Night spot azéri

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Sur les routes d’Azerbaïdjan, le « Gang Russe » a appris à s’apprivoiser.

Faire route ensemble s’est aussi harmoniser nos quotidiens et remettre en question nos habitudes pour s’adapter à celles des baroudeurs qui rejoignent l’équipe.

Après plusieurs mois de voyage et d’expériences respectives sur les routes, chacun de nous s’est adapté à l’idée de se mettre chaque soir en quête du lieu de bivouac. Alors qu’au début du voyage, nous redoutions quelques peu ce moment de la journée ; nous nous sommes finalement habitués à ne pas savoir où nous allions dormir. Jusqu’à progressivement se sentir chez-soi à chaque endroit où nous dressions le campement.

Parti de Bakou en fin de matinée, nous avons dépassé la ville de Shamakhi, pour rejoindre les premières collines boisées du Caucase. Après avoir quitté la route principale, nous devons laisser la priorité à certains troupeaux de moutons qui empruntent la route pour rejoindre leur bergerie. Guidés par des Azeris à cheval, ils sont finalement regroupés pour nous céder le passage.

Nous trouvons en fin d’après-midi, un spot de camping sauvage, sous les arbres en retrait de la route secondaire. Le premier campement pour les six membres du “Russian Gang.”

Il nous faut alors prendre nos repères, adapter notre table pour que les 6 personnes puissent y prendre place. Tout au long de la soirée, un jeu de chaises musicales s’instaure, avec pour objectif de quitter les bidons d’eau de Maika et Christopher pour prendre place dans nos confortables petits fauteuils pliants. L’équipement qui au fil des nuitées de bivouac se révèle de plus en plus indispensable. Nous passons la soirée autour du feu de camp, sur lequel nous faisons griller saucisses et légumes, pour accompagner les traditionnelles bières de fin de journée.

Ce matin-là, les cloches de troupeaux de moutons au lever du soleil feront office de réveil. Nous procédons alors au rituel matinal, avec tout le soin nécessaire. Pendant qu’une équipe est attitrée au pliage des tentes, une autre est en charge du premier repas de la journée. Installation de la table, dépliage des chaises de camping et allumage du réchaud pour le café ; la cafetière italienne frétille, les tartines de pain sont coupées et la confiture est ouverte… Nous voici parés pour ce petit-déjeuner à l’ombre des arbres.

Les forces retrouvées pour partir à l’assaut de cette journée, vient alors le moment de faire le brin de vaisselle et de ranger de nouveau l’ensemble des affaires dans chacun des moindre recoins des valises. Nous quittons ce qui fut notre “chez-nous” pour une nuit, passons la première vitesse et faisons ronfler les moteurs pour quitter le sous-bois et grimper sur l’asphalte, en quête de futurs lieux de villégiature.

Bakou – 3 jours – moins 23 mètres d’altitude

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Notre traversée de la mer Caspienne prend fin. Le ferry atteint le port d’Alat, à 70 kilomètres au sud de Bakou en début d’après-midi. Mais du fait de quelques lenteurs administratives pour quitter la zone portuaire, nous prenons la route qu’à la tombée de la nuit. Après quelques galères et l’aide d’un homme très sympathique, qui attendait sa famille venant lui rendre visite en bas de son immeuble, nous atteignons l’auberge réservée dans la capitale azérie qu’à 23h. En compagnie de Maïka et Christoph (@bibi.und.hilde), nos amis allemands avec qui nous formons depuis peu le « Russian Gang », et le jeune propriétaire de l’auberge, nous partageons une bière locale qui célèbre la fin de cette longue journée de paperasse pour entrer sur le territoire azéri.

Au détriment de la richesse des premiers rayons du soleil, nous avons privilégié de recharger les batteries avant de partir à la découverte de la ville. Bakou est une ville balnéaire, dont l’altitude sur les rives de la mer Caspienne est négative. Cette vaste étendue d’eau à un niveau inférieur à la moyenne des océans. Les traits de la cité se sont formés à partir d’un melting-pot d’influences ; à la fois exubérante et futuriste par ses bâtiments à l’architecture des plus modernes ; mais aussi stricte et imposante par ses vestiges de la rigueur soviétique ; ainsi que traditionnelle et orientale, une fois franchi les portes de la ville fortifiée. Mais depuis le 21e siècle, c’est bien le pétrole qui fait de cette ville le « petit Dubaï » azéri. Les Mercedes et autres grosses voitures aux vitres teintées ont d’ailleurs remplacé les vieilles Lada russes au cœur du trafic de la capitale azérie.

Situé sur une des collines au Sud de la ville, nous passons à proximité des “trois flammes” pour rejoindre le front de mer. Les trois tours à l’architecture moderne sont devenues le nouveau symbole de Bakou. Une fois ces mastodontes et une série d’escaliers derrière nous, nous effectuons nos premiers pas sur ce qui est aujourd’hui, avec ses 35 kilomètres de long, l’une des plus longues promenades du bord de mer du monde. Tout au long de ce nouvel aménagement, des bâtiments ultra-modernes sont sortis de terre comme “la fleur” du “Caspian waterfront Mall” et “la vague” du Musée du tapis.

Notre passage sous la porte “Gosha Gala Gapisi” symbolise notre entrée dans la ville historique. Quel plaisir de retrouver des petites ruelles médiévales comme nous n’en avons pas vues depuis longtemps.

C’est en suivant un “free-walking tour” que nous découvrons la vieille ville, ses heures de gloire et ses sombres histoires ; et découvrons les trésors de ses influences perses, turques et russes.

Il est 19h quand nous regagnons la porte Gosha pour retrouver Maxim, un motard “azéro-russe” dont le contact nous a été donné par notre ami russe Serguei de Irbit. Nous le suivons dans les rues de la ville jusqu’à un bar sur le front de mer. Nous partageons avec lui et ses amis motards, bières, petites cailles fries et poisson fumé. La soirée se termine dans un karaoké de la ville où nous interprétons, à notre manière, les titres “Yellow Submarine” des Beatles, “Amerika” de Rammstein et même “Les prisons de Nantes” de Try Yann.

En fin de matinée, le “Russian Gang” reprend la route en direction de Shamakhi ; se faufilant dans le trafic avant de rejoindre les environs désertiques de Bakou. Le combo collines et températures élevées font souffrir les moteurs du convoi de véhicules russes, plus adaptés dans les climats rudes de Sibérie que dans les steppes arides azéries. Lors d’une pause fraîcheur à l’ombre d’une station-service, nous nous inquiétons de ne pas pouvoir trouver un endroit à l’ombre pour dresser le campement ; mais après quelques dizaines de kilomètres, le désert azéri se transforme progressivement en monts plus verdoyants qui signalent le début des montagnes du Caucase et ses jolies courbes.

Plus nous nous éloignons de Bakou, plus les voitures aux vitres teintées se raréfient, laissant la place au retour des vieilles Lada, chargées de gros sacs d’oignons sur leur toit. Les vaches broutent sur le bord de la route et traversent parfois de manière intempestive. Arrivé sur les routes vallonnées, des vergers bordent la route et des vendeurs vendent les fruits de leur récolte sur le bord de la route.

Après une nuit de bivouac dans les montagnes, nous arrivons en milieu de journée à Shaki. Nous nous réfugions du soleil, à l’ombre de la place principale. Nous y dégustons un Piti, la spécialité culinaire locale à base d’agneau et de pois-chiches mijotés et servie dans un pot en argile que l’on accompagne ce jour-là d’une salade grecque.

Shaki est l’une des plus anciennes villes d’Azerbaijan dont l’histoire fut étroitement liée à celle de la célèbre Route de la Soie. Riche d’une architecture hors du commun, la cité a toujours joué un rôle central dans l’art azéri. Sous un soleil de plomb, nous marchons dans ses petites ruelles pavées qui grimpent fortement pour rejoindre le Palais des Khans (Kansarai), dont l’anecdote raconte qu’il a été construit en 1762 sans un seul clou. Résidence d’été du roi et de la reine de la région, cette magnifique demeure très colorée est ornée de nombreuses fines sculptures sur ses murs.

Après cette visite touristique, nous prenons nos quartiers dans une petite auberge du centre-ville. Nous passons la soirée dans la cour, accoudés à une table en compagnie d’un médecin de Bakou et son ami, heureux de nous faire découvrir sa production personnelle de vodka.

Le lendemain nous ne partons pas aussi tôt que nous l’espérions pour rejoindre la frontière Géorgienne. Ce n’est en effet que vers 10h que le « Russian Gang » et ses véhicules reprennent la route pour rejoindre la ligne de démarcation des deux pays.

À notre arrivée au poste de contrôle, nous sommes surpris de ne pas y voir de file d’attente et d’y être pris en charge directement. Coté azéri, pour la sortie du territoire, nous passons de nouveau nos valises aux rayons X, mais encore une fois les douaniers se préoccupent plus de nos véhicules et de notre voyage que du contenu du coffre du side-car. Avant de passer côté géorgien, un dernier douanier vérifiera que nous ayons bien finalisé la procédure avant de passer l’ultime barrière ; il en profitera alors pour se moquer gentiment de ma moustache.


NOS COUPS DE COEUR
Où boire un verre ?

Coffee Moffie
Islam Safarli 9 , Az 1000 Bakou

Après une journée à vadrouiller dans Bakou, rien de tel qu’une petite pause dans ce petit café artistique aux innombrables affiches de films accrochées aux murs.

OÙ dormir ? 

Hotel Astrea
Mikayil Müsfiq 57, Shaki

Une jolie petite cour carrée et un super accueil pour cette charmante auberge sans prétention et au rapport qualité/prix au top. Un véritable petit havre de paix, avant de poursuivre le périple vers la Géorgie.