English version available here.
Forte de 3 989 kilomètres de côtes à l’Est et de célèbres lacs andins à l’Ouest ; l’Argentine est un pays que l’on pourrait qualifier d’aquatique. Et pourtant, pendant les 34 jours de notre traversée du pays, les plongeons et autres trempettes rafraichissantes ne furent pas des plus mémorables. Il y a bien eu la baignade sur la plage de Rada Tilly par exemple, où nous souhaitions profiter des dernières lueurs du soleil. Mais nous n’étions pas les seuls à avoir cette idée ; et avons dû partager ce moment avec les nombreux argentins en vacances venus profiter du sable de cette station balnéaire. Dans les eaux des Rio Parana Guazu et Gualeyan bien que rafraîchissantes en ces fins de journée, à chaque fois un élément venait perturber nos mouvements de brasse. À Zárate, il a fallu se frayer un chemin entre les branches entraînées par le courant. À Galeguaychu, c’est dans une zone de baignade restreinte que nous avons dû faire des ronds dans l’eau.
Mais notre traversée de l’Argentine du Nord au Sud, nous a tout de même offert deux belles baignades savoureuses.
Puerto Pirámides
Après une journée passée à sillonner les pistes de la Péninsule Valdez, dans la peau d’un « ranger », l’œil acéré pour observer la faune et la flore de ce microcosme de 3 600 km² ; nous avons fait étape dans le village de Puerto Pirámides.
Nous avons débuté notre escale par la visite de la caserne des pompiers, non pas que nous souhaitions nous assurer qu’en cas de problème pendant notre bain, notre prise en charge serait optimale, mais pour réaliser le remplissage de nos bidons en eau potable. Une anecdote, je vous le conçois, loin de nos préoccupations de baignade, mais qui reste un moment sympathique que je me devais de vous partager.
Nous arrivons sur la grande plage du village en fin d’après-midi. Elle se situe dans une baie, entourée par des falaises blanches hautes d’une centaine de mètres. À cette heure tardive la mer s’est retirée à une petite centaine de mètres, laissant libre choix aux touristes, d’étendre leur serviette sur le sable sec ou sur celui encore légèrement humide. Une fois installés, et le maillot de bain enfilé, il ne reste plus qu’à s’aventurer dans les eaux claires de la petite baie. A marée basse, le fond ne descend pas rapidement et il faut marcher sur quelques dizaines de mètres pour avoir de l’eau à la ceinture. Mais qu’importe, après une journée à rouler dans la poussière, c’est un vrai plaisir que de se débarbouiller dans l’océan Atlantique ; d’y faire la planche, les yeux fermés et le visage léché par les derniers rayons du soleil ; puis après avoir pris un peu d’eau dans les narines, se redresser et entamer quelques enchaînements de crawl.
De retour sur le sable nous entamons l’escalade de la falaise. La roche s’avance dans l’océan et à son extrémité, des jeunes ont étendu leur serviette et s’adonnent à de périlleux plongeons.
Il est alors temps pour nous de quitter la plage et la péninsule pour se diriger vers le Nord et la capitale du pays.
Tigré
Il n’est pas si facile de trouver un coin d’ombre sur l’asphalte de la métropole de Buenos Aires et à notre arrivée à Tigré, le thermomètre affiche 35°C. Ce fût donc avec un grand plaisir que l’on accueillit la proposition de Ricardo, de se rafraîchir dans le lac artificiel au bout de son jardin.
Ni une ni deux, nous troquons les tenues de moto contre les maillots de bain et plongeons depuis le ponton en bois dans les eaux tièdes de la lagune. Après quelques brasses, Ricardo met à l’eau son canoë et son kayak pour partir à la découverte du plan d’eau. Tels trois indiens, dans un beau canoë en bois, nous longeons les belles propriétés à l’architecture souvent avant-gardiste.
En ce week-end ensoleillé, des enfants jouent sur les pontons et des jeunes argentins profitent de ce bel après-midi pour chiller, au son de la musique électro. Nous sommes rapidement rattrapés par Julien et Marcos qui forment à eux deux, un bel équipage sur le dériveur de la famille. Bien que Marcos soit à cette période, en révision pour préparer le concours d’entrée dans une école d’ingénieur, il s’accorde une petite pause pour tirer quelques bords avec nous.
La voile est une tradition dans cette famille argentine, membre du club local depuis déjà plusieurs générations.
Au milieu du lac nous échangeons d’embarcation avec Julien ; je regoûte ainsi aux joies de la voile. Les premiers bords sont tirés avec Marcos, avant qu’il ne me demande de le débarquer sur le ponton. Il retourne à ses révisions, me laissant seul à la barre. Il me faut alors apprivoiser la gîte du dériveur et apprécier son comportement sur chacun des différents bords tirés. Au début, peu rassuré ; la confiance revient rapidement après avoir enchaîné quelques manœuvres. C’est donc fier comme un coq que je me rapproche du canoë de Marie, Emilie et Julien ! Oui mais voilà, à vouloir faire le malin, le bateau a fini par prendre de la vitesse et au moment d’empanner… C’est le dessalage ; me voici à l’eau, le dériveur couché sur le flanc à quelques mètres de là.
Après quelques mouvements de crawl, il me faut remonter sur le safran du bateau pour le redresser ; avant de repartir pour enchaîner les virements de bords, avec une vigilance accrue.
En cette fin d’après-midi, le soleil vient se refléter dans les eaux du lac, éblouissant quelque peu le petit skipper que je suis. Je poursuis la découverte du plan d’eau en réalisant des traversées entre ses différentes rives. Le ponton de la famille, lui, est situé dans un étroit bras du lac, orienté, à ce moment là, face au vent. Il me faut alors enchaîner les virements de bords pour remonter au vent et ramener le dériveur à la cale ; où, avec l’aide de Ricardo, nous le sortons de l’eau.
Cette session aquatique se terminera par une dernière série de plongeons dans le lac depuis le ponton. Il est alors l’heure de se sécher, pour se lancer dans la préparation de la parilla pour les grillades du soir.