Baignades Chiliennes

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La baignade est une histoire de famille, dès le plus jeune âge, nous apprenons à barboter dans la piscine municipale. Puis à force d’expériences, on apprivoise ce nouvel élément. La mer devient alors une source de plaisir ; les débuts de la glisse dans la mousse de Plouharnel, les virements de bord à l’entrée du port de Granville et les premiers plongeons devant les remparts de Saint-Malo.

La tradition du bain met en lumière les plus téméraires ; qui dès les premiers beaux jours de printemps, se jettent dans cette eau, rafraîchie par l’hiver précédent. La baignade est également un moment de partage entre baigneurs venus se rafraîchir ; et un moment unique où l’on peut s’isoler et apprécier l’osmose qui se crée avec cet élément naturel si puissant.

Ce voyage autour du monde offre des bains mémorables, dans des lieux incroyables. Ou tout simplement des trempettes rafraîchissantes qui, après une journée sur la route, viennent couronner les efforts réalisés.

Lac Cogoti

Après avoir quitté la Ruta 5 à hauteur de la ville de La Serena, puis parcouru plusieurs dizaines de kilomètres sur les collines au milieu des vignes, nous dressons le campement sur les rives du lac Cogoti. En cette fin d’après-midi, le soleil est encore haut dans le ciel et la température de l’air encore très élevée. Après une journée sur la route sous cette chaleur, rien de tel qu’une petite baignade. L’eau n’est pas des plus claires, mais sa température agréable nous séduit. Nous enfilons alors le maillot de bain, pour piquer une tête tous les quatre. Dans l’eau à chacun son plaisir, la planche pour savourer les rayons du soleil sur son visage, l’apnée pour se challenger, ou les longueurs pour se dégourdir les muscles.

À la sortie du bain, nous nous rinçons à l’aide de notre douche solaire, avant de commencer la cuisine au réchaud ; au menu : pâtes bien entendu ! Après une nuit sous la tente, je m’offre le plaisir d’une petite baignade matinale avant que nous reprenions la route vers Salamanca.

Lac de Cochrane

Nous venions de passer la journée sur la piste, pour parcourir les 200 kilomètres qui séparent les villages de Villa O’Higgins, au sud de la Carretera Austral, à celui de Cochrane. L’étape du jour ayant énormément sollicitée les machines, une fois arrivés sur notre emplacement de camping sauvage, c’est tout d’abord la révision mécanique des bolides qui nous occupe ; avant de pouvoir s’offrir un petit plongeon dans les eaux cristallines du lac Cochrane. Issu de la fonte du glacier Oro, l’eau du lac est d’ailleurs l’une des eaux les plus transparentes du monde.

La fraîcheur de l’eau, et le petit vent frais qui nous accompagne ce soir là, demandera un brin de motivation supplémentaire, mais il m’est impossible de résister à l’appel de la « Fée du Lac ». Celle qui par son pouvoir, t’attire comme un aimant vers les profondeurs du lac.

Pas une vaguelette à l’horizon, « l’eau est huile ». Le soleil a basculé derrière les montagnes depuis plusieurs dizaines de minutes et c’est sous un ciel bleu marine que je me présente devant le petit ponton en bois. Je m’avance solennellement vers son extrémité, le regard porté vers le milieu du lac. La neige sur le sommet des montagnes environnantes renforce leur profil acéré et donnent l’illusion qu’une féroce mâchoire protège ce lieu unique.

Avec humilité, il faut alors se baisser pour se mouiller, et s’acclimater à la fraîcheur de l’eau. Vient alors le moment de reculer de deux pas, puis de s’élancer, avant de prendre son impulsion et de savourer ce moment où le corps transperce la surface de l’eau. Les deux mouvements de brasse coulée, qui suivent l’impact, font durer le plaisir. Il est alors temps de se diriger de nouveau vers le ponton pour s’élancer une seconde fois, puis une troisième. Mais la température de l’eau ne me permet pas de savourer plus longtemps ce moment de quiétude, au milieu de cet espace privilégié. Il faut alors sortir de l’eau, se sécher énergiquement pour se réchauffer et rejoindre les copains pour le dîner. Cette parenthèse humide se referme, elle se rouvrira, dès qu’une telle occasion se représentera.

Retour sur les précédentes baignades 

Colombie :

* Playa Blanca et la mer des Caraïbes au lever du soleil (cf – article « Carthagène – 1 semaine – 2 mètres d’altitude »)
* La cascade de Misiguey, une douche au naturel (cf – article « Night-Spots en Colombie »)

Pérou :

* Cancas et sa plage de sable fin (cf – article « Rencontres péruviennes »)
* La fraîcheur de la Laguna Parón (cf – article « De Cancas à la Laguna Parón – 10 jours – 23 mètres d’altitude »)

Bolivie :

* Depuis une barque au milieu du lac Titicaca (cf – article « Expériences Boliviennes »)

Rencontres Chiliennes

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Alex l’intrépide

Sous un soleil au beau fixe et une chaleur accablante, nous empruntons la piste qui mène à San Augustin, puis plus loin, jusqu’à la maison de “hobbit” de Alexander. Au bruit des moteurs de nos Urals, il nous a entendu et nous escorte pour le dernier kilomètre au guidon de son “Ural rétro solo.” Nous franchissons un gué, dernière difficulté du parcours, avant de rejoindre son humble demeure.

Alex est né en Suisse et est installé au Chili depuis de nombreuses années. Cette maison, il l’a faite de ses mains en suivant les plans des maisons « Eco-dome » de l’architecte américano-iranien Nader Khalili. Dans le prolongement de sa maison, trois conteneurs font office d’atelier, d’entrepôt et de garage.

Il est 14h quand nous franchissons le portail de sa propriété. Nous passons alors le restant de l’après-midi et de la soirée à discuter du voyage, des side-cars Ural et de sa vie trépidante ; passant d’un conteneur à un autre puis autour d’un plateau de charcuterie au moment de l’apéro.

Ici, la vie est simple et s’organise autour du soleil et des éléments de la nature. Le réveil se fait au chant des oiseaux, l’électricité est fournie par les panneaux solaires et l’eau provient de la petite rivière qui coule à quelques mètres de là.

Ces quatre jours passés avec lui, ont été dans la lignée de son quotidien. Pas de grands discours, ni de préoccupations, mais plutôt de la spontanéité et des actes. Et c’est ainsi, en sa compagnie, que nous avons fêté le réveillon du Nouvel An avec ses voisins, fait un brin de mécanique le 1er janvier, pour se rendre le lendemain au moto-club de Valparaiso où il nous a invité. Et c’est au moment de quitter cette charmante ville portuaire que nos routes se sont quittées, lui est retourné à San Augustin, tandis que nous prenions la direction de la Patagonie.

Rémy et Morgan, les Frenchiesonwheels

Il est près de 23h30 quand nous quittons le Valparaiso moto-club pour rejoindre notre auberge au guidon de nos side-cars. Après avoir garé nos bolides dans la petite cour de la Villa Kunterbunt, alors que nous nous dirigeons sagement vers nos chambres, Rémy et Morgan, les deux rouennais de « Frenchiesonwheels » nous prennent par les sentiments, et nous proposent de partager avec eux une petite cannette de bière « Escudo ». A chacun son voyage et ses anecdotes, les vannes fusent, l’heure défile aussi vite que les ressources en bières s’amenuisent. Et c’est les paupières lourdes mais les rêves plein la tête que nous rejoignons nos couvertures.

C’est avec un grand enthousiasme que nous les retrouvons le soir suivant, après avoir crapahuté dans Valparaiso, pendant qu’ils s’attelaient à la révision de leur DR, des motos hors d’âge et au look venu d’ailleurs qui les ont propulsés de Paris à Sydney, avant de rejoindre Valparaiso, point de depart de leur conquête de l’Amérique du Sud.

C’est autour d’une excellente « parilla » préparée par le fils de Martina, notre hôte, que nous partageons tous ensemble notre dernière soirée à « Valpo » ; une nouvelle fois arrosée de bières Escudo et de vins chiliens.

Cristian et ses amis du Moto Club de Chillán

Après une grosse journée sur la monotone autoroute de la Ruta 5, nous retrouvons Cristian sur une aire de repos, à quelques kilomètres de Chillán. Il suit nos aventures via les réseaux sociaux. C’est en s’apercevant que nous passions par sa ville qu’il nous a envoyé un message et gouosé de nous rencontrer.

C’est sur la station Petrobras avant Chillán que nous avions convenu de nous retrouver ; et quelle surprise se fut quand quelques minutes après notre arrivée, nous vîmes arriver à toute « berzingue » ce petit side-car BMW jaune poussin. Cristian est accompagné de deux de ses amis du moto-club de la ville.

Les présentations faites, ils nous escortent jusqu’au centre-ville où ils nous offrent la possibilité de découvrir la spécialité culinaire locale : le « mote con huesillo ». Une boisson où  il y a « autant à boire qu’à manger », constituée de pêches, de sirop et de blé. Nous poursuivons cette rencontre en visitant la cathédrale de la ville, à l’architecture moderne et atypique puisqu’elle est en forme d’œuf. Elle n’est pas sans rappeler l’architecture de la ville de Brasilia.

Après nous avoir raccompagné jusqu’à la sortie de la ville, nos chemins se sont séparés. Nous avons repris notre route vers le Sud pendant qu’ils rentraient préparer le trek qui les attendaient le lendemain.

Adrian et la Patagonie à vélo

À notre arrivée à Chaitén, la pluie est incessante. Nous coupons les moteurs devant le petit camping de Tierra Vida, situé au milieu du village. Les propriétaires ont offert la possibilité aux voyageurs de monter le camp dans leur jardin et ont aménagé des sanitaires et une petite cuisine accolée à leur maison. Sous ces grosses gouttes, il faut alors une bonne coordination au sein de l’équipe pour assurer le montage des tentes en évitant au maximum d’humidifier les « chambres ». À l’abri et au chaud, dans la petite pièce de la cuisine, nous partageons la soirée avec les autres backpackers qui parcourent eux aussi la “Carratera Austral”. À chacun son moyen de locomotion (à pieds, en vélo, à moto) et ses anecdotes de voyage.

Adrian notamment sillonne la Patagonie à vélo depuis l’Argentine jusqu’à Puerto Montt avec sa copine. Tous deux professeur d’EPS en Argentine, ils profitent des vacances scolaires pour réaliser ce voyage. Nous échangeons avec eux de précieux conseils autour du maté puis du Pisco. Ces breuvages et cet échange nous réchauffent le corps et le cœur.

Ricardo de la Nutria

Après une journée sur la piste, c’est « lessivés » que nous atteignons le petit village de Puerto Rio Tranquilo. Petite pause, achat de trois bricoles au petit market pour le repas du soir, et il nous faut encore réaliser 20 derniers kilomètres dans la poussière pour rejoindre le camping conseillé par les motards de passage. Mais 20 kilomètres de pistes supplémentaires, après une journée comme celle-ci, cela paraît être l’enfer. Et pourtant c’est un petit coin de paradis qui nous attend là-bas. Béret et petite barbe soignée, Ricardo, nous accueille chaleureusement.

Après cette journée difficile, nous ne sommes pas au bout de nos peines, puisqu’au moment de monter la tente, une de nos sardines vient perforer le tuyau d’alimentation en eau des sanitaires, qui passait à quelques centimètres sous terre. C’est donc sur ce coup du sort que notre amitié se noue avec Ricardo, mains dans la terre à ajuster le raccord du tuyau qui occulte la fuite.

Ricardo est un passionné de deux roues, et c’est un honneur pour lui d’accueillir ces deux équipages d’aventuriers au guidon de side-cars Ural.

Parce qu’il doit partir pour Puerto Rio Tranquilo dans la soirée, il nous propose de partager le lendemain, nos expériences de voyage lors d’une « Pisco Party. »

Après une journée passée sur le Glacier des Exploradores, c’est autour du feu de cheminée et d’une bassine de pop-corn que nous nous retrouvons à la tombée de la nuit. Ricardo nous transmet alors son expérience, ses conseils et ses secrets sur la Patagonie Chilienne et Argentine. Il a parcouru près de 40 000 kilomètres, sur les pistes australes, au guidon de sa vieille motocross KLR. Nous partageons ce moment autour de bières suivi de pâtes au pesto avant de découvrir le Pisco del Carmen.

Au réveil, nous dégustons la délicieuse spécialité de la maison, le Churrasco. Un apport nutritif important avant notre sortie en kayak pour visiter la Capilla de Marmol. Ricardo, « boina » toujours vissée sur la tête, est notre guide. Il nous raconte les légendes de ce lac et la formation géologique de ce lieu unique.

Les kayaks rangés sur la plage, les affaires mises à sécher à l’avant du side-car et la dernière côte gravie pour rejoindre la Carretera Austral, et nos routes se séparent. Ricardo rejoint le camping de la Nutria et nous prenons la direction de Cochrane, toujours vers le sud…

Expériences Chiliennes

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Abricots de Salamanca

Il est de ces rencontres incongrues que seul le voyage, accompagné d’un zeste de side-cars, peut offrir. Quelques kilomètres avant la petite ville chilienne de Salamanca, nous nous arrêtons au milieu de la Réserve Nationale des Chinchillas dans l’espoir d’observer ce petit rongeur. Malheureusement, très peureux, et ayant pour habitude de se promener plutôt en fin de journée, il ne pointera pas le bout de son nez. Contrairement à un local, qui au volant de sa camionnette, nous suivait depuis déjà quelques kilomètres. Intrigué par nos bolides, il s’est arrêté à notre hauteur pour échanger quelques mots.

Pour affronter la suite de notre étape, il nous donna à chacun un abricot. Cette petite perle orange, n’avait jamais été si juteuse ! Voyant notre intérêt pour le fruit de sa récolte ; papi nous montra le contenu de sa benne. Une pyramide de fruits y était entreposé et ce n’est pas avec une poignée d’abricots que nous reprîmes la route, mais avec un sac plein…

La tradition de l’épouvantail lors du Nouvel An chilien

Nous sommes le 31 décembre et c’est sur les coups de 20 heures que se termine l’après-midi mécanique avec Alex. Nous nous lavons en vitesse entre les deux conteneurs, dans la moitié de bidon qui fait office de « douche de mécano. » Nous enfilons une chemise pour l’occasion, puis montons chez les voisins, pour partager avec eux la soirée de réveillon. À la main, nous tenons les crêpes au jambon-fromage et chocolat, cuisinées l’après-midi, en parallèle de la mécanique, sur notre réchaud de camping. Nous avions au préalable tenté la cuisson au barbecue, sans succès.

À minuit pour se souhaiter la bonne année, nous ne trinquons pas avec un verre de bulles comme il est de coutume en France ; mais l’on se prend tour à tour dans les bras et échangeons de chaleureux “abrasos”.

Puis vient le moment de brûler l’homme des malheurs. Il est en effet de tradition, au Chili comme dans de nombreux pays d’Amérique du Sud, de confectionner pour cette soirée, un épouvantail habillé avec de vieux vêtements. Peu de temps avant minuit, nous avons préalablement écrit sur un petit bout de papier, ce que nous voulions voir disparaître en 2019 ; puis l’avons glissé dans l’épouvantail. À minuit, l’homme de paille est enflammé pour laisser derrière lui tout ce qui a été négatif et ainsi démarrer la nouvelle année d’un bon pied.

Le trolleybus de Valparaiso sur l’Avenida Colon

Les différentes avenues situées entre la baie de Valparaiso et les « Cerros » perchés sur les collines sont le terrain de jeu des trolleybus. Les nombreux câbles qui permettent la propulsion des bus garnissent les carrefours d’un fin plafond. En les suivants, le voyageur peut déambuler dans la citée colorée, à la découverte des principales places de la ville (la place Victoria, la place Sotomayor, etc.). Après un copieux repas, et avant de s’attaquer à pied à la visite des quartiers perchés sur les collines ; nous faisons le choix de préserver nos forces et remontons l’Avenida Colon, assis dans ce transport public d’un autre temps. La majorité des véhicules circulant sur le réseau ont été construits entre 1946 et 1952 . Ces véhicules sont à ce jour les plus anciens trolleybus encore en service dans le monde.

Dès la montée des premières marches, nous voilà replongés soixante ans auparavant, la cabine du conducteur est chaleureuse (contrairement à de nombreux bus moderne, où ils semblent bunkerisé), les poignées en cuir sont accrochées au plafond telles des lampions et les sièges rembourrés offrent une place de premier choix. Lorsque les portes s’ouvrent, chaque voyageur tourne son regard vers les nouveaux venus avant de laisser s’échapper son esprit devant cette rue qui défile sous les roues. Nous n’aurons passé que quelques minutes dans ce trolleybus mais, déjà, la magie a opéré et c’est avec une pointe de nostalgie que nous descendons à l’arrêt Plaza Victoria…

La parilla de Santa Clara

En fin d’après-midi, après une belle journée sur la route, nous nous mettons de nouveau en quête d’un spot de camping sauvage. Passé le petit village de Santa-Clara, nous empruntons une piste sur quelques kilomètres pour atteindre la rivière Palpal. À notre arrivée sur le site, la fête bat son plein. De nombreuses familles et de jeunes fêtards sont venus profiter de la rivière pour la soirée et la nuit. Malgré cette effervescence, et ce bien que l’on soit habituellement adepte de spots de camping sauvage plus tranquilles, nous montons le campement sur les rives de cette rivière.

Après un échange de quelques mots, les voisins Tony et Gennaro nous invitent à une parilla. Ravis de la proposition, nous acceptons. Il montent alors dans le 4×4 de Tony pour aller chercher de la viande. A notre surprise, à leur retour, c’est le barbecue tout équipé qui est descendu de la benne du pick-up. Alors que nous nous attendions à rejoindre leurs amis autour d’un barbecue « public », c’est en fait uniquement pour nous que cette parilla a été ramenée par Tony et Genarro. Ils s’activent alors à préparer la plus belle braise pour que l’on garde un souvenir impérissable de leur village, Santa Clara. La viande est un délice et le tout est arrosé d’un peu de Pisco chilien, qui pour Tony, légèrement chauvin sur le sujet, est « le meilleur Pisco du monde, partagé dans le plus beau village du monde, avec la meilleur compagnie du monde. » Le lendemain, malgré ses indications précises qui nous disaient de nous rendre dans la plus grande maison du village, nous ne parvenons malheureusement pas à trouver Tony pour honorer son invitation pour le petit-déjeuner.

Chausser les crampons pour marcher sur le glacier

Notre journée sur le glacier des explorateurs débute de bon matin lorsque nous sommes récupérés par notre guide Maria-José au camping de la Nutria. Maria-José est un petit bout de femme plein d’énergie au volant d’un gros van Ford à l’ancienne. Sur la piste qui nous sépare du premier check-point, au son de Deep-Purple, elle conduit comme une « pilote », faisant glisser l’arrière de la camionnette, sur la poussière de chacun des virages. Ce trajet, elle le connaît par cœur et pourrait le faire les yeux fermés, à la manière de Michel Vaillant.

Arrivés au premier check-point, nous devons prendre une barque pour traverser un petit lac. Il s’est formé, quelques mois auparavant à la suite d’une rupture de la roche qui libéra l’eau retenue plus haut sur la montagne. Cette eau a alors enseveli la route en contrebas, obligeant les explorateurs à créer un bac de fortune pour pouvoir se rendre au point de départ de l’excursion.

Une fois notre baluchon d’équipement sur le dos, et les conseils de Maria-José enregistrés, nous prenons le départ de cette aventure. Elle débute en longeant l’une des rivières formées par la fonte du glacier, puis nous traversons un champs de rochers dont l’accumulation s’est créée avec l’avancée progressive du glacier. Puis, nous effectuons nos premiers pas sur le « champs de glace ». Les premiers kilomètres se font sur un revêtement gris qui n’est autre que le glacier recouvert d’une importante couche de poussière de roche, de sable et de petits rochers.  Cette partie est appelée « le glacier souillé » et précède « le glacier blanc ».

Après une heure de marche et une pause ravitaillement, nous chaussons nos guêtres et nos crampons. Les premiers pas sont laborieux, la sensation est la même que lorsque l’on chausse pour la première fois des chaussures à talons. Nous n’avons alors pas le choix, pour nous déplacer plus aisément et sans risque sur le glacier, nous devons réapprendre à marcher. Maria-José nous délivre donc de précieux conseils pour nous déplacer avec notre équipement. Tout d’abord sur le plat, avant de s’essayer à grimper puis à descendre sans se laisser emporter par la pente. Le secret est de ne pas hésiter à planter avec vigueur ses crampons dans la glace, quitte à en rajouter un peu. Maîtriser la marche sur les différents profils de glace est une condition sine-qua-none pour s’aventurer ensuite sur le glacier. Le champs de glace s’étend sur 4200 km2. Il est composé de petites flaques avec une eau d’un bleu ciel intense, des crevasses et des tunnels. Nous suivons la fougue de Maria-José, qui nous conduit d’un mirador à une cascade ; d’une arche à un tunnel, au pas de course, pour que nous puissions voir le maximum de ce trésor blanc. Seul bémol, il nous aura fallût sacrifier une paire de lunettes de soleil dans les eaux turquoise de l’une des crevasses pour goûter au plaisir de se glisser, pour cette journée, dans la peau d’explorateurs de glaciers.

Se faire offrir de la confiture sur le ferry

À une petite centaine de kilomètres de Villa O’Higgins, sur l’embarcadère du ferry qui traverse le Rio Bravo, il est 10h quand nous nous présentons en marche arrière devant le ferry pour l’embarquement. Le traversier a déjà englouti plusieurs voitures et camions. Et ce sont les motos qui ferment donc la marche. Nous garons les side-cars devant un camion de chantier imposant. N’ayant pas pris le temps de petit déjeuner pour attraper le premier ferry, nous sortons dès les premières minutes de traversée, les tartines de beurre et le jus d’orange. Juan, nous observe depuis la cabine de son poids-lourd. Intrigué, il descend échanger quelques mots. Quelques minutes plus tard, il nous tourne les talons puis revient avec le thermos de café et la confiture de prunes cuisinée par sa femme. Sur le pont du bateau, c’est donc un petit-déjeuner de champion qui s’offre à nous. Une expérience improbable qui met du baume au cœur des voyageurs que nous sommes.

Night Spots Chiliens

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La plage de « l’Islote Blanco »

Quelques kilomètres après Antofogasta, nous quittons la monotone Ruta 5 pour rejoindre la route de la côte avec l’objectif de planter la tente en bord de mer.

Après avoir lutté avec le vent pendant une petite heure sur la route côtière, nous montons le campement à quelques encablures de la petite ville de Taltal. Nous optons pour une petite plage, protégée du vent par quelques rochers. Les side-cars sont garés sur le sable, les matelas sont gonflés pour la nuit, le réchaud est sorti pour la cuisson des pâtes à la soupe d’asperge ! Nous savourons les derniers rayons du soleil ; avant une nuit bercée par les vagues.

Au réveil, nous avons misé sur un café, dans la petite ville de Taltal. L’adresse y est somme toute sympathique mais le croissant ne comble pas nos attentes. Sur la carte, il nous a mis l’eau à la bouche mais finalement nous a déçu par sa taille et son goût insignifiant. Nous apprendrons par la suite que ces « croissants », pour la traduction, sont en fait les « media-luna », la petite pâtisserie (un petit croissant recouvert de sucre glace) mangée à toute heure par les chiliens.

Mines à proximité de Vallenar

Passé la ville de Vallenar, nous poursuivons notre descente vers le sud sur la Ruta 5. Cette autoroute, est de part et d’autre de l’asphalte, encadrée par des clôtures. Il nous est difficile de trouver un spot de camping sauvage dans ces conditions. C’est finalement une nouvelle fois l’application IOverlander qui nous proposa un emplacement où monter les tentes. Au milieu de ce désert nous montons donc le campement sur le terrain d’une mine toujours en exploitation.

Le coucher de soleil sur les dunes de sable est incroyable. Lors de notre dîner un « zorro » (qui ressemble à un renard des sables) nous rend visite. Avec une pollution lumineuse quasi-nulle, le désert d’Atacama est réputé pour être l’endroit idéal pour observer les étoiles. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la plupart des plus grands télescopes au monde ont été installés dans cette région. Nous sommes ici à plusieurs centaines de kilomètres de ce lieu stratégique, dans un désert tout aussi dénué de pollution lumineuse qui nous offre une magnifique nuit étoilée. Nous les contemplons, accompagnés par les douces notes de la musique de Ludovico Einaudi.

Le lac de Pullinque

La région des 7 lacs aurait sans doute mérité plus d’une journée au vue de la magnifique nuit de camping sauvage passée sur les rives du lac Pullinque. Trente kilomètres avant Puerto Montt, nous quittons l’autoroute en direction de Panguipulli. Cette petite ville, dont les maisons en bois rappellent les villages alpins, symbolise notre entrée dans la région des lacs. Nous longeons les rives du lac du même nom. La route est légèrement glissante après la petite averse de l’après-midi et une fine odeur de forêt humide vient nous lécher les narines. Sur notre droite, les nuages menaçants s’éloignent et laissent place à des rayons de soleil qui se reflètent sur les eaux bleues du lac.

Arrivés sur les rives du lac suivant, nous nous mettons en quête d’un espace parfait pour planter les tentes. Là encore nous nous aventurons sur des petites routes. Au détour d’un virage nous passons à côté d’un terrain de foot qui voit s’affronter sur son gazon rugueux deux équipes locales. A notre passage, les joueurs cessent de suivre du regard le ballon, déconcentrés par le passage de nos engins. C’est encore une fois au bout d’un chemin arboré que nous trouverons notre spot. Un lac, une eau turquoise et les montagnes de la Cordillère des Andes viendront offrir un bel arrière-plan à notre campement. A notre arrivée une famille quitte la petite plage. A leur départ, ils sont fiers de nous proposer leurs braises pour notre futur feu de camp. Au programme de cette soirée, baignade dans les eaux fraîches du lac, pêche à la hache et pop-corn.

Sur les rives du Rio Negro à Hornopirén

Arrivée dans le petit village de Hornopiren en milieu d’après-midi, nous nous acquittons d’acheter notre billet pour la traversée en ferry pour rejoindre Chaiten le lendemain. Puis, nous nous mettons en quête du spot pour le soir.

Après avoir traversé la petite ville, nous empruntons le pont qui enjambe la rivière et tournons de suite à droite dans un petit chemin qui longe le cours d’eau. Avant que la rivière Noire ne se jette dans le fjord « Comau », de petites clairières entourées d’arbres offrent de jolis espaces abrités du vent et des regards pour planter la tente. Il est 17h et nous n’avons jamais monté le campement aussi tôt. Nous nous mettons alors en quête du bois pour le feu, mettons les bières au frais dans la rivière, puis tentons une petite baignade malgré sa température très fraîche. Heureusement à la sortie de l’eau, le soleil et le feu de camp nous réchauffent. Au dîner, nous cuisinons sur le réchaud notre plat favori, les raviolis aux épinards. Cette première nuit de camping sauvage en Patagonie fût, certes fraîche, mais très paisible.

Le lac de Cochrane

Après une journée sur la Carretera Austral pour remonter de Villa O’Higgins vers Cochrane, nous terminons la journée sur une petite piste de 16 kilomètres pour rejoindre le lac de Cochrane ; ça monte, puis descend sévèrement avec de beaux lacets. L’idée d’une remontée difficile le lendemain est estompée par la vue magnifique qui s’offre à nous.

À quelques centaines de mètres du lac, nous tombons nez-à-nez avec un beau taureau dont nous évaluons le poids à près d’une tonne. Pris de peur par le bruit des moteurs, il semble terrifié et une petite bave s’échappe de sa bouche. Nous coupons les moteurs et patientons, le temps qu’il s’habitue à notre présence. Après une dizaine de minutes passée derrière un buisson, le taureau finit par contourner les side-cars et s’éloigner. Ni une ni deux nous enfourchons les bolides et passons le virage qui nous permet de rejoindre la plage.

Paysages somptueux, plongeon du ponton dans une eau cristalline à la nuit tombée, après la traditionnelle mécanique qui suit une journée sur la piste. Dîner au réchaud avec au menu un riz au curry-chorizo qui change des traditionnelles pâtes habituelles.

Petite pluie fine au réveil qui nous oblige à plier nos tentes encore humides. Mais nous savourons, en échange de ce désagrément, un magnifique arc-en-ciel sur le lac.

La Patagonie Chilienne par la Carretera Austral – 10 jours – 147 mètres d’altitude

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Le 10 janvier 2019, nous faisons nos premiers kilomètres sur la Carretera 7 aussi appelée Carretera Austral. Et déjà, on en prend plein les mirettes : traversée en bac entre la Caleta La Arena et la Caleta Puelche, route qui longe le Seno Reloncavi (plus communément connue sous le nom du Golf de Puerto Montt), et en arrière-plan les premiers sommets montagneux.

La route connaît actuellement quelques portions de travaux et nous oblige à emprunter nos premiers kilomètres de piste pour rejoindre le petit village d’Hornopiren. Ce village de pêcheurs, où les maisons sont de jolis chalets en bois, est également le départ des ferries pour rejoindre Chaitén. En effet la route s’arrête ici et c’est donc par bateau que nous rejoignons plus au sud, la suite de la Carretera 7.

Arrivés dans le village, nous réservons nos billets à l’embarcadère, pour la traversée du lendemain matin. Billets en poche, nous empruntons le petit pont qui enjambe la rivière et suivons le chemin qui la longe jusqu’à une petite clairière où nous dressons le campement pour la nuit.

Le lendemain, une fois les tentes pliées, nous prenons place dans la file d’attente qui précède la montée sur le ferry. Une fois à bord, il nous faut patienter, le départ du bateau étant retardé de près d’une heure trente.

Lors de la traversée, la météo est pluvieuse, mais cela n’enlève rien à la beauté des paysages. Le ferry navigue au milieu du fjord avant d’accoster sur un petit bras de terre d’une dizaine de kilomètres. Nous les parcourons sous la pluie avant de grimper sur un nouveau traversier pour rejoindre la suite de la Carretera Austral. Après 50 kilomètres de piste, appelé ici “ripio”, parcourues sous une pluie battante, nous arrivons à un nouveau petit village de pêcheurs, Chaitén. Nous dressons le campement sous la pluie ; avant de partager la soirée, dans la petite cuisine du camping avec six autres backpackers qui parcourent la Patagonie à pied ou à vélo.

Les journées sur la Carretera 7 se poursuivent. Les paysages magnifiques s’enchaînent, sommets enneigés, rivières avec de joli ponts, lacs. Nous longeons pendants de nombreux kilomètres le Rio Trio puis le Rio Palena. Arrivés à Puyuhuapi, nous montons les tentes dans le camping situé les pieds dans le fjord. Nous nous autorisons un petit apéro sur le ponton, avant de dîner avec quatre baroudeurs chiliens qui descendent vers Ushuaïa en stop.

Alors que nous nous rendons au Parc National de Quelat, sur le bord de la route est arrêté une voiture. Dans le fjord, à quelques mètres de nous, deux dauphins chassent le poisson. Arrivés à l’entrée du parc, nous enfilons nos chaussures de randonnée pour la petite marche de 6 kilomètres qui nous attend. Après un pont de singe puis une jolie grimpette jusqu’au mirador, le Glacier Quelat se révèle à nous. Suspendu à la falaise, sa fonte forme une cascade impressionnante qui se jette dans la rivière traversée précédemment.

Pour rejoindre Puerto Rio Tranquilo, la portion de la « Carretera » est faite de trous et de tole ondulée, les motos et les pilotes souffrent. Nous passons la nuit au camping La Nutria. Nous y sommes accueillis de la plus belle des manières par Ricardo et sa famille. Le village de Puerto Rio Tranquilo est un lieu de villégiature privilégié pour partir ensuite à l’aventure, sur le glacier des explorateurs, ou se rendre en kayak à la cathédrale de Marbre. La location de ces embarcations est d’ailleurs à quelques kilomètres du village. Pour s’y rendre, la piste offre une vue incroyable sur le lac du General Carrera, avant de laisser place à la descente d’une pente vertigineuse jusqu’à la plage. Sur l’eau, le spectacle est saisissant, tant par les formes créées par l’érosion de la roche que par les teintes de couleurs du marbre, allant du bleu au gris en passant par le vert.

Sur les conseils de Ricardo, nous quittons la Carretera Austral à hauteur du petit village de El Manzano, pour traverser le « Rio Baker » sur un joli pont en bois.

Nous retrouvons le cours d’eau quelques kilomètres avant Cochrane. Nous le traversons cette fois à l’aide d’un vieux bac tiré par un câble. Après une nouvelle nuit de camping sauvage sur les hauteurs de cette petite ville isolée, nous buvons notre premier maté au petit-déjeuner. La veille, nous nous étions procuré au supermarché, la paille spécifique « bombilla » à la dégustation de cette boisson traditionnelle. Nous appliquons à la lettre les conseils délivrés précédemment par le gérant d’un camping, qui nous a dévoilé ses deux secrets : le choix de l’herbe, qui ne doit pas être hachée trop finement et la température de l’eau qui doit être chaude mais pas bouillante. Il ne faut pas non plus mélanger l’herbe avec sa paille et si possible, privilégier un récipient en argile (mais pour nous le mug en aluminium de voyage fera l’affaire).

Vent et poussière sont toujours au rendez-vous sur la piste qui mène à Tortel. Lors des 10 derniers kilomètres, Émilie constate une fissure sur l’aile du panier de notre side-car. Même remarque sur celui de Marie et Julien. Nous arrivons péniblement  jusqu’au village et nous mettons en quête d’un soudeur pour réparer les dégâts. Un papi d’une supérette de la place principale du village, intrigué par les side-cars, nous met en contact avec Fabian, un mécano qui possède un vieux poste à souder. Faisant du mieux qu’il peut, il réalise des points sur les fissures, une réparation de fortune, qui, nous l’espérons, nous laissera un peu de répit jusqu’à ce que l’on trouve un meilleur poste à souder. Une fois les gardes-boue remontés, nous partons à la découverte du charmant petit village de Tortel. Les rues habituellement en terre battue dans la région, sont ici remplacées par des passerelles en bois sur pilotis. Tous les véhicules sont donc priés de se garer à l’entrée du village. Le camion de pompiers est remplacé par un petit bateau, et toute la vie du village est organisée autour de ces passerelles. Il est 20h30 quand le soleil se couche sur le fjord, après une dernière petite bière dans la brasserie artisanale du village, nous rejoignons nos tentes, plantées ce soir sur un petit ponton au cœur du village.

Nous quittons Tortel de  bon matin pour attraper le bac qui traverse le fleuve Rio Bravo en direction de Villa O’Higgins. Les réparations de la veille ayant lâchées dès les premiers kilomètres ; à la descente du ferry nous démontons les ailes des side-cars et les accrochons sur le coffre du panier, pour éviter que cela s’aggrave. En début d’après-midi nous parvenons à l’embarcadère de Bahia Bombadorez, qui symbolise la fin de la Carretera Austral. En guise de récompense face à cet exploit, nous dégustons de petites empanadas au saumon et au fromage.

Après avoir repris la piste en sens inverse jusqu’à Cochrane, nous passons notre dernière nuit sur la Carretera Austral. Au matin, nous prenons la direction de l’Argentine, nous traversons le parc Patagonie. Un joli relief qui rappel le paysage décrit par Tolkien dans le seigneur des anneaux. Sur les plateaux, des vicunas s’hydratent le long des petits cours d’eau. Au loin, le petit poste frontière des “Carabineros” chiliens nous annonce la fin de notre aventure sur la côte Pacifique…


NOS COUPS DE COEUR
Où dormir ?

Camping La Nutria
Valle exploradores, km 20, Puerto Rio Tranquilo

Certes après le village de Puerto Rio Tranquillo, il vous faudra faire encore 20 kilomètres de plus sur la piste ; mais l’adresse en vaut la chandelle. Nous y sommes reçus avec beaucoup d’affection par Ricardo et sa famille. Le camping possède un joli espace de verdure ombragé, des salles de bain privatives, et met une pièce commune ouverte avec table et cheminée, à la disposition des voyageurs. Au réveil, ne pas manquer le café-churasco du petit-déjeuner, avant de se lancer dans les activités sportives proposées dans les alentours (kayak, exploration des glaciers).

Camping Los Pioneros
50 Camino Cementerio, Villa O’Higgins

Petit camping sans prétention au milieu des arbres, tout au bout de la Carretera Austral. Pour se réchauffer après une journée sur la piste, rien de tel qu’un maté dans la salle commune du chalet, devant le petit poêle à bois.

Où boire un verre ?

Cerveceria El Mirador
Tortel

Une ambiance chaleureuse, une vue magnifique sur la baie de Tortel, et une très bonne bière maison servie par un staff de passionnés. La brasserie artisanale du Mirador à tous les atouts pour vous séduire.

De San Pedro de Atacama à Puerto Montt – 22 jours – 2408 mètres d’altitude

English version available here.


Nous entrons au Chili par le nord du pays. Passé le Volcan Licancabur, qui marque symboliquement la frontière avec la Bolivie, nous effectuons nos premiers kilomètres au coucher du soleil. Autour de nous, montagnes, lacs et désert de sel. Le vent souffle d’ores-et-déjà ; et avec les températures fraiches à la nuit tombée, il nous tarde de nous glisser sous nos duvets pour nous réchauffer.

Nous passons la nuit dans un petit camping sur les rives de la rivière Loa. Pour notre première journée chilienne, nous rejoignons le village de San Pedro de Atacama, au milieu du désert du même nom.

Ce désert est réputé pour être le plus aride du monde. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a pas été clément avec nous. Pendant notre séjour, nous avons dû faire face à de fortes rafales de vent ; faisant virevolter le sable dans les tentes et les moindres recoins de nos affaires. Une chaleur étouffante nous a également joué des tours, et il n’a pas été simple de s’acclimater aux 45°C ressentis lorsque nous partions à la découverte de la région.

Au guidon de nos side-cars, nous rendons visite à la vallée de la lune. Située à l’une des extrémités du désert, elle forme un long canyon entre des falaises. Sous l’une d’elle, nous avons exploré une caverne dont les cristaux de sel ornent les parois. Le sel du salar d’Atacama provient du sol volcanique de la région environnante. Quelques kilomètres plus loin, nous avons pris notre courage à deux mains pour gravir, sous un soleil de plomb, la plus haute dune du désert.

Avant de rentrer au campement, nous explorons le site archéologique de Pukara de Quitor. Après avoir contemplé la vue sur le désert, seul véritable intérêt de ce site à nos yeux, nous rentrons nous rafraîchir à l’ombre du village. San Pedro de Atacama, c’est de jolies petites rues en terre battue, entourées des murs de petites maisons fait de torchis. Il y règne une ambiance particulière, entre tourisme et spiritualité, qui ne peut laisser indifférent le voyageur.

Après une vidange, nous démontons notre campement et prenons la direction de la côte Pacifique. Nous arrivons quelques centaines de kilomètres plus loin dans la ville portuaire de Antofagasta. Avec son atmosphère californienne, cette ville est tournée vers l’océan. Son port, au cœur du centre-ville, est son poumon économique ; dans lequel patiente de nombreuses caisses colorées. Ce sera pour nous l’escale de Noël. Des festivités que nous passerons les cheveux au vent, à savourer la fraîcheur de l’air marin après la chaleur du désert.

Pour le plaisir de nos papilles, nous cuisinons quelques recettes autour de l’ingrédient qui nous a la plus manqué : le fromage ! Nous avons pu en dégoter différentes sortes dans le gros centre commercial du coin. Et oui, le Chili, considéré par ses voisins Sud-Américains, comme les « Etats-Unis d’Amérique du Sud », nous offre l’opportunité de trouver de nombreux produits importés. Fromages, baguettes ; de quoi se cuisiner de bons petits plats pour les fêtes et assouvir un peu le manque de certains mets français…

Une fois rassasiés, nous enfourchons de nouveau nos bolides en direction du sud. La Ruta 5 transperce le désert de ses lignes droites quelque peu monotones. Au milieu des dunes et des rochers, apparait La Mano del Desierto, une sculpture réalisée avec précision dans la roche par le Chilien Mario Irarrázabal en 1992. Du haut de ses 11 mètres de haut, elle nous offre un peu d’ombre et une belle protection au vent pour notre pique-nique. Mais nous aurions besoin surtout d’un coup de « son » pouce, pour quitter au plus vite cette étendue de sable.

Nous quittons la Ruta 5 pour longer le Pacifique. Nous  retrouvons la fraicheur de l’air marin à hauteur du petit village de Paposo. Avec le vent, toujours aussi présent, une mousse blanche se forme sur l’océan. La côte, elle, est déserte et mis à part trois quatre maisons, faites de bric et de broc, vendant quelques babioles ; nous ne croisons pas une âme qui vive avant notre arrivée dans la petite ville côtière de Taltal.

En poursuivant notre descente vers le sud nous atteignons « Bahia Inglesa », une jolie plage de sable blanc dans une baie aux eaux claires. Après une nuit au milieu d’une oliveraie artisanale, nous poursuivons notre descente par la côte. La piste succède alors à l’asphalte. La zone est de nouveau désertique, le littoral est rocheux et totalement dénué de toute urbanisation. Seul le petit village de pêcheurs de Carrizal Bajo affronte les conditions difficiles de cet environnement.

Après plusieurs heures de route, nous arrivons dans la vallée des « oliviers centenaires » qui après avoir longée la rivière Huasco, débouche sur le port du même nom. Nous nous promenons sur sa digue, impressionnés par l’entraînement forcené de deux jeunes kayakistes, puis intrigué par deux masses marrons, flottant sous l’une des passerelles du port. Ce sont deux lions de mer qui se laissent bercer aux rythme des vagues.

C’est à Huasco que nous quittons le littoral pour rendre visite à Alexander, le seul importateur de side-cars Ural en Amérique du Sud. Le désert et la côte laissent alors la place à de jolis petits monts vallonnés sur lesquels sont cultivés olives et raisins. Après quelques courbes et une nuit sur les rives du lac Cogoti, nous atteignons Salamanca. C’est à quelques kilomètres de là, après avoir suivi une dernière piste et franchi un petit gué, que nous atteignons la demeure de notre hôte. Nous y passons trois jours entre mécanique et soirée de nouvel an. A la fois le nez sous les sides-cars, les mains dans le cambouis et finalement à danser au son de la guitare de Paco de Lucia. Au terme de ces trois jours, c’est en compagnie d’Alex que nous prenons la direction de Valparaiso.

Avec lui pas d’autoroutes, il connaît la région comme sa poche. Et c’est par des chemins de traverse, en passant sous de vieux tunnels construits par des architectes français, puis en longeant la côte, que nous rejoignons la deuxième ville du pays.

Nous entrons dans la ville par l’Avenida Argentina, avant de suivre le front de mer jusqu’à la pointe de Carvallo et de grimper la colline du Cerro de la Playa Ancha sur laquelle est perchée la Villa Kunterbundt, l’auberge où nous séjournons. À l’heure de l’apéro, nous enfourchons de nouveau nos side-cars et suivons Alex jusqu’au moto-club de Valparaiso, où nous sommes invités à passer la soirée. Il s’agit du plus vieux moto club au monde !

Le lendemain nous partons à pied à la découverte de la ville. Nous passons par la Plaza Sotomayor et la Plaza Victoria avant de se rendre à l’autre bout de l’Avenida de la Independancia pour coupler le tourisme à un enjeu mécanique. L’objectif est de trouver une nouvelle batterie pour le side-car de Marie et Julien, avec l’espoir de résoudre les ennuis de démarrage. Pièce que nous trouverons, avec l’aide d’Alex, derrière le marché couvert dans la « rue de la mécanique ». Nous l’avons renommé ainsi car, comme souvent depuis notre arrivée en Amérique du Sud, les échoppes spécialisées en mécanique sont concentrées dans une seule rue. C’est donc avec une batterie neuve dans le sac que nous ouvrons la porte du restaurant au O’Higgins, une table typique de Valparaiso où nous partageons une planche de viande grillée à la parilla (barbecue sud-americain) pour le déjeuner.

Une fois rassasiés, nous prenons le trolleybus pour remonter l’avenue de l’indépendance. Puis grimpons à pied sur les hauteurs de la ville ; l’ascenseur ciblé étant hors d’usage. Les petites rues escarpées sont très colorées. Nous atteignons le quartier du Cerro Florida où nous visitons la maison de l’écrivain et poète Pablo Neruda. Sa maison, à l’architecture atypique, est tournée vers le port et son animation ; source de son inspiration. Nous rejoignons l’auberge par les collines. Se succèdent alors des escaliers qui descendent et des marches qui remontent. A notre arrivée, la parilla est allumée. La soirée se déroulera autour du barbecue, entre bières et viande grillée.

Laissant « Valpo » derrière nous, nous longeons la côte pacifique par de belles petites routes. À hauteur de la ville de Rapel, c’est malheureusement un bien triste spectacle qui s’offre à nous. Un incendie se propage sur les hauteurs des monts environnants ; les hélicoptères enchaînent les aller-retours entre la montagne et le rio.

Les virages s’enchaînent sur cette petite route côtière, jusqu’au spot de surfeurs de Pichilemu. Mais c’est finalement près des salines de Cahuil, quelques kilomètres plus loin, que nous passons la nuit. En poursuivant notre route vers le sud nous rencontrons les motards de Chillán qui nous font découvrir la spécialité culinaire locale avant de faire une nouvelle étape à Santa Clara ; où c’est cette fois Tonio, qui nous invite à une parilla. Le lendemain nous montons une dernière fois la tente dans la région des 7 lacs sur les rives du lac Pullingue, avant d’atteindre Puerto Montt.

La ville marque la porte d’entrée de la Patagonie Chilienne. Elle sera notre base opérationnelle pour préparer notre conquête des terres australes. Nous effectuons donc une pause de plusieurs jours afin de faire une révision mécanique des side-cars, en vue de la future descente de la Carretera Australe ; réputée pour mettre à l’épreuve les véhicules qui l’empruntent. C’est après avoir remplacé le bras oscillant du panier du side-car de Julien et Marie, et effectué la vidange des deux bolides ; que s’ouvrent devant nous les portes de la Patagonie…


NOS COUPS DE COEUR
Où manger ?

Restaurant O’Higgins
Victoria 2788, Valparaíso

Une adresse traditionnelle où l’on prend place dans de jolis petit box en bois pour savourer les spécialités locales. Le tout placé sous la surveillance du Colonel O’Higgins, considéré comme l’un des pères de la patrie chilienne, figure fondamentale de l’indépendance du Chili.

Cafeteria La Fama
Bernardo O’Higgins 324, Panguipulli

Une belle petite adresse pour le petit-déjeuner. On y déguste un excellent expresso et une belle part de tarte de « panqueque », la crêpe locale. À l’image du reste du village, l’architecture tout en bois de cette adresse lui donne des allures d’échoppes de village de montagne.

Où dormir ? 

Villa Kunterbundt
Vista Hermosa 394, Valparaíso

Perchée sur les hauteurs de la colline du Cerro Playa Ancha, au dessus du port, l’auberge tenue par Martina et son mari accueille les explorateurs à moto de tous les horizons. La maison est un « joyeux bazar » où il fait bon séjourner. Les espaces communs sont agréables et favorisent les échanges. On y partage avec les autres motards les conseils d’itinéraire ; à chacun son expérience, entre ceux qui descendent vers le sud et ceux qui se projettent vers le nord.
Martina assure également l’importation des deux roues au Chili et aide les motards dans les démarches administratives.