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Nous arrivons à Sa Pa au petit matin. La nuit dans le “sleeping-bus” a été agitée. Pour trouver le sommeil, il a d’abord fallu passer outre la sensation d’être encastré dans sa couchette, puis faire abstraction des nombreux virages qui permettent d’atteindre cette ville, perchée à 1500 mètres d’altitude.
Sa Pa trouve l’origine de son attractivité touristique pendant l’ère coloniale française. Les autorités françaises y fondèrent alors une station d’altitude, avant qu’elle ne devienne, par sa renommée, l’un des hauts-lieux du tourisme Nord-Vietnamien. Et pour cause, ce district de la province de Lao Cai, possède un paysage naturel hors du commun, où se côtoient montagnes, forêts et champs de rizières en terrasse.
A la descente du bus, il est 6h. Une courte accalmie météorologique nous permet de passer entre les gouttes de pluie avant de nous réfugier dans un café pour le petit-déjeuner. Mais à notre sortie, la quête d’un hôtel se fait sous une pluie battante. L’averse torrentielle, créée d’impressionnants écoulements de boue dans les rues de la ville. Après une recherche faite au pas de course sous le déluge, nous finissons par mettre la main sur trois chambres dans l’auberge de Manh.
En début d’après-midi, nous décidons d’affronter le mauvais temps pour partir à la découverte de la ville. Mais sans grande surprise, ce qui fait le charme de Sa Pa ne réside pas dans ses rues constituées d’une succession de « guesthouse, » de restaurants et d’hôtels en travaux. Et il faut le reconnaître, visiter Sa Pa, c’est accepter de partager les trottoirs avec de nombreux autres touristes.

Cependant au détour d’une petite rue étroite, nous ouvrons la porte d’un musée intimiste, dont l’exposition présente les différentes ethnies de la région. Passer le pas de la porte, une parenthèse pleine d’authenticité s’ouvre. Elle nous révèle les secrets culturels et traditionnels de la région, bien loin des structures touristiques citées précédemment. Ainsi nous apprenons que l’ethnie majoritaire au Vietnam est celle des Kinh, mais que différentes ethnies minoritaires vivent dans les montagnes autour de la ville. Elles possèdent leur propre culture, une langue différente et se vêtissent de vêtements de couleurs particulières (les H’Mong optent par exemple pour des tenues sombres).
De retour à l’auberge, nous consacrons la fin d’après-midi à la réalisation d’un cours de cuisine vietnamienne orchestré par Manh, le gérant de l’auberge. Nous débutons ce cours en achetant les ingrédients sur le marché de la ville, avant de nous lancer dans la confection des plats, puis de nous régaler du festin que nous avons réalisé.
Le lendemain, réveil en douceur, afin de se mettre en condition pour la randonnée du jour. Un grand soleil et un beau ciel bleu ont remplacé la grisaille humide de la veille. Des conditions idéales qui ne nous quitteront pas de toute notre escapade au milieu des cultures en terrasse. Nous partons à la découverte de ces paysages, sans guide, mais riches des précieux conseils de Manh qui nous suggère d’opter pour un tracé en direction de Ta Phin. Une fois que nous passons devant le lac artificiel de Sa Pa ; nous bifurquons à gauche sur un petit chemin qui s’enfonce dans la montagne.

Nous marchons jusqu’au petit hameau de Ma Tra. Nous y rencontrons de jeunes femmes H’Mong qui nous révèlent le savoir-faire qui permet, à partir de plantes, d’obtenir l’intense indigo qui colore leur pièce de tissus. D’autres petits villages se succèdent, au milieu des magnifiques rizières en terrasse ; à l’entrée de chacun d’eux, les enfants nous saluent. D’autres malheureusement, mendient, mettant en lumière les ravages du tourisme de masse. La promenade se poursuit par l’exploration de la grotte de Ta Phin. Nous n’avions pas envisagé cette activité et n’avions pas pensé nous équiper de lampe torche. C’est donc à l’aide de nos téléphones portables que nous nous enfonçons, dans les galeries de la grotte. Les derniers kilomètres, se font le long de la route principale, plus fréquentée. Un petit bémol qui reste à relativiser au vu du joli trek réalisé lors de cette journée ensoleillée.

Notre séjour à Sa Pa se conclut par un nouveau trajet dans un “sleeping-bus”, qui nous permet de regagner Hanoï. Un voyage plutôt épique puisque le bus nous laissa à 3h30, en pleine nuit, au milieu d’une avenue. Trop tard pour trouver un hôtel et trop tôt pour un petit-déjeuner. Alors nous avons “campé” devant un Burger King. Certains ont réussi à s’endormir pendant que d’autres ont joué aux cartes. Quand le soleil s’est levé, nous avons choisi un Banh-Mi en guise de petit déjeuner. Une nouvelle journée commença !
Nous empruntons ensuite un “Grab,” le taxi local, pour prendre la direction de l’aéroport de Hanoï. Nous prenons place dans un avion en partance pour Dan Ang. De nouveau, nous grimpons dans un taxi local pour réaliser les 40 kilomètres qui séparent l’aéroport de la ville de Hoi An. Sur ce trajet, le chauffeur pousse le volume de son autoradio, en guise de fond musical, les enceintes révèlent de douces notes de “techno” vietnamiennes. A notre arrivée, nous nous autorisons une petite session “chill” autour de la piscine de l’hôtel. Cette journée de trajet se termine par la dégustation d’un Cao Lao, la spécialité culinaire de la ville, dans un très bon petit restaurant.
Le lendemain nous entreprenons de rallier, depuis notre hôtel, le quartier historique de Hoi An, à bicyclette. Nous garons nos deux roues à l’entrée de la vieille ville, son accès n’est d’ailleurs autorisé qu’aux piétons et aux cyclistes. Située, sur les rives du fleuve Thu Bon, la ville est célèbre pour avoir gardé son charme d’antan. Elle a été classée, en 1999, au patrimoine de l’Unesco, pour son héritage multiculturel forgé par son histoire portuaire.

Rapidement, l’impression de remonter dans le temps nous saisit. Nous marchons entre les vieilles maisons aux façades ocres, illuminées par les rayons du soleil. Véritable musée, à ciel ouvert, nous tombons sous le charme des vieilles demeures de marchands, des bâtisses à l’architecture héritée de la période coloniale et des assemblées de marchands chinois. Nous avons été particulièrement sensibles à l’Assemblée Cantonaise dédiée aux dieux de la mer. Derrière son hôtel de prières, nous nous faufilons dans le jardin qui révèle, entre les figuiers une splendide fontaine ornée de dragons.

Nous poursuivons notre promenade en marchant au bord du fleuve. Jouxtant la vieille ville, il est à l’origine du succès économique de Hoi An. Nous suivons l’alignement de bateaux traditionnels colorés pour atteindre le vieux pont japonais, un édifice en bois, érigé par les marchands japonais il y a plus de 400 ans.
Notre vadrouille dans le cœur historique se termine en prenant place dans le vieux théâtre de la ville. Après avoir rabattu l’assise du vieux siège en velours, nous patientons quelques instants que les lumières s’éteignent. Plongé dans une ambiance feutrée, le lourd rideau rouge s’ouvre révélant quatre animaux. Au son des notes de musique folklorique vietnamienne, les danseurs leur donnent vie en réalisant des pas très poétiques. Une jolie parenthèse, qui en cet fin d’après-midi vient nous couper de l’ivresse de la modernité.
Au soleil couchant, le surnom de la ville aux milles lanternes prend alors tout son sens. Leurs lumières douces et chatoyantes se reflètent sur le fleuve. Sous l’action du souffle du vent, elles dansent sur les ponts, dans les arbres et aux fenêtres des maisons. La soirée est consacrée à la découverte du « night-market ». Malheureusement, sa large fréquentation touristique atténue son charme qui n’a finalement pour principal intérêt que de déguster un étonnant gâteau à la noix de coco. Sur le fleuve, des lotus en papier éclairés à l’intérieur par une bougie dérivent au rythme du courant, laissant s’échapper les vœux de leurs propriétaires. Cette pratique proviendrait d’une légende : “un jeune garçon parti en mer, n’est jamais revenu. Sa fiancée l’attend toujours et dépose chaque soir, sur le fleuve, une lanterne pour lui indiquer le chemin du retour.”
Au petit matin, c’est reparti pour une exploration des alentours de Hoi An, en scooter au hasard des chemins, avec cette douce sensation de liberté qui accompagne ces trajets en deux roues, au milieu des champs et des petits villages.
Nous prenons la direction de Cam Thanh, une petite zone géographique plus connue sous le nom de “Baie des Cocotiers.” L’eau y est à moitié douce et salée, ce qui en fait un lieu particulièrement apprécié des cocotiers d’eau (qui ressemblent aux cocotiers classiques, à la différence qu’ils poussent dans l’eau). Arrivés dans le petit village à l’entrée de la baie, nous garons nos engins derrière une maison et partons à pieds vadrouiller dans les petites rues à la recherche d’un marin qui pourrait nous conduire sur la mangrove. C’est sur un ponton isolé que nous rencontrons notre homme. Il appelle alors ses amis pour effectuer 4 équipages. Nous prenons places dans ces sortes de coques de noix (appelées ici “basket boat”) propulsées à la godille par nos valeureux capitaines. Équipés de nos chapeaux chinois en bambou, les rameurs nous conduisent au milieu de la baie. Il nous démontre alors toute leur habileté en faisant tourner leur embarcation à grande vitesse. Pour accentuer le folklore, ils nous fabrique d’excentriques bagues “crevettes” à partir de feuilles de cocotiers, et nous invite à pêcher le crabe entre les troncs de cocotiers à l’aide de petites cannes à pêche en bambou.

La promenade se poursuit en nous rendant au village de Thanh Ha. Situé sur les rives du fleuve Thu Bon, il est réputé pour son artisanat de poterie. Nous y manipulons, tour à tour, l’argile pour créer des vases, bols, et pots à crayons, avant de repartir avec un joli sifflet en terre.

Nous continuons notre route en effectuant une halte sur l’île de Tra Que Herb. Ses 40 hectares sont consacrés à la culture de légumes et d’herbes aromatiques. Nous nous baladons, à pied, entre les parcelles de ces petits jardins, recensées comme étant biologiques. On y observe le travail des agriculteurs qui, bien loin du confort des techniques industrielles arrosent les différents plants avec d’étranges arrosoirs portés sur leurs épaules.
Hoi An est situé à 4 kilomètres du bord de mer. Nous profitons donc de la plage de An Bang pour effectuer ce qui sera notre dernière étape de cette journée de vadrouille. Le temps de piquer une tête dans les eaux chaudes et claires de la Mer de Chine, et de profiter de son calme et de sa tranquillité. Les prémices d’une douce soirée, qui ne s’éternisera pas ; le réveil du lendemain étant programmé à 6h pour attraper un avion dans le petit aéroport de Dan Ang, et ainsi s’envoler vers Hô Chi Minh et le sud du pays.
NOS COUPS DE COEUR |
Où dormir ?
L’auberge Dang Trung
031 Cầu Mây, Muong Hoa Valley, Sa Pa
Bien que nous ayons éprouvé quelques difficultés pour la trouver dans le dédale de petites rues de Sa Pa, cette petite auberge offre un joli patio (avec une coursive qui offre une très belle vue sur les montagnes environnantes) et des chambres de bon standing pour un prix tout à fait raisonnable. De plus Manh, le propriétaire des lieux est très sympathique.
L’hôtel Suburban
1 Nguyễn Tri Phương, Hoi An
Un hôtel d’un très bon standing, légèrement en retrait du centre-ville historique de Hoi An. Il propose une sympathique terrasse avec piscine et met des vélos à disposition, gratuitement. |
Où manger ?
Ngo Mart Coffee
125 Nguyễn Tri Phương, Hoi An
Une adresse sympathique, encore peu connue des touristes, certainement de par sa localisation légèrement excentrée du cœur historique. Nous avons craqué pour le design de leur table, réalisée à partir de tambour de machine à laver, et pour leur excellent Cao Lao (la spécialité culinaire de Hoi An).
Banh Mi Queen
115 Trần Cao Vân, Hoi an
Tenu par Madame Khan, ce petit restaurant à l’extérieur du centre-ville vaut le détour. Son nom est tout à fait justifié tant ses sandwichs sont délicieux et à un prix très raisonnable. |