Baignades Vietnamiennes

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Le Vietnam nous offre l’occasion de plonger dans l’une des plus belle baies du monde, et d’accrocher la mer de Chine à notre palmarès des baignades internationales.
Quelques jours après notre arrivée sur les terres du Dragon d’Asie, en référence à la forme géographique du pays ; nous prenons la direction nord-est du pays et de sa célèbre baie.

Cat B, est notre lieu de villégiature pendant cette escapade maritime. L’île est l’une des portes d’entrée sur la baie d’Halong et ses 120 kilomètres de côte. Au milieu de ce bras de la mer de Chine, trônent 1969 îles karstiques. Ces pains de sucre ont les pieds dans une eau turquoise et la tête recouverte d’une verdoyante végétation tropicale. Nous partons à la découverte de cette merveille naturelle à bord d’une jonque où ont pris place, à nos côtés, une dizaine d’autres voyageurs.

A la mi-journée, après avoir navigué entre les îlots de la baie, le bateau jette l’ancre dans une étroite crique. Un cadre exceptionnel qui se prête parfaitement à une petite baignade. Le capitaine, monte alors sur le pont supérieur de la jonque et nous propose de nous jeter à l’eau depuis le bastingage. Aurélien est le premier volontaire. Je me présente derrière lui sans hésitation. Mais la hauteur me fait tergiverser, les orteils sont cramponnés au « plongeoir ». À la différence du supplice de la planche, apprécié des pirates ; sous mes pieds pas de crocodiles mais une eau d’un bleu profond qui m’attire. La sensation de vertige se dissipe et après un court décompte jusqu’à trois, je m’élance. La chute libre dure moins qu’une demi-seconde avant d’atterrir dans cette grande piscine. Une fois sous l’eau je tourne mon regard vers le ciel, les rayons du soleil transpercent la surface. La tête sortie de l’eau, je me frotte les yeux pour en extraire les dernières touches d’humidité et contempler les falaises de ces rochers karstiques, aux formes mystiques.

Rejoints par Julien et Florian, nous nageons jusqu’à la petite plage de l’îlot à proximité. Isolé, ce bout de terre auraient tout pour devenir un petit coin de paradis ; mais déjà le capitaine du bateau nous rappelle, il est temps de relever l’ancre.

Nous poursuivons notre découverte des côtes de la mer de Chine, quelques centaines de kilomètres plus au sud, à Hoi An. Après avoir quitté, en scooters, cette jolie ville historique, et traversé la petite île de Tra Que, nous arrivons sur la péninsule de Cam An. Entre les plages de An Bang au Nord et de Cua Dai au Sud, nous bifurquons à gauche au hasard d’une rue. Quelques dizaines de mètres plus loin, le bitume laisse place au sable.

Nous abandonnons nos deux-roues contre une barrière de plage. Elle est en tout point similaire à celle que nous connaissons sur les dunes bretonnes. Celle qui nous trac un étroit couloir au milieu des oyats avant d’ouvrir ses bras vers l’océan. Ici aussi ce petit rail de bois nous montre la voie jusqu’à la plage. Une belle étendue de sable fin qui s’étire à perte de vue du nord au sud, bordée à l’ouest par les cocotiers verdoyant et à l’est par les eaux chaudes de la mer de Chine. En cette fin d’après-midi, la plage est presque déserte en comparaison à l’effervescence que nous avons connue en ville. Les couleurs du ciel rougissent et dessinent avec douceur les contours de l’île de Cu Lao Cham, au loin.

Ni une ni deux, nous voici en tenue, prêts à courir dans l’eau jusqu’à en tomber. Sa température approche les 25°C, une chaleur qui nous rappelle celle que nous avions connue dans les Caraïbes, six mois plus tôt. De petites vagues, nous arrivant aux épaules, nous offrent de jolies conditions pour nous lancer avec Emilie dans une session de body-surf. Regard tourné vers le large pour identifier la bonne vague. Analyser sa trajectoire et courir, de l’eau jusqu’au nombril, pour essayer de se positionner à l’endroit où elle cassera. Puis à son approche, arrimer son pied dans le sable avant de donner la juste impulsion qui nous permettra de glisser sur elle le plus loin possible. Rapidement un petit concours s’installera entre nous deux. Pendant plusieurs dizaines de minutes, comme des enfants, nous nous adonnons au plaisir de cette glisse minimaliste, avant de retrouver nos serviettes et le reste du groupe, puis de rebrousser chemin vers la ville de Hoi An et ses lanternes.

Sur les routes Vietnamiennes

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Notre expérience sur les routes vietnamiennes débute en autocar. Après une première courte étape avec ce moyen de locomotion, entre la baie d’Halong terrestre et l’île de Cat Ba, notre véritable premier périple en “Night-bus” nous conduit de l’île de Cat Ba, vers la région montagneuse de Sa Pa. Des kilomètres d’asphalte, de virages, et de cols jalonneront les 11 heures de trajet qui nous permettront de rejoindre cette ville à la frontière chinoise.

Le « sleeping-bus » est une expérience de référence pour les voyageurs en sac à dos, qui parcourent l’Asie du Sud-Est. L’expérience débute dès l’entrée dans le véhicule, puisque avant même que nous n’ayons eu le temps de poser notre pied sur la première marche, le conducteur nous invite à retirer nos chaussures. Il nous propose de les troquer sans obligation, contre de magnifiques « tatannes » noires stockées dans une bannette à linge. Pour rejoindre sa couchette, il faut ensuite se faufiler dans l’une des deux allées centrales de l’autocar, guidés par les néons fluos. Au sol, un petit tapis en simili-cuir rouge amortit chacun de nos pas. Dans les caisses faisant office de couchette, une petite couverture est proposée.

Il est sur les coups de 16h, lorsque nous montons sur notre siège. Tels des caïds, nous prenons place dans le fond du bus, pour y faire régner notre loi. Mais rapidement nous déchantons. Quelques minutes après notre départ, le bus s’arrête de nouveau et un passager vietnamien vient perturber notre quiétude. Il prend place sur le trône du maître suprême des lieux, le siège du milieu de la banquette arrière, venant occuper le petit espace libre entre Marie et moi.

Pause rapide vers 20h, le temps d’avaler une noodle soupe en guise de dîner dans un restaurant qui pourrait s’apparenter à une aire d’autoroute locale. Le grand bâtiment propose sur sa moitié gauche, une partie restauration, et sur son autre moitié un espace boutique, qui vend entre autres de nombreux snacks. Vers 3h du matin, notre bus se stationne dans l’alignement de ses confrères sur le parking de la gare routière de Sa Pa. Certains voyageurs descendent du véhicule ; nous restons, nous et les autres touristes, dans nos couchettes, pour terminer notre nuit. Ce n’est qu’à 6h du matin que nous sommes priés de descendre du bus. L’heure de se mettre en quête du petit-déjeuner.

Nous réitérons cette expérience en « Night-Bus » à notre départ de Sa Pa. Le départ pour Hanoï se fait à 22h, derrière le lac artificiel de la ville. Nous prenons place, cette fois-ci, dans les couchettes au ras du sol. À cette hauteur la sensation d’être enfermé dans une boîte est décuplée. Le bus est une nouvelle fois complet, occupé par de nombreux backpackers mais aussi quelques locaux.

Nous arrivons dans le centre-ville de Hanoï vers 3h30 du matin. Et contrairement au trajet initial, nous sommes cette fois priés de quitter le bus. Nous errons donc dans les rues de la capitale avant de poser nos valises sur le parvis d’un Burger King. Certains membres de l’équipe s’allongent pour terminer leur nuit quand d’autres jouent aux cartes. La vie nocturne de Hanoï s’achève et progressivement les lèves-tôt reprennent possession de la rue. Les fêtards laissent alors la place aux salariés et écoliers. La rue s’anime de ses travailleurs ambulants.

Les rues des villes vietnamiennes deviennent alors de véritables fourmilières. A scooter, les pilotes sont de véritables acrobates doués d’une très grande faculté d’anticipation. Ainsi rares sont les graves accidents malgré ces nuages de deux roues qui s’élancent à chaque passage au vert des feux tricolores. L’agilité est leur seconde grande faculté. Révélée notamment lorsque nous traversions à pieds, un petit marché de rue, dans le quartier des 36 coopérations de Hanoï. À de multiples reprises nous y avons croisé la route de scooters slalomant entre les étals, sans ne jamais poser le pied par terre.

Inspiré par cette joyeuse mascarade, nous avons enfourché nous aussi des deux roues.
Mais les premiers mètres ne se passèrent pas tout à fait comme prévu et dès la première intersection, c’est la collision (suite à la signature d’une clause de confidentialité, l’identité du pilote ne sera pas révélé dans ces lignes) avec un autre scooter.

Heureusement, plus de peur que de mal, la vitesse étant très réduite au moment de l’impact, la mésaventure se conclura par un joli bleu. La jeune conductrice vietnamienne, gênée, s’excusera à plusieurs reprises avant de reprendre la route. Une attitude de grande gentillesse alors que c’est bien notre maladresse qui provoqua l’incident. Après ce faux départ, nous avons entrepris une excursion dans les rizières de Tam Coc au cœur de la baie d’Halong terrestre. Mais sur le chemin du retour, la malchance nous frappa de nouveau. À 13 kilomètres de la fin de la boucle, le scooter de Julien tombe en panne. Un problème mécanique qui empêche le deux roues de redémarrer. Nous abandonnons le bolide à une station-service où il sera, par la suite, récupéré par le loueur. C’est donc avec six scooters pour sept que nous reprenons le chemin du retour. Nous empruntons de jolies petites pistes étroites au milieu des rizières.

Lors des voyages en sac à dos, les deux roues sont un excellent échappatoire pour partir à l’aventure loin des attractions du tourisme de masse. Nous avons réitéré cette expérience pour parcourir l’île de Cat Ba, traversée par une petite route déserte et sinueuse sur une vingtaine de kilomètres. Les virages s’y enchaînent entre les petites montagnes de l’île, avant que nous entamions la descente vers l’embarcadère de Tuan Chau, qui offre un nouveau joli point de vue sur la Baie d’Halong maritime.

Notre dernière aventure en scooter, nous permettra d’apprécier la douceur des alentours de Hoï An ; de la réserve de cocotiers, au sable fin des plages de la mer de Chine. Ce seront donc les derniers kilomètres en deux roues sur ces terres vietnamiennes mais aussi de ce tour du monde ; puisque quelques jours plus tard, sur les rives de la mer Baltique nous retrouverons nos fidèles destriers à trois roues. Mais ça c’est une autre histoire…

Ben Tre et Ho Chi Minh – 6 jours – 3 mètres d’altitude

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Après une heure de vol depuis Dan Hang, le capitaine nous annonce une arrivée imminente à Ho Chi Minh et la préparation de notre atterrissage. À peine les roues de notre petit coucou ont touchées la piste, que nous sortons de l’appareil et attrapons un taxi. Nous nous dirigeons alors directement vers la gare routière à l’ouest de la ville. Dans le vieux bâtiment du terminal, nous nous mettons en quête du bon guichet pour trouver des billets pour notre prochaine destination. Sur la vitre de chacun d’eux, des feuilles A4 renseignent le nom des villes desservies par les différentes compagnies. Derrière leurs petits bureaux, rares sont les personnes qui parlent anglais ; et c’est après avoir prononcé le nom de Ben Tre, notre future étape, que plusieurs vendeurs nous font alors des signes en répétant vaillamment “Ben Tre ! Ben Tre ! Ben Tre !” Nous montons alors dans le premier bus, prêt à se mettre en route.

Après deux heures de trajet et 85 kilomètres, nous trouvons une petite auberge de jeunesse à l’extérieur de la ville, perdue au milieu de la jungle et à proximité d’une petite rivière affluente du Mékong. À notre arrivée, la réceptionniste nous apprend qu’il n’y a pas de marché flottant dans les environs, pourtant la raison numéro 1 de notre venue dans cette contrée.

Mais Ben Tre a bien d’autres trésors à nous faire découvrir. Capitale de la province du même nom, la ville est située sur le Delta du Mékong. Elle se compose de trois îles principales situées entre les rivières Tien Giang, Co Chien et Ham Luong qui toutes trois s’écoulent dans le fleuve Mékong, qui se divise en plusieurs bras, avant de se jeter dans la Mer de Chine. La vie de ses habitants s’orchestre d’ailleurs autour des contraintes imposées par ce fleuve magistral et de l’important réseau de canaux qui l’accompagne. La province de Ben Tre est considérée comme “le royaume des cocotiers.” La noix de coco occupe une place majeure dans le développement économique de la localité.

Nous partageons, en fin de journée, une première bière “Saigon” avec une jeune française qui parcourt l’Asie du Sud-Est à vélo. Nous nous mettons ensuite en quête du dîner. Aux alentours de l’auberge, les rues sont désertes et plongées dans le noir. Nous prenons donc la direction du centre-ville et après avoir parcouru à pied, les deux kilomètres qui nous séparaient des premières habitations, nous savourons une nouvelle noodle soup dans une petite cantine, accompagnée de familles qui y concluent eux aussi leur journée.

Le lendemain, nous embarquons à bord d’un Sampan, la longue et fine barque à moteur traditionnelle du Mékong. Nous entamons une croisière dans le delta qui a pour thématique la découverte de l’économie de la noix de coco. Les bateaux sont colorés et ont des yeux en guise de proue. En effectuant quelques recherches sur internet, l’ethnologue Laura Bogani, nous apprend que « Au Vietnam, le bateau est considéré, encore aujourd’hui, comme un être qui possède une âme. Après le calfatage, les marins posent des yeux, ronds ou en amande à sa proue pour signifier cette spiritualité.” 

Grâce à cette protection, nous traversons sans encombre, l’un des trois bras principaux du delta, avant de nous arrêter sur une petite île.

Nous croisons sur le cours d’eau d’imposants et vieux bateau en bois. Leurs cales sont remplies jusqu’aux bastingages de milliers de coco. Ils assurent le transport des noix vers les entreprises positionnées sur les rives du fleuve. C’est, alors, sous leur hangar de fortune que la coque verte est séparée du reste du fruit. La fibre de cette coque est extraite pour concevoir de la corde et des tapis.

Nous enfourchons des bicyclettes pour explorer les berges ombragées du Mékong. Nous empruntons alors de petits sentiers qui serpentent sous la canopée pour atteindre une entreprise familiale où tous les éléments de la noix de coco sont séparés : le jus, la chair et les deux différentes coques du fruit. A tour de rôle, nous essayons de couper et peler les noix pour en récupérer la chair qui sera transformée en huile ou en bonbons. Pas si facile ! La coque en bois, elle, est par la suite ré-utilisée pour faire du charbon ou des souvenirs. Après avoir traversé l’île sur nos deux roues, nous prenons de nouveau place sur notre petite embarcation.

Alors qu’il a rythmé plusieurs jours de notre voyage en Asie, depuis notre entrée au Laos, jusqu’à son Delta au sud du Vietnam ; vient le moment de dire au revoir au Mékong. La séparation avec ce mastodonte naturel marque également la fin de notre croisée des chemins avec Aurélien. Après une dernière bière en sa compagnie, il poursuit son aventure en solitaire en prenant la direction du Cambodge, pendant que nous rejoignons Hô Chi Minh et sa gare routière Ouest, après deux nouvelles heures de bus.

Hô Chi Minh-ville, baptisée Saïgon jusqu’en 1975, est la plus grande ville du Vietnam et son poumon économique. Comme son homologue du nord, la ville est souvent décrite comme vivante et survoltée, de par son trafic et le concert de klaxon qui en résulte.

Notre découverte de la ville débute par la traversée du marché de Ben Thanh. Les 3 000 boutiques entassées dans un immense hangar sans charme battent leur plein du lever du jour à la tombée de la nuit ; le tout sous une chaleur étouffante. Dans les étroites allées, les vendeurs y exposent sur leurs petits étales, maillots de foot, chaussures et produits alimentaires.

Pour nous remettre de nos émotions, nous nous dirigeons vers le « street food market, » un lieu “hipster”, démontrant la modernité de la ville. A l’image des « street food » qui fleurissent dans la plupart des grandes villes occidentales, nous retrouvons ici une ambiance jeune et branchée, bien loin des cantines locales. Rien de très authentique donc, mais où nous passons tout de même un bon moment avant de reprendre notre exploration de la ville.

Notre itinéraire se poursuit en découvrant la Cathédrale Notre-Dame, l’un des symboles de la ville. Construit par des missionnaires catholiques français, cet imposant édifice en brique aurait pu intégrer l’œuvre de Claude Nougaro, tant son architecture pourrait se fondre dans le décor de la ville Rose. Malheureusement en rénovation, lors de notre venue, nous n’avons pas pu avoir accès à son intérieur.

Face au lieu de culte, une autre construction remarquable trône sur la place. La Poste Centrale de Saigon, bâtie par les français à la fin du 19e Siècle, révèle une architecture élégante, alliant les influences occidentales aux soin du détail oriental. Face au lieu de culte, une autre construction remarquable trône sur la place. La Poste Centrale de Saigon bâtie par les français à la fin du 19e siècle révèle une architecture élégante, alliant les influences occidentales au soin du détail oriental.

Légèrement en retrait de cette place historique, nous pénétrons par hasard dans la petite rue piétonne de Nguyen Van Binh, couramment appelée ici, la rue des livres. Véritable oasis de sérénité dans cette ville si animée, la rue offre depuis sa création en 2016, une pause culturelle salvatrice au cœur du tumulte de la mégalopole. Plus d’une dizaine de librairies-papeteries y exposent livres, carnets de notes et carte postales et des espaces propices à la lecture y ont été aménagés.

Le lendemain, la journée débute par un petit déjeuner “français” dans la boulangerie “Tous les jours”, nous craquons pour une superbe brioche au caramel accompagnée d’un “café à la noix de coco”, une spécialité vietnamienne pour laquelle nous n’avions pas encore craquée. 

Après un passage rapide chez un talentueux tatoueur belge, Élodie et Florian attrapent un vol pour la France qui ponctuera leurs vacances en notre compagnie. De notre côté, nous poursuivons notre exploration de la ville en nous rendant au musée de la Guerre du Vietnam. Il met en exergue la brutalité de ce conflit et tout particulièrement les abominations orchestrées par les États-Unis sur cette période. Deux salles exposent les désastres de l’utilisation de “l’Agent Orange” (un herbicide déversé par milliers de litres sur les forêts vietnamiennes) et du “Napalme” sur les populations. Les images exposées y sont particulièrement dures, tant les effets de ces agents chimiques sont horribles. Le musée renferme également une excellente exposition mettant à l’honneur les photographes de guerre, morts sur le terrain pendant le conflit. Elle abrite des clichés, qui, bien que figés dans le temps restent vivant de par l’émotion qu’ils réveillent ; et met à l’honneur ces reporters au courage sans limite qui se sont mit en danger pour rapporter au monde entier les atrocités de la guerre.

Pour plus de légèreté, nous prenons la direction du musée des beaux-arts. Cet édifice imposant, aux couleurs jaune ocre, pourrait parfaitement trouver sa place comme riche demeure trônant au sommet d’une colline de Provence. Dans ces salles, les œuvres présentées ne sont pas des plus sensationnelles mais son étage contemporain met tout de même en lumière de jolies toiles colorées. Notre escapade se termine devant le bâtiment de l’hôtel de ville, au pied de la statue d’Ho Chi Minh.

La préparation des sacs rythment notre dernière matinée en Asie. Nous montons dans un taxi qui nous conduit à l’aéroport. Avant de prendre place non pas dans une Caravelle mais dans la carlingue d’un avion dernière génération qui fait escale dans l’immense aéroport ultra-moderne de Singapour. Nous nous envolons ensuite pour Helsinki ; à nous l’Europe du Nord et sa fraicheur du printemps.


NOS COUPS DE COEUR
Le coup de crayon de Khami.inkz
 

Tatoueur belge aujourd’hui installé à Bruxelles et qui, à notre passage à Ho Chi Minh, jouait du dermographe pour le compte du studio France Passion Tattoo.

Où manger ?  

Boulangerie Tous les Jours
Hô Chi Minh

Enseigne de boulangerie-pâtisserie française, présente à plusieurs endroits de la ville. Excellent choix de viennoiseries, au prix plus élevé que nos habituelles noodle-soup du petits-déjeuner, mais qui permet d’assouvir notre manque de pâtisseries françaises.

Restaurant Quan An Dong
Phường 6 District 4 –  Hô Chi Minh

Petite cuisine traditionnelle, repère des locaux du quartier qui y viennent dîner sur la terrasse de cette rue passante.

Sa Pa et Hoi An – 6 jours – 1500 mètres d’altitude

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Nous arrivons à Sa Pa au petit matin. La nuit dans le “sleeping-bus” a été agitée. Pour trouver le sommeil, il a d’abord fallu passer outre la sensation d’être encastré dans sa couchette, puis faire abstraction des nombreux virages qui permettent d’atteindre cette ville, perchée à 1500 mètres d’altitude.

Sa Pa trouve l’origine de son attractivité touristique pendant l’ère coloniale française. Les autorités françaises y fondèrent alors une station d’altitude, avant qu’elle ne devienne, par sa renommée, l’un des hauts-lieux du tourisme Nord-Vietnamien. Et pour cause, ce district de la province de Lao Cai, possède un paysage naturel hors du commun, où se côtoient montagnes, forêts et champs de rizières en terrasse.

A la descente du bus, il est 6h. Une courte accalmie météorologique nous permet de passer entre les gouttes de pluie avant de nous réfugier dans un café pour le petit-déjeuner. Mais à notre sortie, la quête d’un hôtel se fait sous une pluie battante. L’averse torrentielle, créée d’impressionnants écoulements de boue dans les rues de la ville. Après une recherche faite au pas de course sous le déluge, nous finissons par mettre la main sur trois chambres dans l’auberge de Manh.

En début d’après-midi, nous décidons d’affronter le mauvais temps pour partir à la découverte de la ville. Mais sans grande surprise, ce qui fait le charme de Sa Pa ne réside pas dans ses rues constituées d’une succession de « guesthouse, » de restaurants et d’hôtels en travaux. Et il faut le reconnaître, visiter Sa Pa, c’est accepter de partager les trottoirs avec de nombreux autres touristes.

Cependant au détour d’une petite rue étroite, nous ouvrons la porte d’un musée intimiste, dont l’exposition présente les différentes ethnies de la région. Passer le pas de la porte, une parenthèse pleine d’authenticité s’ouvre. Elle nous révèle les secrets culturels et traditionnels de la région, bien loin des structures touristiques citées précédemment. Ainsi nous apprenons que l’ethnie majoritaire au Vietnam est celle des Kinh, mais que différentes ethnies minoritaires vivent dans les montagnes autour de la ville. Elles possèdent leur propre culture, une langue différente et se vêtissent de vêtements de couleurs particulières (les H’Mong optent par exemple pour des tenues sombres).

De retour à l’auberge, nous consacrons la fin d’après-midi à la réalisation d’un cours de cuisine vietnamienne orchestré par Manh, le gérant de l’auberge. Nous débutons ce cours en achetant les ingrédients sur le marché de la ville, avant de nous lancer dans la confection des plats, puis de nous régaler du festin que nous avons réalisé.

Le lendemain, réveil en douceur, afin de se mettre en condition pour la randonnée du jour. Un grand soleil et un beau ciel bleu ont remplacé la grisaille humide de la veille. Des conditions idéales qui ne nous quitteront pas de toute notre escapade au milieu des cultures en terrasse. Nous partons à la découverte de ces paysages, sans guide, mais riches des précieux conseils de Manh qui nous suggère d’opter pour un tracé en direction de Ta Phin. Une fois que nous passons devant le lac artificiel de Sa Pa ; nous bifurquons à gauche sur un petit chemin qui s’enfonce dans la montagne.

Nous marchons jusqu’au petit hameau de Ma Tra. Nous y rencontrons de jeunes femmes H’Mong qui nous révèlent le savoir-faire qui permet, à partir de plantes, d’obtenir l’intense indigo qui colore leur pièce de tissus. D’autres petits villages se succèdent, au milieu des magnifiques rizières en terrasse ; à l’entrée de chacun d’eux, les enfants nous saluent. D’autres malheureusement, mendient, mettant en lumière les ravages du tourisme de masse. La promenade se poursuit par l’exploration de la grotte de Ta Phin. Nous n’avions pas envisagé cette activité et n’avions pas pensé nous équiper de lampe torche. C’est donc à l’aide de nos téléphones portables que nous nous enfonçons, dans les galeries de la grotte. Les derniers kilomètres, se font le long de la route principale, plus fréquentée. Un petit bémol qui reste à relativiser au vu du joli trek réalisé lors de cette journée ensoleillée.

Notre séjour à Sa Pa se conclut par un nouveau trajet dans un “sleeping-bus”, qui nous permet de regagner Hanoï. Un voyage plutôt épique puisque le bus nous laissa à 3h30, en pleine nuit, au milieu d’une avenue. Trop tard pour trouver un hôtel et trop tôt pour un petit-déjeuner. Alors nous avons “campé” devant un Burger King. Certains ont réussi à s’endormir pendant que d’autres ont joué aux cartes. Quand le soleil s’est levé, nous avons choisi un Banh-Mi en guise de petit déjeuner. Une nouvelle journée commença !

Nous empruntons ensuite un “Grab,” le taxi local, pour prendre la direction de l’aéroport de Hanoï. Nous prenons place dans un avion en partance pour Dan Ang. De nouveau, nous grimpons dans un taxi local pour réaliser les 40 kilomètres qui séparent l’aéroport de la ville de Hoi An. Sur ce trajet, le chauffeur pousse le volume de son autoradio, en guise de fond musical, les enceintes révèlent de douces notes de “techno” vietnamiennes. A notre arrivée, nous nous autorisons une petite session “chill” autour de la piscine de l’hôtel. Cette journée de trajet se termine par la dégustation d’un Cao Lao, la spécialité culinaire de la ville, dans un très bon petit restaurant.

Le lendemain nous entreprenons de rallier, depuis notre hôtel, le quartier historique de Hoi An, à bicyclette. Nous garons nos deux roues à l’entrée de la vieille ville, son accès n’est d’ailleurs autorisé qu’aux piétons et aux cyclistes. Située, sur les rives du fleuve Thu Bon, la ville est célèbre pour avoir gardé son charme d’antan. Elle a été classée, en 1999, au patrimoine de l’Unesco, pour son héritage multiculturel forgé par son histoire portuaire.

Rapidement, l’impression de remonter dans le temps nous saisit. Nous marchons entre les vieilles maisons aux façades ocres, illuminées par les rayons du soleil. Véritable musée, à ciel ouvert, nous tombons sous le charme des vieilles demeures de marchands, des bâtisses à l’architecture héritée de la période coloniale et des assemblées de marchands chinois. Nous avons été particulièrement sensibles à l’Assemblée Cantonaise dédiée aux dieux de la mer. Derrière son hôtel de prières, nous nous faufilons dans le jardin qui révèle, entre les figuiers une splendide fontaine ornée de dragons.

Nous poursuivons notre promenade en marchant au bord du fleuve. Jouxtant la vieille ville, il est à l’origine du succès économique de Hoi An. Nous suivons l’alignement de bateaux traditionnels colorés pour atteindre le vieux pont japonais, un édifice en bois, érigé par les marchands japonais il y a plus de 400 ans.

Notre vadrouille dans le cœur historique se termine en prenant place dans le vieux théâtre de la ville. Après avoir rabattu l’assise du vieux siège en velours, nous patientons quelques instants que les lumières s’éteignent. Plongé dans une ambiance feutrée, le lourd rideau rouge s’ouvre révélant quatre animaux. Au son des notes de musique folklorique vietnamienne, les danseurs leur donnent vie en réalisant des pas très poétiques. Une jolie parenthèse, qui en cet fin d’après-midi vient nous couper de l’ivresse de la modernité.

Au soleil couchant, le surnom de la ville aux milles lanternes prend alors tout son sens. Leurs lumières douces et chatoyantes se reflètent sur le fleuve. Sous l’action du souffle du vent, elles dansent sur les ponts, dans les arbres et aux fenêtres des maisons. La soirée est consacrée à la découverte du « night-market ». Malheureusement, sa large fréquentation touristique atténue son charme qui n’a finalement pour principal intérêt que de déguster un étonnant gâteau à la noix de coco. Sur le fleuve, des lotus en papier éclairés à l’intérieur par une bougie dérivent au rythme du courant, laissant s’échapper les vœux de leurs propriétaires. Cette pratique proviendrait d’une légende : “un jeune garçon parti en mer, n’est jamais revenu. Sa fiancée l’attend toujours et dépose chaque soir, sur le fleuve, une lanterne pour lui indiquer le chemin du retour.”

Au petit matin, c’est reparti pour une exploration des alentours de Hoi An, en scooter au hasard des chemins, avec cette douce sensation de liberté qui accompagne ces trajets en deux roues, au milieu des champs et des petits villages.

Nous prenons la direction de Cam Thanh, une petite zone géographique plus connue sous le nom de “Baie des Cocotiers.” L’eau y est à moitié douce et salée, ce qui en fait un lieu particulièrement apprécié des cocotiers d’eau (qui ressemblent aux cocotiers classiques, à la différence qu’ils poussent dans l’eau). Arrivés dans le petit village à l’entrée de la baie, nous garons nos engins derrière une maison et partons à pieds vadrouiller dans les petites rues à la recherche d’un marin qui pourrait nous conduire sur la mangrove. C’est sur un ponton isolé que nous rencontrons notre homme. Il appelle alors ses amis pour effectuer 4 équipages. Nous prenons places dans ces sortes de coques de noix (appelées ici “basket boat”) propulsées à la godille par nos valeureux capitaines. Équipés de nos chapeaux chinois en bambou, les rameurs nous conduisent au milieu de la baie. Il nous démontre alors toute leur habileté en faisant tourner leur embarcation à grande vitesse. Pour accentuer le folklore, ils nous fabrique d’excentriques bagues “crevettes” à partir de feuilles de cocotiers, et nous invite à pêcher le crabe entre les troncs de cocotiers à l’aide de petites cannes à pêche en bambou.

La promenade se poursuit en nous rendant au village de Thanh Ha. Situé sur les rives du fleuve Thu Bon, il est réputé pour son artisanat de poterie. Nous y manipulons, tour à tour, l’argile pour créer des vases, bols, et pots à crayons, avant de repartir avec un joli sifflet en terre.

Nous continuons notre route en effectuant une halte sur l’île de Tra Que Herb. Ses 40 hectares sont consacrés à la culture de légumes et d’herbes aromatiques. Nous nous baladons, à pied, entre les parcelles de ces petits jardins, recensées comme étant biologiques. On y observe le travail des agriculteurs qui, bien loin du confort des techniques industrielles arrosent les différents plants avec d’étranges arrosoirs portés sur leurs épaules.

Hoi An est situé à 4 kilomètres du bord de mer. Nous profitons donc de la plage de An Bang pour effectuer ce qui sera notre dernière étape de cette journée de vadrouille. Le temps de piquer une tête dans les eaux chaudes et claires de la Mer de Chine, et de profiter de son calme et de sa tranquillité. Les prémices d’une douce soirée, qui ne s’éternisera pas ; le réveil du lendemain étant programmé à 6h pour attraper un avion dans le petit aéroport de Dan Ang, et ainsi s’envoler vers Hô Chi Minh et le sud du pays.


NOS COUPS DE COEUR
Où dormir ?

L’auberge Dang Trung
031 Cầu Mây, Muong Hoa Valley, Sa Pa

Bien que nous ayons éprouvé quelques difficultés pour la trouver dans le dédale de petites rues de Sa Pa, cette petite auberge offre un joli patio (avec une coursive qui offre une très belle vue sur les montagnes environnantes) et des chambres de bon standing pour un prix tout à fait raisonnable. De plus Manh, le propriétaire des lieux est très sympathique.

L’hôtel Suburban
1 Nguyễn Tri Phương, Hoi An

Un hôtel d’un très bon standing, légèrement en retrait du centre-ville historique de Hoi An. Il propose une sympathique terrasse avec piscine et met des vélos à disposition, gratuitement.

Où manger ? 

Ngo Mart Coffee
125 Nguyễn Tri Phương, Hoi An

Une adresse sympathique, encore peu connue des touristes, certainement de par sa localisation légèrement excentrée du cœur historique. Nous avons craqué pour le design de leur table, réalisée à partir de tambour de machine à laver, et pour leur excellent Cao Lao (la spécialité culinaire de Hoi An).

Banh Mi Queen
115 Trần Cao Vân, Hoi an

Tenu par Madame Khan, ce petit restaurant à l’extérieur du centre-ville vaut le détour. Son nom est tout à fait justifié tant ses sandwichs sont délicieux et à un prix très raisonnable.

Baie d’Halong terrestre et maritime – 6 jours – 1 mètre d’altitude

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Pour rejoindre la ville de Ninh Binh, porte d’entrée de la Baie d’Halong terrestre, nous optons pour le train, un moyen de locomotion populaire et pas cher, tout à fait dans l’esprit de notre voyage. L’aventure débute dès notre entrée dans la gare centrale de Hanoï. Elle ressemble, en ce début de matinée, à une véritable fourmilière. Au milieu de cette effervescence, nous parvenons à trouver notre train et à rejoindre le quai central où il est stationné. Nous prenons place dans la vieille chenille de métal de la compagnie d’état Vietnam Railways. Son look ressemble à celui de ces bons vieux inter-cités qui parcourent les rails au milieu des campagnes françaises. A peine assis, il est temps de s’adonner au principal passe-temps de tout voyage en train ; ainsi, c’est la tête appuyée contre la vitre que je laisse mes pensées s’échapper par la fenêtre, au rythme des claquements du wagon. Cet agréable moyen de locomotion bouge peu, en comparaison aux aventures en bus vécues précédemment au Laos. Nous nous offrons même le luxe de sortir nos biscuits et jus de fruits pour prendre le petit déjeuner. Le trajet ne dure qu’une petite heure et est ponctué d’escales. Nous nous arrêtons tout d’abord dans les petites gares de l’agglomération de la capitale avant qu’elles ne laissent la place à celles perdues au cœur de la campagne vietnamienne.

Arrivés en gare de Ninh Binh, le lieu est désert et l’effervescence de Hanoï bien loin. À sa sortie, nous appelons un taxi “Grab”, qui nous conduit à quelques kilomètres de là, dans la petite ville de Tam Coc, au cœur de la Baie d’Halong Terrestre. Ce joyau du paysage vietnamien tient son nom de la similitude de son paysage à celui de la Baie d’Halong Maritime ; à la différence près, que les rizières ont ici remplacées la mer de Chine. Ses immenses rochers s’élèvent au milieu des rizières et s’étirent sur une longueur de plus de 40 kilomètres. Ce paysage fut le décor de nombreux films hollywoodiens dont le célèbre King Kong.

Après avoir regagné des forces en savourant de délicieux plats saupoudrés de coriandre ; nous entamons une petite marche au milieu des rizières, jusqu’au pied du piton calcaire qui abrite la cave Mua. En toute objectivité, celle-ci ne présente pas un grand intérêt, en comparaison à l’aventure que procure l’escalade des 500 marches pour atteindre le sommet du rocher Mua. Au terme de cette ascension nous faisons la douce rencontre du gardien des lieux. Il nous faut alors passer sous les écailles du gigantesque dragon qui trône, sur cette vue sublime. Sous nos yeux et à perte de vue s’étend la baie d’Halong terrestre et ses pains de sucre au milieu des rizières.

La matinée du lendemain est consacrée à une promenade en barque sur l’un des nombreux cours d’eau de la baie d’Halong terrestre. Les rameurs ont ici une technique de propulsion tout à fait atypique. Ils font, en effet, avancer leur embarcation en poussant sur les avirons avec leurs pieds. Nous naviguons ainsi entre les rochers calcaires avant de nous aventurer dans trois grottes traversées par la rivière. Cette attraction est très appréciée des touristes. La rivière est donc très fréquentée et de nombreux pièges sont positionnés tout au long de la promenade pour nous inciter à  mettre la main au porte-monnaie. Malheureusement ce bémol enlève un peu de poésie à cette promenade.

Au douzième coup de midi, nous sommes rejoints, à l’auberge, par Aurélien, un ami de Florian et Élodie. En voyage en Asie du Sud-Est depuis plusieurs mois, il se joint à nous pour la suite de notre séjour Vietnamien. Pour occuper notre dernière après-midi à Tam Coc, nous louons sept scooters afin d’explorer un peu plus cette région hors-du-commun. Nous roulons, sans itinéraire précis, portés par nos intuitions. Ces dernières nous conduisent au plus près des pics karstiques, nous invitent à traverser des villages pittoresques et à s’aventurer sur des petits chemins de terre au cœur des rizières. Arrivés aux portes du site historique de Hoa Lu, nous décidons d’y effectuer une halte. Il ne reste plus grand chose de cette ancienne capitale du pays, si ce n’est deux vieux temples, reconstruits dernièrement. C’est finalement à la nuit tombée que nous regagnons Tam Coc, les phares de notre colonne de scooter se reflètent dans les champs et les cours d’eau. La quiétude de la campagne est alors troublée, le temps d’un instant, par le défilé de notre cortège de pétrolettes.

Une fois notre parenthèse de la baie d’Halong terrestre refermée, nous rejoignons en bus l’île de Cát Bà, sur la partie sud de la Baie d’Halong. Pour y accéder, nous traversons le détroit qui sépare l’île de la ville de Hai Phong, sur un vieux ferry rouillé. Notre embarcation de fortune se fraie un chemin entre de vieux porte-conteneurs et bateaux miniers, hors d’âge, qui patientent au mouillage de pouvoir reprendre du service. Cette météo nuageuse et le ciel gris qui l’accompagne, attristent ce paysage industriel.

En revanche sur l’île de Cát Bà, c’est jour de fête. Sur la grande avenue qui longe la mer les drapeaux rouges du parti sont hissés, les parterres de fleurs sont soignés et une grande scène est installée. Il s’y produit danseurs et chanteurs arborant de jolies tenues pailletées et colorées. En guise de déjeuner, nous mangeons un Banh Mi face au port ; il se déroule alors sous nos yeux, sur l’étendue d’eau, une course de pirogues traditionnelles. Les membres de chaque équipe portent un costume aux couleurs de leur pirogue. La course voit s’affronter cinq embarcations, dont chacune d’elles représente une communauté locale. Après le signal du départ, les rames s’enfoncent en rythme dans l’eau. Le circuit consiste en trois allers-retours entre deux bouées positionnées l’une en face de l’autre. Depuis la digue du port, la forme des pirogues s’apparente à d’énormes serpents, à la surface de l’eau. Leur ballet de couleurs ravit les centaines de spectateurs présents qui soutiennent avec ferveur leur favori.

L’après-midi est consacré à une promenade sur le sentier côtier qui permet d’atteindre les plages en périphérie situées de l’autre côté du rocher qui encercle le port. Nommées Cat Co 1 et Cat Co 2, ces grandes anses de sable jaune, se cachent sous d’immenses rochers karstiques. Malheureusement, la plage de Cat Co 3 n’est plus accessible depuis le lancement d’un chantier pour la construction d’un imposant complexe hôtelier. Après avoir piqué une tête dans les eaux émeraudes de la mer de chine, une backpakeuse allemande nous propose d’échanger quelques passes de volley sur le sable fin de la plage. Une session qui évoluera rapidement en un petit “set” improvisé, une fois les lignes du terrain tracées au sol et les règles adaptées au vu de l’absence de filet.  Nous rejoignons la ville à la tombée de la nuit. On profite alors, de la chaleur du port qui en soirée est vraiment plein de vie. Nous nous accordons une bière en terrasse avant de se laisser tenter par un “Fried Rice” en guise de dîner, dans une petite cantine vietnamienne. Un feu d’artifice vient clôturer cette journée de festivités.

Malgré son coté grandement touristique, la Baie d’Halong n’en reste pas moins un de ces endroits uniques sur terre. C’est par une excursion sur une grande jonque de bois que nous partons à la découverte des paysages magnifiques de Lan Ha Bay et Halong Bay. Le bateau serpente entre les rochers et malgré une matinée placée sous le signe de la grisaille, les îlots en pain de sucre sont déjà enchanteurs. Nous effectuons une halte dans une petite baie abritée. Le capitaine nous invite à grimper sur des kayaks pour atteindre des recoins entre les rochers inaccessibles en bateau. Pendant ces deux heures de pagaie nous n’avons qu’une obsession : nous isoler du reste du groupe pour ressentir la force de ce lieu mythique. Nous nous aventurons alors dans une “grotte-tunnel” qui débouche sur un lagon aux eaux claires tirant sur le vert émeraude.

La jonque mouille ensuite l’ancre dans une autre petite crique de la baie d’Halong ; le temps d’un plongeon depuis le pont supérieur du bateau. La visite se poursuit sur l’île aux singes. Nous grimpons sur les rochers pour nous isoler une nouvelle fois des autres voyageurs. Une escalade qui nous offre un beau point de vue panoramique sur la baie. Nous y recevons la visite d’une famille de singes. En redescendant sur la plage, nous sommes attristés de voir le comportement de nombreux touristes qui donnent barres chocolatées et chips aux pauvres animaux, qui en deviennent agressifs.

Avant de rentrer au port, nous traversons le village flottant de Bon Beo où vivent environ 1000 personnes. Nous passons au milieu des bassins de piscicultures reliés par des pontons en bois aux habitations faites d’un amas de bric et de broc. Le tout est amarré à des barils flottant à la surface de l’eau. La journée se termine une nouvelle fois par la dégustation d’une bière et d’un dîner savouré sur la terrasse en “roof-top” du Mona Restaurant ; accompagné des notes de guitare et de la voix d’un jeune backpacker écossais.

Nous occupons notre dernière journée sur Cát Bà, en faisant une virée en scooter. Il ne faut que quelques kilomètres pour ressentir le gouffre qui sépare l’effervescence du port, de la vie simple et sans artifices qui anime les villages du cœur de l’île. En suivant cette route de l’intérieur, nous traversons de somptueux paysages entre forêts de palmiers et rochers de calcaire. Sur cette route sinueuse, les rizières ont ici remplacé la mer. Après une dernière pente raide et une descente de plusieurs kilomètres, nous atteignons à la mi-journée l’embarcadère de Tuan Chau à l’autre bout de l’île. Un fjord s’enfonce dans l’île tel une balafre sur un visage. A son extrémité une grande passerelle en bois permet d’atteindre un petit autel bouddhiste. Nous déjeunons, ce midi-là, dans un boui-boui du bord de route avant de longer la côte pour le chemin du retour. Arrivés à l’hôtel, nous rendons les scooters avant de monter dans le bus couchette qui nous conduit de nuit à Sapa, dans la pointe montagneuse au nord-ouest du pays.


NOTRE COUP DE COEUR
Où manger ?

Mona Restaurant

Nous ne sommes pas ici dans une adresse authentique, mais plutôt dans un “entre-soit” de backpackers. L’ambiance y est cependant très sympa, et la terrasse sur le toit de l’immeuble offre une jolie vue sur le port de Cát Bà. Après avoir pris place, assis en tailleur autour de petites tables, nous avons apprécié les plats que nous avons commandés. Seul petit bémol, les prix sont un peu élevés, comparés à nos habituelles petites cantines.

Hanoï – 4 jours – 10 mètres d’altitude

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Après quelques mésaventures avec nos visas vietnamiens, nous quittons l’aéroport en “Grab”, le “Uber” local. Le jeune chauffeur slalome entre les lumières des voitures, sur l’autoroute qui nous permet de rejoindre le quartier de Quang An, à proximité du centre-ville de Hanoï. C’est au milieu de cette effervescence citadine que nous attendent Élodie et Florian (le frère d’Émilie). A notre arrivée sur les rives du lac Hô Tay, nous dégustons en leur compagnie, nems et bières de retrouvailles sous la guirlande colorée d’un petit bar. Le lendemain, la journée débute par la quête du petit-déjeuner. Pour cela, nous entamons une petite marche au pied de l’appartement dans le dédale des petites rues piétonnes. Après avoir évité trois scooters de justesse et avoir eu à maintes reprises le sentiment de tourner en rond, nous finissons par jeter notre dévolu sur la terrasse d’un petit café. Les batteries rechargées, nous entamons notre découverte de la capitale Vietnamienne.

La très surprenante capitale, Hanoï, est une ville historique possédant une énergie débordante. La circulation y est dense, le bruit des klaxons est permanent et le premier contact peut parfois paraître un peu rude. Mais après quelques heures passées dans ce tumulte, on apprend à apprivoiser ses multiples facettes entre grandes avenues imposantes et jardins calmes et verdoyants.

Nous débutons notre aventure dans la capitale vietnamienne en longeant le lac Hô Thay (lac de l’ouest en Vietnamien), qui par ses 17 kilomètres de circonférence est le plus grand lac de la ville. Avec la brume, malheureusement, nous ne distinguons pas l’autre côté du plan d’eau. Mais déjà, ce décor nous plonge dans une atmosphère particulière ; derrière le brouillard, apparaît la pointe du toit d’un temple bouddhiste. En poursuivant notre chemin de quelques dizaines de mètres, surgit à la surface du lac, les flammes puis la gueule du dragon, protecteur du temple. Les esprits ne prendraient-ils pas le contrôle de notre imaginaire pour nous guider au plus près des secrets de la ville ?

Pour nous remettre de nos émotions, nous savourons à midi notre premier banh-mi. Ce sandwich, véritable institution de la street-food vietnamienne, nous le retrouverons à de nombreux coins de rue. Le succès du banh-mi réside dans le savoureux mélange de la cuisine française et vietnamienne. En effet, cette spécialité culinaire trouve son origine au temps de l’Indochine française, dont la baguette et le pâté sont deux des nombreux héritages ; la coriandre et le porc grillé offrant à cette recette les bases de ses notes asiatiques (chaque chef y apportant ses ingrédients et épices mystères). Nous l’accompagnerons, ce midi-là, d’une bière Tiger avant de s’aventurer dans le quartier historique des 36 corporations.

Partie la plus pittoresque de la ville (mais également devenue l’une des plus touristiques), l’histoire de ce vieux quartier date du 15ème siècle. A cette époque chacune des rues est alors dédiée à une corporation d’artisans. On y retrouve la rue de la soie, la rue des ferrailleurs et la rue des couturières. Aujourd’hui, le principe persiste mais les spécialités ont quelques peu évoluées ; ainsi il est possible de s’aventurer dans la rue des horlogers, celle des chaussures ou encore celle des menuisiers dont leur stock de bambou empiète sur une large partie du trottoir. Ce labyrinthe grouillant de vie, d’objets et d’odeurs, offre au quartier son ambiance unique.

Dans les rues, de nombreux vendeurs ambulants proposent fruits et légumes, qu’ils transportent dans de grand paniers plats, portés sur leur épaules ou posés sur un vélo qu’ils poussent à bout de bras. En s’inspirant de leur technique pour se fondre dans la circulation au milieu des bancs de scooters, nous poursuivons nos pérégrinations en nous frayant un chemin sur les trottoirs de la ville. Eux aussi sont grandement encombrés par des terrasses de tabourets en plastique, au milieu desquels il nous faut slalomer en file indienne. Les terrasses sont occupées, à toute heure de la journée, par les habitants qui y savourent un café ou une noodle soupe. Nous nous familiarisons tant bien que mal à cette jungle urbaine pour en découvrir ses secrets. Nos efforts furent, à de nombreuses reprises, récompensés. Ainsi par le plus pur des hasards, nous sommes tombés au détour d’une rue au milieu d’un marché de légumes et de poisson. Au croisement d’un carrefour, nous avons découvert un petit autel et ses deux bâtons d’encens qui se consument devant un vieil immeuble colonial. Ou encore, quand au bout d’une avenue, un jardin public a pointé le bout de son nez. À droite de son entrée, un coiffeur y jouait du ciseaux ; son client, contemplait sa partition, assis dans son fauteuil de fortune, face à un miroir accroché au mur du parc.

Pour débuter notre seconde journée à Hanoï, nous entrons dans un boulangerie que nous pouvons qualifier de “française à l’esprit vietnamien.” Nous craquons pour ses croissants et pains au chocolat que nous savourons, de l’autre côté de la rue, dans un petit café familiale. Pour accompagner nos viennoiseries, nous commandons un “black coffee” vietnamien, servi dans un petit support en métal où l’eau traverse le café avant de tomber dans la tasse située en dessous.

Aujourd’hui, notre visite de la ville nous mène au jardin public qui entoure le lac Hai Bà Trung. Nous sommes surpris d’y croiser un très grand nombre de vietnamiens, jeunes et moins jeunes, y pratiquant une activité physique.

Nous traversons ensuite le quartier historique et remontons ce qui s’apparente à l’avenue des “Champs-Élysées” de Hanoï pour atteindre le lac de Hoàn Kiem (lac de l’épée restituée). Son nom provient d’une légende : « une épée magique aurait été offerte à l’empereur du Vietnam pour repousser l’envahisseur chinois. La paix retrouvée, un jour où l’empereur faisait de la barque sur le lac, une tortue géante aurait surgi et remporté l’épée dans les profondeurs du lac.”

En fin d’après-midi, alors que la nuit commence à envelopper la ville dans son doux manteau bleu marine, nous avons pu apprécier le reflet des immeubles environnants dans les eaux sombres du lac. C’est alors le moment choisi par le célèbre “pont rouge”, inspiré des ponts japonais, pour scintiller. Nous avons alors traversé cet édifice coloré pour rejoindre le milieu du lac et visiter le temple Ngoc Son, situé sur la petite île.

En fin de journée, nous prenons place le long des rails, au croisement de ces dernières avec l’avenue Dien Bien Phu, pour y déguster une nouvelle bière Tiger. Devenue l’une des attractions les plus en vogue de la ville, les différentes “rues du train”, de part et d’autre de la gare de Hanoï, offrent un spectacle saisissant lorsque les trains s’aventurent au cœur de quartiers résidentiels dans d’étroits passages larges d’à peine 4-5 mètres. A 19h10, puis à 20h15, il nous faut plier notre terrasse de fortune pour nous serrer le long des murs. A son passage, la locomotive bleue et ses wagons nous frôlent. Après avoir senti le souffle des deux convois, nous entreprenons de rentrer à l’appartement par les rails. Après plusieurs centaines de mètres, les rails empruntent un pont qui surplombe la rue. Nous nous y aventurons, espérant nous rapprocher de notre point d’arrivée. Mais le pont s’avère plus long que prévu et ne présente pas de solution de protection en cas de passage d’un train. Ne pouvant quitter la voie, nous prenons la décision de rebrousser chemin. Quelques secondes après avoir retrouvé la terre ferme, un train passe sur les rails ! Sur ce coup-ci, nous sommes chanceux de ne pas avoir croisé son chemin quelques minutes plus tôt, pendant que nous fanfaronnions sur les rails.

Au petit matin, nous prenons place dans le train en partance pour Ninh Binh et la baie d’Halong terrestre. En quittant Hanoï, nous sommes cette fois dans le train qui circule au milieu des petites rues étroites, frôlant les échoppes.


NOS COUPS DE COEUR
Où boire un verre ?

RailwayStation Cafe
10 Điện Biên Phủ, Cửa Nam, Ba Đình, Hanoï

Bien que ce soit l’attraction touristique la plus célèbre de la ville, se trouver une petite place pour assister à l’arrivée du train au milieu de la rue reste une expérience à ne pas manquer à Hanoï.

Où manger ? 

Restaurant Com Thô
111k2 Ngõ 48, Tạ Quang Bửu, Bách Khoa , Hanoï

Un peu en retrait du centre-ville, une adresse sans prétention, où l’on peut déguster de bonnes petites poêlées dans de jolies plats en fonte. Le tout pour un prix très abordable.