Baignades Laotiennes

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Dès nos premiers kilomètres au milieu des montagnes laotiennes, nous voici plongés dans sa jungle et son humidité. Un climat tropical et une forêt dense, propices aux cascades au milieu d’une nature luxuriante. Le Laos est réputé pour ses chutes d’eau d’exception, de par leur hauteur vertigineuse, leur eau turquoise ou leur atmosphère apaisante.

Après quelques heures sur nos deux roues, inutile de vous préciser que les baignades furent savoureuses. A de multiples reprises, nous avons pu nous rafraîchir et nous débarbouiller de la poussière qui nous colle à la peau.

Au détour de pistes, nous avons ainsi pu piquer une tête sous la cascade de Huay Mae Sai au nord de la Thaïlande, puis dans les piscines de Tham Chang où des enfants nous ont rejoints pour y prendre leur douche. Ces lieux perdus au milieu de la nature sont souvent des espaces fréquentés au quotidien par les locaux, que ce soit pour y effectuer leur toilette, laver des vêtements, ou tout simplement profiter en famille ou entre amis, de la tranquillité de la rivière.

A notre retour de Vang Vieng, sur la route qui nous conduit à Luang Prabang, nous réalisons une pause à hauteur du village de Kacham. Elle marque le début d’un après-midi involontairement consacré aux cascades. En effet, c’est un petit panneau en bois sur le bord de la route, où il était indiqué “waterfall” qui nous incita à nous arrêter. Quelques mètres plus haut, quel ne fût pas notre étonnement quand nous découvrîmes des cabanes sur pilotis pour se détendre alors qu’un petit chemin menait au pied de la petite cascade en contrebas. Ni une ni deux, nous nous jetons dans l’eau de ces petites piscines. Derrière nous, une illusion d’optique fait apparaître un arc-en-ciel dans la bruine de la cascade de Kacham.

Quelques heures plus tard, après s’être délestés de nos bagages dans notre “guesthouse” à Luang Prabang, nous enfourchons de nouveau nos bolides. Nous effectuons une petite trentaine de kilomètres pour s’aventurer vers les célèbres cascades de Kuang Si, où nous avons pu profiter de l’une de nos plus belles baignades depuis notre départ de France.

Ces chutes d’eau font parties des sites incontournables du pays. Nous y arrivons en fin d’après-midi, vers 16h. A notre arrivée sur ce lieu touristique, nous nous plions aux obligations de ce site très fréquenté. Nous payons le parking, nous garons nos bolides avec les autres et nous nous acquittons du droit d’entrée. Derrière l’imposante porte, nous empruntons le sentier principal qui longe la rivière. Elle forme, en ces lieux, de nombreuses petites cascades se déversant dans différentes piscines naturelles, colorant le paysage d’un joli camaïeu de bleu et de vert. A notre arrivée sur le pont suspendu, au pied de la chute principale, nous sommes subjugués par son imposante majesté.

La promenade se poursuit en rebroussant chemin. Nous avions repéré à l’aller qu’il était possible de se baigner dans les premières piscines. Au retour, impossible de résister à la tentation d’y faire une petit plongeon. Lors de notre trajet aller, nous devions nous frayer un chemin en compagnie des nombreux autres visiteurs. Cependant la fermeture du parc approchant, l’ensemble des mini-vans acheminant la majorité des touristes a quitté les lieux. Ceci nous permet de profiter, seuls, de ce lieu enchanté en cette fin d’après-midi.

Nous nous faufilons pour atteindre une petite plateforme, faisant presque office de plage. Nous rangeons nos affaires au pied d’un arbre et posons pour la première fois le bout du pied dans cette eau incroyablement belle. Au fond le sol est argileux et dès le troisième pas, le pied se dérobe sur ce fond rendu glissant par le limon. Alors qu’à l’image de la quiétude des lieux, l’entrée dans l’eau se voulait progressive, c’est finalement de manière un peu brusque que s’effectue les premières brasses dans cette eau revigorante. Nous profitons de notre solitude pour savourer chacune des particularités des petites cascades et nous amusons à prendre « la pause » sous l’une d’entre elles, inspirés par la publicité du shampoing Tahiti Douche de notre jeunesse.

Une parenthèse enchantée, dans un décor de rêve, dont la tranquillité est estompée par le claquement de nos dents. Une fraîcheur qui nous invitera à sortir de l’eau, à l’heure où le parc , lui, ferme définitivement ses portes.

Expériences Laotiennes

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 35h de vol pour quitter une réalité et basculer dans une nouvelle culture.

Voler à 10 000 mètres d’altitude, dans la carlingue d’un avion, c’est être entre deux univers. Tel le personnage de Rayman dans le jeu vidéo éponyme, tu avances sans te poser la moindre question en suivant le trajet en pointillé qui s’affiche sur la carte de ton écran. À l’image du petit personnage à la mèche blonde, on se laisse porter par la machine pour passer d’un « monde » à l’autre sans la moindre difficulté. Un voyage sans zone de turbulences qui nous permet de traverser le gouffre qui sépare deux univers aussi distincts que ceux qui obligent notre petit personnage en image de synthèse à se jouer de la forêt vierge en sautant de liane en liane ; avant de devoir s’approprier l’univers des notes de musique en maîtrisant ses glissades entre deux trompettes.

En quittant le sol Uruguayen nous laissons donc derrière nous, l’Amérique du Sud, sa langue, son histoire et sa culture, pour ouvrir la page Asiatique de notre Tour du Monde.

Le monde de Rayman est intéressant pour illustrer cette rupture brutale que créé un voyage en avion, mais un voyage de 35 heures sans péripéties, ce n’est pas dans l’ADN de notre voyage. Alors bien que dans les lignes ci-dessus, j’ai pu écrire que nous avions effectué un voyage “sans zone de turbulences”, laissez moi vous conter la véritable histoire de notre trajet Montevideo – Chiang Raï. 

L’histoire débute donc en Amérique du Sud, dans la capitale uruguayenne, un lundi du début du mois de mars. Notre première mésaventure, nous l’avons connue au moment de franchir le portique de sécurité pour rejoindre le corridor international. La police aérienne de l’aéroport refuse alors que nous accédions à l’avion avec nos casques de moto en bagage à main. Bien étonnés par cette mesure de sécurité, puisque par le passé nous avions déjà effectué des trajets en avion dans ces conditions, nous retournons donc au guichet de Air Europa, notre compagnie aérienne. Nous y rappelons nos bagages, envoyés en soute, pour filmer nos casques avec les sacs à dos et ainsi ne pas payer de bagages supplémentaires. Un léger contre-temps qui occupera l’avance que nous nous étions autorisés, avant notre embarquement.

Le premier vol pour rejoindre Madrid aura duré 11 heures. Nous arrivons dans la capitale espagnole à 6 heure du matin. En ce mois de mars, à la descente de l’avion, il fait frais mais pas froid. Dehors les espagnols portent, tout de même, tous un manteau d’hiver, alors que nous voyageons tous les quatre en tee-shirt. Nous avions presque oublié que l’hiver était toujours bien installé sur l’Europe à cette période de l’année.

Nous récupérons nos bagages en soute puis recherchons, sur un des écrans d’information de l’aéroport, le terminal qui nous permettra de faire notre enregistrement pour le vol suivant. Il nous aura fallu quelques instants pour trouver l’information recherchée ; en effet, notre premier vol se dirige vers « Estocolmo », ce nom si chantant qui se traduit par Stockholm en français.

Au comptoir de la compagnie Norwegian Airlines, nous souhaitons réaliser notre « Check-in » pour nos deux prochains vols. Nous les effectuerons tous les deux dans les avions rouges de la compagnie. Le premier nous conduira donc à Stockholm pour une courte escale avant de s’envoler dans un second avion pour Bangkok. Mais à notre surprise, lors de l’enregistrement, la compagnie nous demande de présenter le billet retour qui justifie que nous quitterons le territoire thaïlandais sous 30 jours (période de validité de notre visa). N’étant pas en possession d’un tel billet, puisque notre projet est de traverser dans les premiers jours suivant notre arrivé, la frontière avec le Laos par voie terrestre, une petite montée de stress se fait ressentir. Nous finissons par acheter quatre billets factices sur un site spécialisé, que nous présentons au guichet d’enregistrement ; l’hôtesse au comptoir prenant alors en charge nos bagages sans poser la moindre question.

Aucun de nous quatre ne voit les nuages entre Madrid et Stockholm, profitant de ce vol de 4 heures au dessus de l’Europe, pour rattraper un peu de sommeil. A notre descente de l’avion, il neige, et le thermomètre annonce -4°C. Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas connu de température négative.

Notre vol pour Bangkok décolle à l’heure prévue. Son trajet en revanche est rallongé d’une heure du fait de la situation géopolitique entre l’Inde et le Pakistan qui empêche le survol de la zone. À bord de de cet avion et malgré les 11 heures de vol, pas de repas pour nous. Nous ne savions pas qu’il fallait les réserver en amont et refusons de payer une somme astronomique pour de minuscules sandwiches proposés par les stewards.

Nous atterrissons à Bangkok à 8 heure du matin, heure locale, et nous nous mettons en quête de notre dernier billet pour atteindre dans la journée, la ville de Chiang-Raï, au nord du pays. Une fois le vol avec la compagnie Thaï-Smile réservé, nous savourons notre premier Pad-Thaï. Un moment salvateur après notre jeûne de quelques heures, suite à notre mésaventure sur le précédent vol. Il nous faut ensuite patienter dans l’aéroport jusqu’à 18h50 pour réaliser notre dernier embarquement.

Notre atterrissage sur les coups de 20h30 dans le petit aéroport de Chiang-Raï, vient conclure les 57 heures de trajet dont 26 heures et 40 minutes de vol depuis notre départ deux jours plus tôt de Montevideo. Un voyage qui se conclut par un petit concert de musique traditionnelle thaïlandaise pendant que nous attendons l’arrivée de nos bagages sur le tapis roulant. C’est bien dans un nouveau monde de Rayman, que nous venons d’entrer…

 Le Laos et la culture de la banane

Sur les pistes du Laos nous traversons de nombreuses bananeraies. Cette culture est l’une des principales sources de revenus de ces zones rurales isolées. Elle s’est fortement développée ces dernières années, du fait qu’elle offre l’important avantage de ne pas être saisonnière et donc de pouvoir être récoltée toute l’année. Ce fruit est ainsi devenu le produit le plus exporté par le pays, vendu en grande majorité à son puissant voisin, la Chine. En empruntant ces routes en terre, reculées, nous pouvons observer dans les champs voisins, de nombreux “ouvriers”. Il est aujourd’hui difficile de les qualifier de “paysans” tant leurs tâches semblent orchestrées à la manière d’une ligne de production.

Lors d’une pause salvatrice, sur le bord de la route, après plusieurs dizaines de kilomètres entre poussière et nids-de-poule, nous nous arrêtons en file indienne, derrière deux camions stationnés le long de la piste. Perchés sur le sommet de leur remorques, des hommes y chargent un maximum de ces bananes, tout juste récoltées. Sous des cabanes de fortune qui les protègent du soleil et de sa chaleur d’autres ouvriers effectuent un premier tri, entre les fruits abîmés et ceux qui sont à peine mûrs, pourront prendre la direction de la Chine.
Cette ambiance de travail, offre aussi de jolis moments de partage. Notre arrêt, par exemple, rompit avec le quotidien routinier de cette bananeraie. Il éveilla la curiosité de tous ses travailleurs. Les plus téméraires, intrigués, s’avancèrent pour nous offrir le fruit de leur récolte, et nous faire découvrir leur quotidien de labeur. Un sourire apparut sur toutes les lèvres lorsqu’ils s’essayèrent à communiquer avec nous, sans que nous ne comprenions un seul mot de laotien. Une situation incongrue qui enchanta cette équipe et offrit un nouveau rayon de soleil dans notre périple poussiéreux.

Le concert de Pop Laotienne

Le soir de l’anniversaire de Gilles, nous nous mettons en quête d’un karaoké pour célébrer la fin de la journée. Au Laos, comme partout en Asie, le karaoké est très à la mode. Les Laotiens, plus ou moins jeunes, se donnent rendez-vous pour interpréter les derniers tubes de variété.

Après une escapade en tuk-tuk, nous arrivons près du stade municipale, quartier dénué de touristes, où les laotiens viennent profiter des ardeurs de la nuit. C’est sur le “Sun” que nous jetons notre dévolu. Mais à l’image des autres karaokés locaux, il s’agit de location de salles privatisées, pour pousser la chansonnette entre amis. Ces petits espaces ne nous permettant pas de présenter nos classiques de la variété française à la jeunesse locale, nous optons donc pour un verre dans la grande salle du bar de nuit.

À notre entrée, nous découvrons être les premiers clients. L’immense salle n’est meublée que par une dizaine de rangées de “mange-debout.” Plongée dans le noir, la scène est éclairée seulement par les spots, jusqu’au bar situé à l’autre bout de la pièce. Dès la porte franchie, nous sommes invités à prendre place autour de deux « mange-debout ». Le groupe “The Sakhan” occupe la scène. Chaque membre du groupe sort tout juste de l’adolescence, et à l’image des chanteurs de la K-Pop, adopte un look très réfléchi, avec bandana et cheveux peroxydés. Progressivement la salle se remplie, les amis du groupe sont venus encourager leur protégés. Ils chantent à tue-tête les compositions du groupe mais aussi chacune des reprises qu’ils font, des tubes de la pop-culture. Une expérience originale qui se conclura dès le remplacement sur scène, du groupe de Pop-Lao, par un DJ dont les platines crachent depuis les enceintes un son techno pour lequel nous sommes bien peu sensibles.

 La noodle-soup du petit déjeuner

Le petit-déjeuner est un moment clé de notre quotidien qui symbolise aussi bien sa banalité que sa répétition. Mais en voyage, il devient un moment privilégié où l’on prend plaisir à prendre son temps pour l’apprécier. On s’assoit à une table en terrasse pour savourer cet instant présent et observer l’effervescence des rues en ce début de journée.

Marqueur de la mondialisation dans la plupart des hôtels ou auberges, il est servi le petit déjeuner, dit “continental”. Chacun essaie alors de le recopier aussi bien que possible. Composé de son café, son chocolat ou son thé ; de son pain, sa confiture et de ses viennoiseries, il est pourtant bien difficile à imiter lorsqu’on ne maîtrise pas cet artisanat ancestral. Mais il permet au voyageur de commencer sa journée “en milieu hostile”, en toute sérénité ; et ce bien qu’il aille à l’encontre des traditions, de la plupart des pays qu’il visite.

Au Laos comme dans la majorité des pays voisins, les habitants mangent des plats relativement similaires du petit-déjeuner au dîner, souvent composés de nouille ou de riz “collant” accompagnés de poulet et de légumes.
La “noodle-soup” (dont la traduction française moins poétique nous donne une jolie “soupe de nouilles”) est la spécialité de rue au Laos, et le plat le plus célèbre. Petit-déjeuner de base des laotiens, elle est avalée en quelques minutes par les écoliers avant de se rendre à l’école, mais se mange également toute la journée. Peu importe où l’on se trouve, il est possible de trouver une échoppe et d’en commander une pour la modique somme de 1,5 €. Nous consommons ce plat, véritable colonne vertébrale de notre régime alimentaire dans ce pays, une à deux fois par jour.

Alors quand, au milieu des montagnes laotiennes, nous ressentons une certaine overdose envers la traditionnelle noodle-soup, et que nous vient une folle envie d’un petit-déjeuner continental ; il faut alors faire preuve d’inventivité pour trouver les ingrédients de notre festin. Se procurer des œufs dans une échoppe et négocier de pouvoir les cuisiner dans un restaurant, accompagnés d’un café ou d’un thé. À Long, après la visite de trois échoppes, nous finissons par mettre la main sur notre précieux sésame. Et trouvons dans la foulée un petit restaurant qui accepte que nous préparions cette fameuse omelette dans ses cuisines. Gilles se faufile alors derrière le rideau en compagnie de la chef cuisto. Il lui révèle les secrets de sa recette, qu’il agrémente de quelques feuilles de coriandre. En guise de boisson chaude, nous accompagnerons ce festin d’un sachet de café soluble ; dont les dosettes, fruit de la mondialisation, se vendent partout à travers le monde. Un petit-déjeuner, loin des standards des luxueux hôtels, et de nos petits-déjeuners qui ponctuaient notre routine française ; mais qui nous offre un joli moment de partage culinaire au cœur des montagnes laotiennes.

Fumer du tabac laotien

Lors de notre aventure en pirogue le long de la rivière Nam Ou, Nudo, notre guide, nous conduit dans un petit village où le tabac est cultivé. Les plants sont cultivés dans des champs irrigués par la rivière aux abords du village. Les larges feuilles, une fois jaunies, sont récoltées avant d’être mises à sécher sur des toiles en bambou, au soleil. Elles sont ensuite coupées finement, à la main à l’aide d’une longue machette et d’un poteau en bois. Lors de notre visite du village, nous découvrons cet artisanat ancestral. La femme interrompt alors son activité pour nous faire goûter le fruit de son travail. N’ayant pas de feuilles à cigarettes sous la main, elle s’éclipse quelques instants, avant de revenir, une feuille d’un cahier d’écolier à la main. Elle en distribue un petit rectangle à chacun de nous, n’étant pas de grands fumeurs, nous nous lançons alors dans un petit concours de “roulage de cigarette” ; inutile de vous préciser que le résultat ne fut pas des plus réglementaires… Vient alors le grand moment de goûter à ce tabac artisanal. Malheureusement nous ne pourrons pas vous dire si ce tabac est d’une qualité supérieurs, mais après quelques toussotements, une chose est certaine, le papier à grands carreaux offre un charme tout particulier à cette expérience.

Sur les routes Laotiennes

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Loin de nos side-cars, nous ne pouvons comparer nos expériences sur les routes asiatiques avec celles vécues au guidon de nos fidèles Ural sur les routes sud-américaines. Notre séjour au Laos fut tout de même riche d’aventures sur les différentes routes et pistes de ce pays.

Notre première tentative, pour apprivoiser l’asphalte laotien, s’est présentée dès notre deuxième journée dans le pays. Une expédition en bus, au départ de la gare routière de la ville de Houei Sai, pour rejoindre la ville de Luang Namtha, à 170 km de là.

Avec Emilie, c’est en dernière position que nous grimpons dans le bus d’une trentaine de places. Malgré la persévérance du reste du groupe pour essayer de nous garder une petite place dans le fond du bus, il s’avère que celui-ci est complet. C’est donc sur les strapontins dans l’allée du bus que nous nous installons, tout comme deux autres voyageurs devant nous. Un périple, de 4 heures, réalisé sur un asphalte irrégulier constitué de quelques jolis nids de poule qui arpentent le bitume, pour la plus grande joie de notre dos. L’étroite route serpente au milieu des montagnes, la forêt sur le bas côté est dense ; pas de doute, la jungle nous entoure. Le vieux bus Hyundai, qui n’importe où ailleurs, aurait sans doute l’âge de la retraite, « galère » dès que la route s’élève. Mais pour autant, il assurera le trajet comme un chef, sans nous faire le coup de la panne, pourtant réputé dans le pays !

Luang Namtha est le point de départ de notre aventure en deux roues dans le nord du Laos. Après avoir fait des pieds et des mains pour trouver une échoppe qui accepte de louer des scooters pour plusieurs jours ; nous lançons nos bolides sur la route en direction de Muang Sing à 10 kilomètres de la frontière chinoise. Les 8 scooters se suivent en file indienne. Le cortège m’offre une belle représentation, de ce que j’imagine être, le ballet du moto-club de Provins décrit par Jean-Luc lors de notre rencontre en Amérique du Sud. La route, peu fréquentée, serpente (comme toujours) au milieu d’une forêt dense de mille feuilles et connaît quelques portions de travaux qui viennent entacher sa qualité. Une fois passé Muang Sing, nous faisons nos premiers kilomètres de piste pour atteindre la petite ville de Muang-Long, au guidon de nos Honda Wave 100, les modèles de scooters semi-automatiques les plus répandues ici. Un véritable slalom continu pour éviter les trous, la boue et les cailloux… Le placement au sein de cette guirlande de scooters a, à ce moment, toute son importance. En effet, si les premiers, sur cette piste, mordent un peu de poussière, les derniers eux naviguent au cœur d’un véritable nuage ocre. A chaque pause, il est alors facile de constater que les vêtements s’imprègnent d’une nouvelle teinte aux reflets crème ; qui en fin de journée recouvrent entièrement corps et visages.

À l’approche de chaque village, cochons, poules ou chèvres nous accueillent. Laissés en liberté, ils aiment se mettre en travers de la route, nous obligeant à jouer du « puissant » klaxon de nos pétrolettes pour se frayer un chemin.  Avec nos casques sur la tête, tels les extraterrestres de Mars Attacks, les regards des habitants se portent sur nous avec insistance dès le passage devant la première maison. Mais, une fois le pied posé à terre et le visage découvert, les enfants intrigués, et les adultes viennent vers nous, nous proposant quelques fois des fruits.

Au cœur de la montagne, dans un des villages les plus reculés de notre périple, nous arrivions presque à ce que redoute la plupart des voyageurs en roadtrip : la panne d’essence ! Gilles, fin baroudeur en moto et possédant une importante expérience dans ces contrées éloignées, nous garantit que nous pourrons nous procurer de l’essence dans n’importe quel village que nous traverserons. Quelques centaines de mètres plus loins, les habitations de Namhi s’extirpent du décor champêtre qui nous semblait pourtant être le milieu de nulle part. Dans les rues, pour une fois, personne. C’est finalement à l’ombre d’une terrasse de maison que nous découvrons la présence d’un monsieur. En lui mimant notre requête, il nous indique de la pointe de son index, une maison située plus haut dans la rue « principale ». Cette habitation, qui n’a d’extérieur rien d’une boutique, est en fait la petite échoppe du village. Nous interrompons les gérants, dans la préparation du poulet au menu de leur déjeuner. De nouveau avec nos mains, nous leur indiquons que nous avons besoin d’essence pour nos scooters. Possédant une petite cuve d’essence sous la maison, c’est dans de vieilles bouteilles de bières vides que nous récupérons notre trésor, et faisons le plein de nos réservoirs.

La piste nous réserve bien d’autres surprises, et après avoir traversé pierriers et gués, c’est un cours d’eau d’une largeur bien plus importante qui nous fait face. Deux solutions sont alors envisageables, un pont en bambou fin et à l’architecture douteuse ou la traversée pure et simple de la rivière. Alors que l’ensemble du groupe analyse la meilleure solution pour traverser, y allant de son estimation sur la solidité de l’édifice et sur celle de la profondeur de l’eau ; deux jeunes filles, sur leur « Wave 100 » nous doublent et déboulent à toute allure sur la structure en bambou, qui tangue, sans fléchir sous leur poids. Puis vient notre tour, chacun optant pour la solution de son choix. Bien qu’étroit et peu stable, les traversées par le pont s’effectuèrent sans encombre ;  ce qui n’est pas tout à fait le cas des aventures humides de la traversée du cours d’eau. Alors que Gilles ouvrit le bal, se jouant facilement des cailloux dans le lit de la rivière, la réussite de cette épreuve ne put atteindre les 100%, après une chute sans gravité à la sortie de l’eau.

Ces ponts en bambou sont d’ailleurs légions dans le pays, permettant la traversée des rivières aux piétons et scooters sans avoir la nécessité, pour les autorités, de financer des édifices coûteux. Ainsi à Vang Vieng, nous avons entrepris la traversée de la rivière Nam Song sur un pont en bambou de plusieurs dizaines de mètres, pour ainsi rejoindre la rive ouest de la ville, plus champêtre. C’est d’ailleurs au milieu de ces terres de cultures qu’intervient notre première rencontre avec ce que nous avons surnommés les “choppers motoculteurs” ; à savoir de magnifiques véhicules construits à partir d’un moteur de motoculteur équipé de deux petites roues de tracteur. Une remorque a été attelée sur laquelle prend place le pilote qui dirige son engin à l’aide d’un long guidon courbé qui ferait pâlir tout amateur de moto choppers. Ces bolides nous les avons croisés sur toutes les routes isolées du pays, dans des états plus ou moins neufs, en fonction de leur utilisation et des pistes empruntées.

Autre star des routes laotiennes, nous avons, après les tuk-tuks péruviens, côtoyés pour la première fois, ceux qui se font appeler ici les Jumbo. Ces tricycles motorisés, principalement développés en ville, font à la fois office de taxi, pour de courtes courses à la demande, et de bus collectif, du fait de son espace à l’arrière pouvant accueillir une dizaine de passagers. Après avoir négocié le prix de la course et pris place à l’arrière de son carrosse, les rues défilent. Le pilote slalome entre les scooters et les autres Jumbo, dans un joli panaché de couleurs. En effet, la tradition, ici aussi, est de décorer son tuk-tuk avec la plus grande frénésie, offrant ainsi à certains carrefours, un festival de couleurs vives.

Une ambiance chaleureuse qui résume, à elle seule, l’état d’esprit de notre road-trip au Laos, qui malgré certaines difficultés techniques occasionnées par l’état de certaines routes, c’est toujours conclu par de savoureux moments faisant la richesse de cette aventure.

Luang Prabang – 10 jours – 305 mètres d’altitude

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C’est en mini-van Toyota privatisé et climatisé, que nous rejoignons Luang-Prabang. 7 heures de trajet, dans ce qui aurait pu s’apparenter à du grand luxe mais qui finalement nous offrira un confort, somme toute, sommaire, au vu des travaux sur la route. En effet, les Chinois investissent, au cœur des montagnes laotiennes, en construisant barrages et lignes de chemin de fer qui induisent de gros travaux et donc quelques portions non-asphaltées et riches de nombreux nids-de-poule. Luang Prabang est une ville bâtie dans la région montagneuse du nord Laos, sur les rives des eaux du Mékong. Elle est classée depuis 1995 au patrimoine de l’humanité pour son architecture exceptionnelle. En effet, de par son histoire, il se côtoie dans ces rues, de nombreux temples bouddhistes et des bâtiments construits pendant l’époque coloniale européenne.

Mais la découverte de ces trésors n’est pour l’instant pas au programme. Notre vadrouille dans les rues de la ville consiste davantage en une quête du meilleur loueur de scooters et vendeur de hamacs, pour nos futures escapades en deux roues dans les montagnes laotiennes. C’est avec des clés en poche, mais sans toile à tendre, que nous rencontrons Marion et Jérémy, dans le bar Le Popolo. Ce couple de français, installé au Laos depuis deux ans, projette d’effectuer un voyage en Ural depuis la France vers la Mongolie en traversant tous les pays en “-stan” qui sonnent bon l’aventure.

Après une douce nuit de sommeil, nous récupérons de bon matin nos scooters dans la boutique de location. Avant de prendre le départ, nous faisons une vérification visuelle des bolides et demandons le changement de pneus sur trois d’entre eux. Un des employés part alors en urgence pour les acheter dans une boutique voisine. Il revient quelques minutes plus tard avec ce qui s’apparente à trois cerceaux de hula-hoop. Au vu du nombre important de deux roues sur les routes laotiennes, les pneus neufs peuvent se trouver partout. Ils sont vendus dans de petites boutiques de mécanique, emballés dans de jolis papiers brillants et colorés. Notre départ pour Vang Vieng n’est décalé que d’une vingtaine de minutes, un retard qui nous permet surtout de prendre la route sereinement pour quitter l’agglomération et son important trafic. Passer le village de Sandkalok, où nous effectuons une courte pause déjeuner, nous poursuivons notre périple sur une piste technique qui longe le fleuve Mékong sur près de 80 kilomètres. Nous y enchaînons des traversées de pierriers et des passages à gué, sous les yeux amusés des zébus, qui, bien souvent, aiment se positionner en travers de notre chemin. Alors que nous nous offrons un instant de répit pour reprendre des forces, une charmante dame s’approche pour nous offrir quelques bananes. C’est avec grand plaisir que nous recevons ce cadeau ; mais malheureusement notre enthousiasme s’estompera dès la première bouchée. Les fruits ne sont en réalité pas encore mûrs ; mais nous apprécions beaucoup ce grand geste de gentillesse. En fin de journée, nous atteignons la petite ville de Muang Na, qui ne présente comme intérêt que la bonne douche chaude sous laquelle nous nous glissons après cette journée riche de poussière.

L’étape suivante nous conduit à Kasi. Sur la route, nous croisons régulièrement des troupeaux de trois ou quatre vaches en liberté, au milieu de zones dénuées de toutes habitations. Le paysage, lui, est magnifique. Les silhouettes des montagnes sont parfaitement dessinées par le léger voile brumeux environnant. La pente s’élève progressivement sur des dizaines de kilomètres.

Elle révèle les disparités de puissance entre les différents scooters. Bien qu’en bonne position au début de la première côte ; rapidement, les amis me dépassent n’hésitant pas à adresser une petite moquerie à mon fidèle destrier. C’est finalement dans le « grupetto », formé en binôme avec Louis-Marie, que je bascule au sommet du col. Mais dans la descente, les compétences de pilotage de mon compagnon lui permettent de refaire son retard, pendant que je fais chauffer mes freins entre chaque courbe. La pluie et l’orage se sont abattus toute la nuit sur Kasi. Au petit-déjeuner, nous assistons à un étonnant ballet d’écoliers qui se rendent à l’école à vélo. Petits et grands, en fratries ou entre amis, ce sont des centaines de jeunes laotiens qui rejoignent les bancs de leur classe au guidon de leur deux roues à pédales. A notre départ de la ville, nous passons devant l’entrée de l’école. Sur son parvis, les bicyclettes sont rangées dans un beau bazar organisé.

Pour rejoindre Vang Vieng, l’itinéraire du jour emprunte une route humide. Le long des champs, avant de suivre la vallée de la rivière Nam Song, qui serpente entre de magnifiques montagnes au relief aquilin jusqu’à notre ville étape. Vang Vieng est une ville, réputée des guides de voyage pour son caractère festif et ses nombreuses activités touristiques. Mais c’est aussi une région aux paysages calcaires, entre champs, pains de sucre et montagnes. A notre arrivée, nous avalons un ananas en guise de déjeuner et décidons de quitter au plus vite la ville inondée d’agences de voyage, pour partir à pied à la découverte de ses alentours. Après avoir traversé un pont de bambou, emprunté une étroite rue entre les maisons sur pilotis et suivi un chemin qui slalomait entre les champs, nous parvenons à l’orée de la forêt. Le GPS est formel pour atteindre la grotte Lusy que nous souhaitons explorer, il nous faut suivre le petit sentier qui s’aventure dans la jungle.

Au pied de la montagne, nous payons le droit d’entrer dans la grotte à un jeune homme avant de grimper à l’aide d’une échelle jusqu’à son entrée. Les faisceaux lumineux de nos lampes frontales et téléphones révèlent de magnifiques stalactites et stalagmites. La grotte n’est pas du tout aménagé, et c’est tels de vrais spéléologues que nous nous enfonçons dans ces galeries sur des centaines de mètres. Après avoir retrouvé la sortie et la lumière naturelle, nous nous dirigeons vers l’entrée de la grotte de Tham Chang. Une fois à ses pieds, du fait de l’heure tardive, nous faisons face à une porte close. Nous optons donc pour une baignade dans les piscines situées à quelques mètres de là. L’eau sort, d’ailleurs des profondeurs de la terre, pour alimenter les bassins présents à la sortie de la grotte. Je me rafraîchis dans ces eaux fraîches en compagnie d’enfants, qui eux prennent leur douche. Les plus âgés savonnent le dos des cadets, avant de s’adonner à un concours de plongeon.

Le lendemain nous prenons de nouveau la direction de Luang Prabang. La journée débute, au départ de Vang Vieng, par la traversée d’un étroit pont en bambou qui surplombe la rivière Nam Song. À tour de rôle, inspirés par deux jeunes laotiens au guidon de leur deux roues, nous nous aventurons en file indienne sur cet étroit pont suspendu. Quelques kilomètres plus loin, nous faisons une courte pause à Phatang, petit village coincé dans un canyon entre deux montagnes de calcaire, pour goûter, dans une échoppe de bord de route, du whisky infusé aux frelons.

Sur les 60 derniers kilomètres avant Luang Prabang, nous longeons la rivière Nam Sana qui irrigue dans la vallée, de belles rizières. À hauteur du village de Silalek, nous nous offrons une baignade rafraîchissante dans les piscines de la petite cascade Kacham. La fin d’après-midi est également consacrée aux chutes d’eau, celles impressionnantes des cascades de Kuang Si. Située à une petite trentaine de kilomètres de la ville de Luang Prabang, nous atteignons le site en scooter par une petite route bucolique. Dès les premiers mètres sur le site, après s’être affranchis du droit d’entrée, nous découvrons le “Bear Rescue Center”, un refuge qui assure la protection des ours noirs d’Asie. Sauvés du braconnage, ils passent dorénavant leurs journées, affalés dans des hamacs, ou à jouer ensemble avec de vieux ballons. La balade se poursuit en montant les 500 mètres de sentier qui mènent à la cascade principale de Tad Kuang Si. La rivière se faufile, 60 mètres plus haut, au milieu de la jungle environnante avant de se jeter dans le vide face à nous et d’alimenter les piscines situées en contrebas. La promenade se poursuit en rebroussant chemin. Nous longeons la rivière alimentée par la cascade et repassons devant les petites chutes d’eau et piscines naturelles aux couleurs turquoises. Nous avions repéré à l’aller qu’il était possible de se baigner dans les premiers bassins. Au retour, impossible de résister à la tentation d’un petit bain ! De plus qu’en cet fin d’après-midi, la fermeture du parc approchant, l’ensemble des mini-vans acheminant la majorité des touristes ont quitté les lieux, nous permettant de profiter, seuls, de ce lieu enchanté.

La journée suivante est consacrée aux pérégrinations dans la ville de Luang Prabang. Comme évoqué en début de cet article, nous entreprenons donc de partir à la découverte des nombreux temples bouddhistes de la ville. Ces nombreuses pagodes, appelées ici des “Vat”, sont richement décorées. Après s’être faufilés derrière les immenses portes en bois entrouvertes ; l’effervescence de la rue s’estompe laissant le champ libre à la tranquillité des lieux, propice à la méditation. Dans la salle principale, derrière les imposants piliers dorés, un Bouddha, souvent imposant, trône assis derrière un nombre important d’offrandes. Impressionnés par sa majesté, on se fait tout petit, de peur de le déranger. La découverte du centre historique se poursuit avec la visite de l’ancien Palais Royal, érigé en 1904 lorsque la ville était sous protectorat français, en lieu et place du précédent palais à l’architecture traditionnelle. Dans ces jardins, nous nous arrêtons quelques instants, subjugués par la majesté du temple Haw Pha Bang, un sanctuaire achevé en 2006, richement orné, qui renferme un Bouddha d’or de 83 centimètres de hauteur, qui a l’honneur de donner son nom à la ville. La fin de journée approchant, nous prenons place sur une large embarcation qui vogue sur les eaux troubles du Mékong, à l’heure du coucher du soleil.

Pendant cette croisière d’une heure, nous apprécions le soleil, qui progressivement descend se cacher derrière la végétation touffue des montagnes environnantes ; laissant alors la place, dans le ciel, à une chaude couleur orangée. Sur l’eau, quelques pêcheurs lancent des filets depuis leurs pirogues quand d’autres embarcations assurent l’acheminement de passagers et véhicules, d’une rive à l’autre. Un paysage digne d’un tableau d’un peintre impressionniste, accompagné sur l’eau, des douces notes de Donny Hathaway dont la musique se fond parfaitement au décor.

Réveil à 5 heures du matin le lendemain, pour assister au ballet des moines. En effet, tous les jours, aux aurores, ils quittent leur temple pour arpenter en silence les rues de la ville. Pieds nus et vêtus de leur tenue traditionnelle orange, ils avancent, présentant dans un mouvement très ritualisé, leur “bol d’aumône”. Devant leur maison, les habitants attendent le passage des “bonzes.” Ils ont pris place, à genoux, assis en tailleur ou sur de petits tabourets, pour leur offrir principalement du riz gluant mais aussi des plats cuisinés, des fruits et des gâteaux. Une fois les offrandes récoltées, les moines partagent entre eux, la nourriture et prient ensemble pour les fidèles donateurs.

Après Luang Prabang, nous remontons dans un bus pour rejoindre Nong Khiaw, village qui borde la rivière Nam Ou, et point de départ pour rejoindre Muang Ngoy, ville accessible uniquement en bateau. Les quatre heures de trajet sont, une nouvelle fois, épiques. Les routes laotiennes sont là encore riches en trous et en travaux. Le départ pour la ville « perdue » ne se fera que le lendemain, en compagnie de Nudo, notre guide. Depuis l’embarcadère de Nong Khiaw, au milieu des nombreuses autres embarcations de toutes les couleurs, nous prenons place à bord de notre “Sampan,” la barque en bois traditionnelle dit « à longue queue, » du fait de sa taille fine et longue. À son bord, nous posons nos doux fessiers sur des sièges de voiture avant de remonter la rivière Nam Ou jusqu’au village de Muang Ngoy.

Nous effectuons en chemin un premier arrêt au petit village « des escargots », où nous visitons un “chantier naval” de Sampan, taillés d’une seule pièce dans d’imposants troncs. Au cœur du village, Nudo nous présente les richesses de l’artisanat local, dont les métiers à tisser permettent de concevoir des écharpes de soie, portées lors de la cérémonie des offrandes. A l’autre bout du village, il nous montre également la culture du tabac, réalisée sur de petites parcelles à flanc de colline. Sur l’eau, nous croisons souvent d’autres embarcations de toutes tailles, d’autres Sampan conduisent les habitants vers Nong Khiaw, de petites barques de pêcheurs solitaires dérivent également sur la rivière. Le tout, sous les yeux d’enfants qui sautent dans l’eau depuis des branches d’arbres. Nous remontons la rivière jusqu’à la grotte de Phanoi, qui, cachée dans la falaise, servie de refuge à une centaine de personnes pendant la guerre d’Indochine. Nous grimpons par un petit sentier, au sommet de cette falaise, jusqu’à un poste d’observation qui révèle un beau point de vue sur l’ensemble de la ville de Muang Ngoy. En redescendant, nous traversons le temple Wat Okad Sayaram avant de traverser les petites rues de la ville puis de reprendre place sur notre embarcation. Nous redescendons la rivière jusqu’au village de Sop Keng, lieu de résidence de notre guide. Nous déjeunons sur la terrasse de son humble demeure du riz-curry, servi dans une feuille de bananier. De là, nous marchons au milieu des rizières, sur près de deux kilomètres, pour atteindre la cascade de Tad Mok, où nous nous autorisons une petite baignade. Sur le chemin du retour, à l’heure du goûter, nous nous accordons une petite pause dans une ferme, à l’ombre d’une paillasse, pour déguster un excellent café Lao pour les uns, ou un traditionnel thé à la citronnelle pour les autres.

Après avoir passé la nuit à Nong Khiaw, nous retrouvons en bus, le lendemain, Luang Prabang. Pour notre dernière soirée au Laos, nous grimpons en haut du mont Phou Si, au coeur de la ville, pour y apprécier l’un des plus célèbres coucher de soleil sur le Mékong. La nuit tombe sur le Laos, et  demain c’est le Vietnam qui nous ouvrira ses bras (non sans quelques galères de visas)…


NOS COUPS DE COEUR

Le projet Uralistan de Marion et Jérémy

Parce qu’après une aventure de plus de deux ans au Laos, leur nouveau projet est de prendre la direction de la Mongolie en side-car Ural. Leur site www.uralistan.fr vaut le détour. Vous y découvrirez les coulisses de leur voyage mais aussi de précieux conseils pour tous les voyageurs à moto et de jolis road-books sur leurs précédentes escapades.

Où manger ?

Mama Alex Restaurant
Ban Sop Houn village Nong Khiaw

Adresse simple où l’on peut déguster, assis en tailleur sur de petites tables basses, un très bon Laap Kai : une spécialité laotienne généralement à base de poulet (mais également de bœuf, poisson ou végétarienne), servie pour les grandes occasions.

Où boire un verre ? 

Bar le Popolo
102/3 Kounxoau Road, Luang Prabang

Une belle ambiance pour ce bar cosy doté d’une agréable terrasse où il fait bon de déguster une bière ou un cocktail en fin de journée. Nous ne sommes pas, ici, dans le bar traditionnel laotien et ses habitués, mais retrouver parfois un peu de confort, avec un accueil chaleureux, c’est tout aussi agréable.

Luang Namtha – 8 jours – 547 mètres d’altitude

English version available here.


Après 56 heures de voyage, nous voici arrivés sur le continent asiatique après avoir quitté Montevideo et le continent Sud-américain deux jours plus tôt.

C’est à Chiang-Rai que nous débutons ce séjour en Asie du Sud-Est. Nous passons quelques jours dans cette ville du Nord de la Thaïlande, pour nous reposer et nous remettre tranquillement, des 10 heures de décalage horaire ; avant de prendre la direction du Laos, pays dont la frontière est située à 100 kilomètres, plus au nord.

Chiang-Rai est une ville historique, fondée en 1262 par le Roi Mengrai. Lors de notre première journée, nous faisons une petite promenade dans les rues de la ville. Son architecture, n’y est pas extraordinaire, mais nous prenons plaisir à découvrir nos premiers temples bouddhistes et cette atmosphère si différente de celle que nous avons pu connaitre quelques jours plus tôt de l’autre côté du globe. Nous croisons sur notre chemin, l’imposant mémorial en hommage au roi fondateur de la ville. Quelques rues plus loin, nous découvrons le second point d’intérêt du centre-ville, la majestueuse horloge en or qui trône au milieu d’un rond-point autour duquel tourne inlassablement un nombre incalculable de scooters. Dans la soirée, nous accueillons Brigitte et Louis-Marie, les parents de Julien ; ainsi que Ghislaine et Gilles, un couple d’amis de la famille.

Le lendemain, nous visitons le Wat Rong Khun, également appelé « White Temple ». C’est notre première visite d’un temple bouddhiste. Contrairement à ce que nous pensions, ce temple n’est pas un monument à l’architecture traditionnelle. Bien que bâti sur le terrain d’un ancien temple, il s’agit d’une œuvre moderne de l’artiste Chalermchai Kositpipat (créateur également de l’horloge citée plus haut), dont le début de la construction du temple date de 1997. L’architecte a un style facilement identifiable, avec une nette tendance à exagérer et à dramatiser le style thaïlandais traditionnel. Comme son nom l’indique, le temple met à l’honneur cette couleur qui lui donne une allure majestueuse. Pour le rendre plus étincelant encore, des milliers de petits miroirs ont été encastrés sur l’édifice. Pour accéder au bâtiment principal, nous escaladons le grand escalier qui nous permet de traverser les enfers (symbolisé ici par les mains des morts sortant du sol) et enjambe un bassin, dans le fond duquel un énorme poisson en trompe-l’œil tue le temps qui passe. Dans les jardins, des figurines censées éloigner les mauvais esprits sont accrochées aux arbres. Elles représentent des personnages de la “Pop-Culture”, on y retrouve Wolverine, les Tortues Ninja, les personnages d’Avatars, etc. Comble de la finesse asiatique, même le bâtiment des sanitaires mis à disposition du public est couvert d’or, des lavabos jusqu’aux toilettes.

Nous passons la soirée au « night-market », l’un des lieux les plus emblématiques et actifs de la ville, à la nuit tombée. On y retrouve à la fois des échoppes de souvenirs et des stands de restauration. Il est alors possible de déguster les spécialités culinaires locales, avec sur la scène face à nous, un duo de jeunes chanteurs grattants sur leurs guitares une mélodie d’un style que l’on pourrait qualifier de “Folk-asiatique”.

Lors de notre dernier jour à Chiang-Rai, nous partons découvrir les environs de la ville en scooters. Retour au guidon d’un bolide, mais cette fois, à deux roues. Après s’être extirpés de l’intense circulation de l’aire urbaine, nous re-goûtons aux joies de la conduite sur les routes de campagne. Nous apercevons les premières rizières contre les petites montagnes environnantes. Les cultures ne sont pas en terrasse, mais dès les premiers kilomètres la magie opère. En haut d’une côte, nous traversons un premier village fait de maisons en bambou construites sur pilotis. Sur la petite place centrale, les lignes de terrains de sport ont été tracées. Le terrain de foot est bien entendu présent, mais les terrains de badminton lui font concurrence. Dans cette région, les habitants cultivent de petits ananas, sur les pentes abruptes aux alentours des villages. Lors de notre passage, la saison de la récolte bat son plein, les paniers tressés en bambou fleurissent le bord des routes. Et quand ce n’est pas les têtes jaunes des ananas qui viennent colorées les champs, on y aperçoit de gros bœufs, anneaux dans les narines et cornes impressionnantes sur la tête, qui broutent paisiblement.

En début d’après-midi, nous atteignons la cascade de Huay Mae Sai, perdue au bout d’un petit chemin qui s’enfonce dans la forêt. Nous nous y autorisons une petite baignade avant d’y être rejoint par de jeunes Thaïlandais qui, à notre grand étonnement, saute dans l’eau tout habillé depuis les rochers environnants. Sur le chemin du retour vers Chiang Rai, nous effectuons une courte halte devant le temple de Wat Huai Pla Kung, dont le Bouddha blanc de près de 50 mètres de haut (à vue de nez) surplombe toute la vallée.

Nous prenons, le lendemain, la direction de la frontière Laotienne. Afin de faciliter l’obtention de nos futurs visas, nous nous arrêtons en chemin pour réaliser des photos d’identité dans une échoppe du bord de route. Le magasin est très rudimentaire, mais le matériel photographique, lui, semble être de dernière génération. Arrivés au poste de douane, nous clôturons notre visa thaïlandais avant de traverser en bus le pont de l’amitié lao-thaïlandaise qui chevauche le fleuve Mékong (ce pont inauguré en 2013, est le quatrième édifice transfrontalier à être construit au-dessus du fleuve séparant les deux pays, chacun des trois ponts précédents possédant le même nom de “pont de l’amitié”). C’est la première fois que nous côtoyons ce mastodonte, si célèbre, dont la largeur de plus de 400 mètres à cet endroit est déjà impressionnante.

De l’autre côté du fleuve, nous obtenons le visa laotien pour 30 jours, après avoir rempli les formalités administratives et s’être acquittés de $31. Nous passons la soirée sur la rive gauche du Mékong, dans la ville de Huay Xai. Pour nous dégourdir les jambes, nous grimpons jusqu’au vieux fort militaire de la ville. Construit par les français au début du 20ème siècle, le fort Carnot est aujourd’hui abandonné et recouvert de végétation, ce qui lui donne une atmosphère particulière. Pour s’offrir une jolie vue sur le Mékong et les montagnes environnantes, rien de tel qu’un peu d’escalade pour atteindre le sommet de l’ancienne tour de guet. Il nous aura fallu, pour cela, faire abstraction de l’état d’usure des escaliers et planchers, qui lorsque les planches de bois n’étaient pas manquantes, étaient rongées par les mites. Nous redescendons ensuite sur les berges du fleuve pour déguster notre première “Beerlao” ; la douceur houblonnée locale qui accompagne parfaitement le jolie coucher de soleil, rendu si particulier par l’humidité ambiante qui y appose un doux voile poétique sur le relief des montagnes environnantes. Ne pouvant louer des scooters pour l’ensemble de l’équipe dans la ville Houei Xai, nous prenons la décision collégialement de rejoindre la ville de Luang Namtha. Ce périple de 4 heures, dans un bus plein à craquer, nous permet d’atteindre le point de départ de notre aventure en deux roues dans le nord du Laos.

Après avoir passé la soirée à mettre la main sur des scooters et avoir analysé l’itinéraire des prochains jours, nous débutons de bon matin le chargement de tous nos paquetages sur nos deux roues. Nous prenons ensuite la route en direction de Muang Sing, à 10 kilomètres de la frontière chinoise avant de poursuivre notre périple sur une piste qui longe la rivière Nam Ma pour rejoindre la petite ville de Muang Long. Nous traversons de nombreux villages dont les maisons en bois sont sur pilotis. Il s’échappe dans les ruelles d’agréables odeurs de coriandre qui viennent nous chatouiller les narines.

Arrivés à Muang Long, nous trouvons rapidement une auberge appelée ici “guesthouse”, au confort rudimentaire mais tout à fait satisfaisant, et au tarif très intéressant. Je me lance ensuite dans une petite exploration des environs avec l’espoir de trouver un petit lieu de baignade paisible dans les eaux de la rivière Nam Ma. Arrivé sur les berges du cours d’eau, j’emprunte le pont suspendu en bambou qui relie le village aux champs, sur l’autre rive. Un groupe d’enfants y joue fougueusement. Surpris de voir un touriste venir s’aventurer sur leur terrain de jeu, ils se lancent le défi de s’approcher au plus près de moi. Amusé par la situation, j’avance vers eux d’un pas décidé, un large sourire aux lèvres, avant de reculer doucement dès que l’un d’entre eux s’aventure sur le pont. Avec ce jeu, la traversée de cet édifice d’une vingtaine de mètres prendra tout de même plusieurs minutes jusqu’à ce que l’un deux finisse par me tendre sa main pour me saluer. Je finis alors de traverser la rivière, pendant que les enfants eux reprennent la direction du village, tout sourires. La rivière cependant n’offre pas de zone de baignade satisfaisante, et c’est donc sans pause fraîcheur mais avec des souvenirs plein la tête que je retrouve le reste du groupe pour le dîner. Guidé par un groupe d’adolescents à qui nous avons demandé notre chemin, nous finissons par trouver le marché de nuit, coincé au fond d’une petite rue mal éclairée. Nous y dînons sur les petites tables au milieu de la cour. Au menu, nouilles et brochettes de viande, sans trop savoir ce que nous mangeons. Peu habitués à côtoyer des touristes et à échanger en anglais, nous éprouvons des difficultés à nous faire comprendre des commerçants. Mis à part des brochettes aux abats, nous nous régalons de ces spécialités locales, dans une ambiance chaleureuse.

De bon matin, nous enfourchons de nouveau nos bolides à deux roues et poursuivons l’aventure. Julien et Gilles ont repéré, la veille, un chemin qui permet de couper à travers la montagne pour rejoindre Luang Namtha. Après 20 kilomètres d’ascension sur une piste sinueuse et rocailleuse nous atteignons Nambo. A notre arrivée dans ce village au sommet de la montagne, la vie s’arrête pour nous dévisager, tels des extraterrestres. Les poules tournent autour des scooters et les enfants s’arrêtent de courir après leur pneu de scooter, pour nous regarder passer, avec de grands yeux écarquillés. Nous sommes accueillis par Tom-thi, dans le bâtiment qui occupe les fonctions de mairie et d’école. Ce jeune homme d’une trentaine d’années parle un très bon anglais. Il est employé du gouvernement, en mission pour assurer l’éducation et le développement économique du village. Nous échangeons avec lui sur sa vie, le quotidien des habitants et les contraintes liées à leur isolement.

Nous reprenons ensuite la route sur la piste à flanc de montagne. Nous traversons des gués et devons parfois nous frayer un chemin au milieu de champs de pierres. Les paysages dessinés par le relief et la brume sont magnifique. Gilles, fin pilote, et fort d’une grande expérience d’aventures en scooter sur les pistes asiatiques, mène le bal de ce petit convoi. Il avale les kilomètres à un rythme soutenu, ne laissant que peu de répit aux novices du deux roues que certains d’entre nous sommes. Mais on s’accroche jusqu’à la route principale et ne tirons que du positif de cette “trace” à travers la montagne. De retour sur l’asphalte, nous nous accordons une petite pause pour boire un thé glacé et grignoter quelques biscuits dans une échoppe, avant de parcourir les 60 kilomètres et les jolies courbes qui nous séparent de  Luang Namtha.

Notre séjour dans le nord du pays se termine par une journée de “repos”, avec pour principale activité, une petite rando de 6 kilomètres jusqu’à la cascade de Nam Dee. Pour y parvenir nous traversons le joli village de Lao Huay, dont la spécialité est la confection du papier à partir de fibres de bambou. Située 500 mètres après la dernière habitation, la cascade n’a pas un débit très conséquent, en cette période de saison sèche, ce qui lui fait perdre de sa magie ; mais elle permet tout de même d’apprécier une agréable petite pause fraîcheur avec baignade, dans un joli cadre tranquille, au milieu de la jungle.

A notre retour, dernier dîner au “night-market” de Luang Namtha, en compagnie de Dominique et Ghislaine, deux voyageurs en 4×4 aménagé, partis d’Europe il y a cinq ans. Demain nous remontons dans un bus et mettons le cap sur la ville de Luang Prabang, située à 7 heures de route plus au Sud.


NOTRE COUP DE COEUR
Où boire un verre ?

Riverside Café

Une jolie terrasse couverte, en bois, avec vue sur le Mékong. Une adresse paisible, pour apprécier une bière au coucher du soleil.