberge, qui n’est autre qu’une maison modeste dont les trois chambres inoccupées ont été proposées à la location par un couple de retraités.

Christoph aux commandes, Maika en copilote et tout les quatre sur la banquette arrière du UAZ, nous prenons la direction du monastère de David Gareja. Comme des enfants, nous collons notre tête contre les fenêtres regardant le paysage désertique défiler à mesure que les pierres de cette route défoncée glissent sous les roues de la camionnette. La route et son revêtement très aléatoire, pour ne pas dire très rocailleux, mettront en évidence les compétences de pilote de Christoph.

Isolé de tout, le monastère est perché à flanc de falaise, à la frontière Azérie. Certaines pièces ont été aménagées dans la roche, telles des maisons troglodytes. Nous escaladons la crête qui marque la frontière avec l’Azerbaïdjan. Le point de vue sur cette plaine désertique est magnifique. Les militaires des deux pays se côtoient sur cette ligne imaginaire. Mais aujourd’hui cette dernière semble être au cœur des préoccupations des gardes frontières. Un petit groupe d’entre-eux s’est réuni autour d’un touriste, qui à certainement dû vouloir s’aventurer de l’autre côté de la frontière.

Sur le chemin du retour vers notre auberge, le van russe et son pilote esquivent de peu une grosse tortue qui avançait au milieu du chemin. Fin de soirée s’orchestrera autour d’un copieux dîner préparé par la maîtresse de maison, accompagné en fond sonore par des vaches qui meuglent sous les éclairs de l’orage tout proche.

Notre prochaine étape nous mène à Sagarejo ; mais avant cela nous effectuons un petit détour pour découvrir la région viticole de la Kakhétie et le vignoble de Antadze.

Notre aventure nous conduit ensuite dans le paisible monastère de Ninotsmindis. Vert et fleuri paysage, sa chapelle principale en son centre a été détruite et est restée en ruines, tandis que les remparts entourant l’édifice sont eux toujours debout.

Nous parcourons ensuite les 45 kilomètres qui nous séparent de la capitale Tbilissi. pour rejoindre l’auberge qui sera notre lieu de villégiature pour ces prochains jours. Pour l’atteindre nous traversons le centre-ville par l’une de ses artères principales. Avec la chaleur et le léger trafic, les moteurs deviennent capricieux. Il nous faudra d’ailleurs une fois l’auberge atteinte, pousser les motos jusque dans sa cour, celles-ci ne voulant plus redémarrer.

Une fois pris possession des lieux, nous faisons la connaissance de trois autres motards qui voyagent séparément : un hollandais en BMW, une suisse en Royal Eindfield et un français en Husqvarna. Nous passons la soirée en leur compagnie et partageons avec eux, sur les bancs en palette de l’auberge, les bouteilles de vin achetées dans la petit vignoble de l’après-midi.

La capitale géorgienne construite sur les rives du fleuve Koura, est nichée entre les montagnes du petit et du grand Caucase.

Cité verdoyante, on y trouve de nombreux parcs et de jolies petites cours fleuries au pied des immeubles.

En fin de matinée, débute notre visite de Tbilissi. Nous descendons la colline de notre hôtel pour rejoindre la rivière Kura. Pour rejoindre le quartier historique, nous enjambons à l’aide du pont Saarbruecken, et traversons le parc Dedaena. Dans ce parc, le long de la rivière, des petites boîtes à livres, telles que celles tenues par des bouquinistes des quais de Seine, ornent le muret.

On y trouve des livres en français et en allemand. Derrière le bâtiment, des services publiques, nous empruntons le pont qui enjambe l’avenue Gansakhurdia pour rejoindre la rue du marché aux fleurs et la charmante petite place du jardin Orbeliani. Nous remontons par les petites rues jusqu’à l’avenue Rustavelli que nous empruntons pour rejoindre la galerie commerciale “Tbilissi”, où nous nous autorisons un pause glace. Depuis la Place de la Liberté, que nous traversons à l’aide d’un souterrain, dans lesquels nous trouvons les stickers avec les drapeaux du pays.

L’importance accordée à l’automobile a influencé de manière importante l’urbanisme et l’aménagement de la ville, créant de grande artères et de nombreux passages souterrains pour les traversées.

Ces derniers peuvent aussi bien être des lieux sombres et tristes, que des tunnels vivants et colorés regroupant des échoppes, des salons de coiffure ou offrant de véritables toiles de béton aux street-artistes.

Nous rejoignons les petites rues du centre historique pour y déjeuner en terrasse, au menu nous testons la “pizza géorgienne” appelée Kachapuri. Ce plat n’est autre que le Shoti, le pain georgien évoqué précédemment, garnit ici de fromage (la composition diffère selon les régions, mais le fromage reste souvent son ingrédient principal). Celui que nous avons choisi vient de la région d’Ajari (sud-ouest du pays), et à la particularité de posséder un oeuf au plat en plus du fromage.

C’est en suivant la promenade guidée d’un “free walking tour” que nous poursuivons notre découverte du quartier historique. Celle-ci débute par la porte d’entrée médiévale située sur l’avenue Pushkin, dont il ne reste aujourd’hui que les vestiges de ses fondations. Nous tombons alors sous le charme des rues sinueuses de ce quartier dont la vétusté de ses bâtisses offre au lieu une atmosphère pittoresque. Les immeubles en bois, décrépis et rafistolés commencent à pencher sérieusement quand d’autres sont en total restauration.

Au cœur de ce dédale de petites rues deux vieilles bâtisses sont devenues célèbres ; la première du fait de ses nombreux escaliers extérieurs (caractéristique des habitations caucasiennes) rappellent les escaliers de Poudlard ; la seconde dotée d’une cour intérieure formée par son architecture en U, est particulièrement admirable par ses boiseries sophistiquées peintes en bleu ciel.

Nous poursuivons notre visite par la Tour de l’Horloge, monument emblématique de la ville tant elle est saugrenue. Elle sonne à notre arrivée les coups de 19h, symbolisés par l’apparition de petits personnages représentants les étapes clés de la vie des géorgiens. Nous traversons la Kura par le pont de la paix qui symbolise la réconciliation avec la Russie après la guerre de 2005. Depuis le Rike Parc nous avons une belle vue sur la forteresse Narikala qui surplombe le quartier historique en compagnie de l’immense statue de Kartlis Deda, allégorie de la “Mère Géorgie”, qui tient dans sa main gauche une coupe de vin pour les amis et dans sa main droite une épée pour les ennemis. C’est dans le quartier Abanot, célèbre pour ses bains dont l’eau riche en soufre provient de la cascade de Legvtakhevi que nous quittons notre guide.

Cette journée de pérégrination se termine à La Fabrika, un lieu qui regroupe un centre culturel, un espace de co-working, héberge des artistes en résidence et est très fréquenté en ce vendredi soir pour ses bars et sa street food. Nous craquons d’ailleurs après cette belle journée de marche pour un petit burger de falafels.

En fin de matinée, le lendemain, nous nous lançons dans le trafic pour quitter la capitale et poursuivre notre périple vers l’ouest sur les routes géorgiennes.